Mauvaise nuit

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Ses yeux emplis de larmes s'ouvrirent sur l'obscurité de la chambre. Sa respiration haletante était désordonnée, son esprit encore empoisonné des souvenirs cauchemardesques qui venaient d'envahir ses rêves.

La pièce était calme. La circulation extérieure ainsi qu'une conversation étouffée derrière un mur constituaient les seuls éléments perturbateurs du silence. Le jeune homme se redressa péniblement, il tremblait. Son cœur battait sauvagement entre ses côtes, comme s'il cherchait à s'arracher à sa poitrine pour fuir l'effroi qui le paralysait à moitié. Les larmes inconscientes avaient mouillé son visage déjà en sueur. Son t-shirt collait à sa peau, ses draps aussi étaient humides tant le stress l'avait poussé à transpirer.

En déglutissant, sa gorge se révéla désagréablement nouée. Il entrouvrit les lèvres pour inspirer lentement. Pour tenter de se maîtriser au mieux. Les larmes continuaient d'affluer, ses membres de s'agiter, sa poitrine de se déchirer de l'intérieur. Il entendait encore les insultes de sa mère, le toucher de cet homme, les coups des autres. Et les brûlures.

Son souffle trembla violemment lorsqu'il expira, un sanglot brisa sa retenue. Alors ses épaules s'affaissèrent, il referma les paupières sur ses larmes abondantes et se recroquevilla en haut de son lit. Contre l'angle du mur, là où il pouvait se faire le plus petit et le plus discret. Le plus invisible.

Réflexe instinctif.

Comme dans son enfance, lorsque les adultes qui le terrifiaient le laissaient enfin seul après s'être défoulés. Après lui avoir fait subir leurs paroles malsaines, leurs humiliations cruelles, leur colère abusive. Après avoir utilisé sa peau pour éteindre leurs cigarettes en riant de sa souffrance.

Il se pressa au mur, renifla entre ses bras. Il ne parvenait pas à chasser ces images de son esprit ni à étouffer les voix sadiques qui résonnaient dans ses souvenirs. Un nouveau sanglot l'agita. Il ne pouvait pas reprendre contrôle de lui-même. L'enfant souffrait trop pour que l'adulte reprenne le dessus. Les cauchemars n'avaient pas été présents depuis quelques temps mais cette nuit, ils étaient revenus en puissance.

Le jeune homme resta longtemps immobile, le corps contre le mur. Son souffle s'apaisait un peu mais la terreur demeurait ancrée dans sa poitrine. Il savait que personne ne viendrait lui faire de mal maintenant mais n'osait pas bouger ni faire de bruit. Il avait tout de même peur d'attirer un danger, une menace, n'importe quoi. Seulement peur de se faire remarquer et punir. Mais personne n'allait entrer dans sa chambre, il le savait pertinemment. Personne ne comptait venir lui faire du mal. Pourtant, la peur restait accrochée et le poussait à craindre sans fondement.

Il demeura silencieux et pétrifié plus d'une heure. Une heure passée à écouter chaque son, à analyser chaque bruit sans source claire en scrutant le moindre recoin de la petite chambre plongée dans l'ombre.

L'arrivée de l'aube, qui perça au travers de la vitre, fut comme un lever de rideau sur d'affreuses ténèbres. La lumière qui éclaira la chambre sembla la vider de sa négativité comme par magie. La tension retomba, la pression s'évanouit. La conscience refit surface.

Keisuke relâcha lentement sa posture défensive et observa le calme de la pièce, qui n'avait pas bougé depuis la veille. Rien ne s'était passé. Absolument rien. Il avala sa salive, sa gorge se détendit. Il expira lourdement en laissant retomber sa tête. Ses doigts passèrent nerveusement dans ses cheveux alors que ses dents se serraient avec rage.

Putain.

Putain.

Atypical Romance | Baji x KazutoraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant