Chapitre 4 | Le carnet - Part II

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À pas de velours, nous commençâmes par inspecter le grenier, c’était bien le dernier endroit dans la maison que je côtoyais, j’ai horreur des araignées et de leurs toiles qui s’accrochent partout. Heureusement que Lana était bien plus courageuse que moi, elle y entra la première et trouva l’endroit étrangement bien rangé, elle m’assura qu’il n’y avait aucune mini créature à plus de quatre pattes. Lorsque je rentrai dans la large pièce, je fus également surpris par la propreté de l’endroit ; pourtant je n’avais pas vu mon grand-père nettoyer quoi que ce soit dans la maison depuis bien longtemps.
Nous regardâmes dans tous les cartons, il ne semblait pas y avoir quoi que ce soit ayant appartenu à mamie Ada. Toutefois, dans l’un d’eux, je tombai sur un morceau de papier chiffonné. Je le balançai dans un premier temps, puis me vint cette phrase que mamie Ada me répétait sans arrêt : « ne négligez aucun détail ».
Je dépliai cette boule et me mis à le lire à voix basse « Maxime… ». Je ne rêvais pas, il y avait mon prénom inscrit sur ce bout de papier et c’était bien l’écriture de mamie Ada. « …j’ose espérer qu’un jour tu tomberas sur cette lettre bien avant ton grand-père. Il m’est difficile de t’écrire ces mots, car je sais aujourd’hui que ce cancer du poumon m’emportera d’ici peu. Mon cher Maxime, sache que je t’ai aimé bien plus que je n’ai aimé ton père. Je n’ai pas été une bonne mère, mais aujourd’hui je peux dire que j’ai été une grand-mère aimante… ». La lecture de cette lettre suscitait en moi des émotions fortes et contradictoires : un mélange de tristesse, de nostalgie, d'amour et de deuil. J’avais l’impression qu’elle était proche de moi.
Lana continuait à fouiller ; les mots que mamie Ada m’avait adressé étaient bien trop personnels, alors je me cachais derrière un gros carton pour continuer ma lecture. « …ton grand-père tient à toi comme à la prunelle de ses yeux, mais il a toujours eu du mal à dévoiler ses émotions. Par ailleurs, il m’en voudra très certainement, mais il est temps pour toi de connaître la vérité. Tu es un jeune homme très intelligent et depuis tout petit tu as bien compris que nos histoires autour de tes parents étaient loin d’être la vérité. Je t’invite donc à rejoindre mes Séjournas, elles te parleront et te révéleront toute la vérité. »
− Quoi ? Sérieusement ! Je n’arrive pas à le croire, elle m'envoie dans sa serre pour avoir des réponses, ça n’a aucun sens !
− Toi, t’as trouvé un truc intéressant ! s’exclama Lana qui vint me rejoindre derrière le carton.
Je lui remis finalement la lettre chiffonnée qu’elle lut avec hâte et dit : « Super Maxime ! Allez c’est parti ! »
Lana se leva et me tira afin de me relever. Je ne saisissais toujours pas la cause de son agitation. Puis, nous nous retrouvâmes devant cette serre. Je restai là sans bouger, je n’y avais pas mis les pieds depuis que mamie Ada nous avait quittés. Une boule s’installa au niveau de mon estomac, c’était encore très douloureux de se remémorer nos souvenirs. J’avalai ma salive avec difficulté, puis je me lançai dans la grande pièce vitrée. Il n’y avait plus de vie, la chaleur et la gaieté de ce lieu avaient disparu.
« Gosh ! Ce lieu est juste incroyable, jamais je n’ai vu des fleurs comme celles-ci. Lana s’arrêta et tendit l’oreille. Tu entends ? »
On pouvait entendre un tout petit chant, c’était une Séjourna : « Il y en a encore en vie ! m’exclamai-je ».
Nous nous mîmes à rechercher partout cette Séjourna qui chantait encore. C’était presque imperceptible, mais nos efforts furent récompensés. Elle était là juste devant moi, légèrement relevée sur elle-même. Elle chantait, elle n’avait pas arrêté. Je demandai à Lana d’apporter un peu d’eau. Nous en mîmes sur sa terre, elle ouvrit peu à peu ses pétales, mais elle était très fatiguée. Le pot de la fleur était posé sur un carnet, et derrière celui-ci se trouvait un objet en or, comme une arme plate. Lana attrapa le carnet et essaya de l’ouvrir : il était verrouillé et il nous était impossible de trouver la clé.
« Il doit y avoir des secrets bien gardés, dit Lana en se frottant les mains ». Puis, elle prit l’objet plat en forme d’arme de mes mains et s’amusa à tirer sur les cordes souples.
« Je pense que le seul moyen c’est de casser la serrure… », je me mis d’abord à tirer très fort sur le verrou, mais c’était très solide et mes ciseaux n’y parvinrent pas non plus. Lana essaya à son tour, en sautant dessus et en le tapant contre le sol, mais rien ne venait à bout de ce verrou. Alors j’eus l’idée de faire comme dans les films en utilisant une épingle à cheveux que j’arrachai des cheveux frisés de Lana, après quelques secondes de bidouillage incertain, le verrou céda enfin.
La première page semblait indiquer que ce carnet m’était destiné, c’était l’écriture de mamie Ada : « À toi, mon cher, Maxime, journal 1/5 ».
− Ta grand-mère savait que tu irais à la recherche d’indices, la lettre dans le grenier c’était pour t’emmener ici et trouver son journal.
− On dirait bien, elle aurait pu me le donner directement… Il y a une mention « 1/5 », je crois qu’on doit en trouver d’autres.
− Oh comme c’est excitant ! s’exclama Lana, en s’agrippant sur mes épaules.
Lana partit comme une flèche à l’autre bout de la serre tandis que j’essayai plutôt de capter le moindre son de Séjourna.
« J’ai trouvé quelque chose ! lança Lana au bout de quelques minutes. »
Je me précipitai pour la rejoindre. Elle était tombée sur un grand morceau de parchemin, plié en quatre. Il se trouvait près d’un pot cassé. Cela avait l’air d’une vieille carte. Son encre avait pâli avec le temps. Elle était signée Claude-François Denecourt.
− Il y a une inscription : « le sentier caché », lit Lana. La carte indique un chemin pour accéder apparemment à un arbre. Et sur ce point, c’est inscrit « la porte ».
− Tu vas peut-être me prendre pour un fou, mais ma grand-mère m’a également parlé d’un autre monde qui se trouve dans la forêt.
− C’est un peu tiré par les cheveux, non ? Que dit le carnet ?

Marlavant - Le cœur de la forêt - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant