Wiri Wiri, Jaari Ndaari (TOME 1) (TERMINÉE)

Chap8: Début d'une autre vie (suite)

Les jours passent et se ressemblent. J'habite toujours avec Gnima et Ndew. Déthié, je le vois rarement parce qu'il ne vient pas voir Gnima tous les jours, ni toutes les semaines. Par contre, comme toujours, quand il vient, c'est pour coucher avec Gnima.

Mamadou, on se voit tous les jours. Il vient me voir à la maison. J'ai essayé par tous les moyens d'avorter mais c'est compliqué. Les personnes qui peuvent nous le faire, nous demande des sommes exorbitantes que nous n'avons pas. L'IVG est interdit au Sénégal. De fait, les gens qui le font clandestinement, abusent sur le prix. Ils nous demandent entre 650.000 fcfa et 800.000fcfa (1000 et 1200 euros). Nous n'avons même pas 50.000fcfa (75 euros). En plus, il ne me reste que 10.000 (15 euros) des 20.000fcfa (40 euros) que m'avait donné Ta Sokhna.

Tata Awa a essayé de me joindre. Nous avons bien discuté de tout ce qui s'est passé. Elle m'a demandé de venir rester chez elle. J'ai décliné gentiment. Je ne veux pas qu'elle ait des contentieux avec papa. En plus, comme avec maman, elles voulaient que je me marie avec Omar. Je ne veux être la cause de problèmes entre Omar et sa femme Sophie. Après notre discussion, elle m'a envoyé la somme de 100.000fcfa (150 euros). Je l'ai rappelé pour la remercier. Ce qu'elle n'a pas aimé parce que d'après elle, elle est comme ma mère. C'est son devoir de m'aider et elle m'a aussi demandé de l'appeler dès j'ai besoin d'elle. Je le lui ai promis.

Les filles Magatte et Naba, on s'est parlé par message. Elles ont pris de mes nouvelles et m'ont promis de venir me voir à Grand Yoff.

Assane, Souleymane et Papa, je n'ai plus de leurs nouvelles. Tous les jours, je prends mon téléphone pour appeler Assane mais je change d'avis à chaque fois par peur d'être jugée ou humiliée. Tout le monde me manque, ma mère encore plus. Parfois, je l'appelle sur son numéro espérant qu'elle décroche. Ce qui est complètement con mais je le fais tout de même. Je me remets à regarder nos photos et nos vidéos, à réécouter nos audios sur whatsapp. Défois, je souris, j'éclate de rire et à la fin, j'éclate en sanglot. Je ne suis toujours pas retournée au cimetière. Je n'ai pas encore le courage d'aller sur sa tombe. Un jour peut-être, je le ferai.

Je ne suis pas bien. Je suis en pleine dépression. Je grossis de jour en jour. Quand j'ai su que je ne pouvais pas faire une intervention pour l'avortement, j'ai tout tenté. J'ai marché et j'ai couru des kilomètres, j'ai attaché mon ventre avec un foulard pendant des heures, j'ai pris beaucoup de médicaments. Mais rien n'y fait. Mon ventre grossit de jour en jour. Je pense que je ne pourrai rien faire pour tuer cet enfant. Il refuse de mourir.

C'est pour cela, un jour avec Mamadou, nous avons décidé d'aller au SAMU à liberté 6 pour que je puisse commencer mes visites médicales.

Au fur et à mesure des mois, les visites se passent bien. J'ai gardé l'argent que m'a offert Ta Awa pour participer sur le loyer et la nourriture avec Ndew et Gnima.

J'ai rencontré Magatte et Naba, à la brioche dorée de Grand Yoff. Elles étaient très belles et très bien habillées comparé à moi avec mon gros ventre et ma robe qui est déchirée. Je n'ai que cette robe à porter pendant la grossesse. Tous les autres habits sont serrés. Et je n'ai pas les moyens pour me payer une autre robe. Le soir, je la lave pour que ça soit sèche le matin et je la reporte. J'économise les sous que j'ai actuellement. Mamadou ne m'aide pas beaucoup. Il n'a même pas beaucoup d'argent. Il est entré de faire une épargne pour les frais de l'accouchement.

Quand j'ai vu les filles, elles me regardaient avec pitié mais je ne voulais pas trop m'attarder sur ça. Nous avons bien discuté comme au bon vieux temps. Naba est désormais en couple. Elle m'a promis de me présenter son gars un de ces quatre. Elle a même trouvé du travail. Je suis trop fière d'elle. Magatte, elle travaille toujours dans le centre d'appel.