Chapitre 5 | Une prémonition ? - Part II

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− Hey ! Je ne pensais pas te voir au lycée aujourd’hui. C’est vraiment n’importe quoi, cette soirée, non ? lança Lana en débarquant de nulle part et en brandissant le flyer.
Lana vint me tirer de mon rêve… Puis, je me mis à repenser à la vision de la nuit dernière, en me disant que si mes rêves étaient prémonitoires, Lana serait la prochaine à disparaître. Cette idée m’était insupportable. Il fallait que je trouve un moyen pour la protéger de ces veneurs de l’ombre. J’avais envie de la prendre dans mes bras, mais après ce que Rose venait de dire, cela risquait d’être mal interprété par les gens autour de nous et je risquais de perdre toutes mes chances avec Rose. Je lui donnai une tape sur l’épaule et lui fis un large sourire.
− Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu m’as l’air de très bonne humeur, me fit remarquer Lana avec un regard en coin.
− En fait, pas du tout ! Je suis d’accord avec toi, cette fête c’est bidon.
− Mais ça peut être sympa d’y aller et d’enquêter sur le sentier caché de Denecourt, suggéra-t-elle.
− Non ! On laisse tomber cette carte. Toute cette histoire, c’est bidon aussi. Tu ne veux pas te faire un ciné ou un truc dans le genre ?
− Tu veux tout arrêter ? Ça n’a aucun sens, je suis sûr qu’on trouvera quelque chose dans ce sentier. Si ta grand-mère en parle, c’est que c’est important.
− Tu vois, toute cette histoire me rend complètement dingue : j’ai des sortes d’hallucinations, et samedi soir j’ai perdu connaissance deux fois en présence des invités de mon grand-père. J’ai besoin de faire autre chose, de parler d’autre chose…
− Je comprends que ça te rende fou, mais on doit à tout prix résoudre ce mystère entre les disparitions, tes origines et les veneurs de l’ombre. Je refuse que tu abandonnes, tu as besoin de découvrir ce qu’on te cache depuis des années.
− C’est gentil Lana, mais c’est moi qui décide si je veux savoir ou pas. Je suis vraiment désolé de t’avoir autant impliqué dans cette histoire.
− Mais tu ne saisis vraiment pas ? Cette histoire ne te concerne pas seulement. Tu as toi-même entendu ton grand-père et M. Baudry, les disparitions seraient aussi liées à ton histoire. Pourquoi tu veux abandonner maintenant ?
Je me tenais debout devant Lana, le cœur battant. J’avais tellement de choses à lui dire, mais je ne savais pas comment formuler mes pensées. Je me raclais la gorge, luttant pour trouver les mots justes : « Lana, je... je dois te dire quelque chose, balbutiai-je finalement. »
Lana me regarda avec curiosité, attendant patiemment que je poursuive.
« J’ai fait un autre rêve bizarre la nuit dernière et tu y étais… Tu disparaissais. Juste... comme ça. Et je me suis réveillé en sueur, tellement terrifié à l'idée de te perdre, poursuivis-je ».
Je m'interrompis, laissant échapper un soupir tremblant. Je n'osais pas regarder Lana dans les yeux, terrifié à l'idée de voir de la déception ou de la peur sur son visage.
Lana resta figée et me dévisagea avec un large sourire : « Aww so cute ! dit-elle en s’agrippant à mon bras fermement ».
C’était raté, elle ne me prenait pas au sérieux.
− Eh bien, quoi qu’il m’arrive, je prierai pour que tu ai assez de force et de courage pour venir me sauver.
− Amen, répondis-je ironiquement.
Lorsque nous arrivâmes aux casiers, je sortis le carnet de mon sac, il fallait que je lise quelques phrases à Lana, notamment le passage des ados enlevés et congelés. À peine la troisième ligne entamée, quelqu’un d’imposant, avec des épaules larges et une carrure musclée, m’arracha le carnet des mains. Sa peau était hâlée par les heures passées dehors à s'entraîner au football, et ses yeux noirs brillaient d'une lueur de défi. Il avait des cheveux noirs et raides, qu'il coiffait en arrière avec du gel pour donner l'impression qu'il avait une crinière de lion. Il était accompagné de Sofiane, mais Yann n’était pas avec eux. Même après l’accident, ils n’avaient toujours pas l’intention de me foutre la paix.
− Ce journal est trop confidentiel ! Rends-le-moi !
− Tu lis des poèmes, mon p’tit Maxou. C’est super romantique, se moqua Boris.
− Lâche ça, j’te préviens… hurlai-je.
− Tu dois avoir une vie vraiment pitoyable pour n’avoir rien d’autre à faire que nous emmerder, lâcha Lana.
− Oyez, oyez ! cria Boris afin d’interpeller son auditoire.
J’essayai de lui reprendre le carnet, mais Sofiane me bloqua. Boris se mit à lire à voix haute un passage pris au hasard :
« Je venais de me faire attaquer par une bande de corbeaux sauvages… ».

Marlavant - Le cœur de la forêt - T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant