– Vous connaissiez ma grand-mère ? Demandai-je surpris. - Eh bien oui, l'homme se courba et se mit à chuchoter à mon oreille, je suis un grand amateur de ses fleurs, l'homme fit apparaître de son dos un bouquet de Séjournas, les fleurs préférées de mamie Ada.
Ces mots me firent sourire puis d'un pas engagé il alla s'entretenir avec grand-père, les deux hommes paraissaient bien se connaître. J'apercus, finalement, le commissaire Manda, il était chargé de l'enquête sur la disparition de Dan Mavinga. Je n'avais l'habitude que de le voir à la télévision ces derniers temps. Il semblait très amical, je lui donnais à peine trente ans. Il me fit un signe de la tête. Tout ce monde était présent pour mamie Ada, pour nous également, cela me fit chaud au cœur, nous n'étions pas seuls.
Durant notre marche silencieuse un vent frais d'automne déclencha en moi des tremblements, j'appréhendais les adieux, je ne savais pas si j'étais capable de retenir mes larmes face à tout ce monde. On marchait maintenant à pas modérés derrière le cercueil jusqu'à l'emplacement attribué à mamie Ada. Finalement mes larmes se mirent à couler le long de mes joues, lorsque le cercueil descendit dans ce trou. Je ne voulais pas que ma grand-mère repose là, seule, je voulais être près d'elle. Je sortis de ma poche de jean un morceau de papier dans lequel j'avais écrit un message d'adieu,
« Vivre et croire, c'est aussi accepter que la vie contienne la mort et que la mort contienne la vie. Commençais-je avec hésitation, puis fixant mes yeux sur la tombe de mamie Ada je repris avec plus d'assurance. C'est savoir, au plus profond de soi, qu'en fait, rien ne meurt jamais. Il n'y a pas de mort, il n'y a que des métamorphoses. Tu ne nous as pas quittés mais tu t'en es allée au pays de la Vie, là où les fleurs plus jamais ne se fanent, là où le temps ne sait plus rien de nous. Ignorant les rides et les soirs, là où c'est toujours matin, là où c'est toujours serein. Tu as quitté nos ombres, nos souffrances et nos peines. Tu as pris de l'avance au pays de la Vie. Je fleurirai mon cœur en souvenir de toi, là où tu vis en moi, là où je vis pour toi. Et je vivrai deux fois... »
Je terminai la lecture de mon poème sous les quelques applaudissements qui, malgré tout, me réconfortèrent.
*
* *
Grand-père avait convié pas moins d'une trentaine de personnes, c'était bien la première fois que je voyais autant de monde à la maison. J'étais assis dans un coin de la pièce à contempler cette scène surréaliste. Fatigué, je m'apprêtais à monter les escaliers afin de rejoindre ma chambre lorsque je découvris mon grand-père et M. Baudry sous les escaliers. Ils chuchotaient bruyamment et leurs mains volaient fermement dans tous les sens. De quoi pouvaient-ils bien discuter ? Malgré le bruit qui se dégageait du salon, discrètement je m'avançais et l'oreille attentive, j'essayais de capter quelques mots de leur conversation.
- Vous ne pourrez pas longtemps cacher cela à Maxime et vous le savez ! M. Baudry brandit le journal du jour. Un autre adolescent a été enlevé dans la forêt il y a vingt-quatre heures, c'est le deuxième. Antoine Planelle était l'un de mes élèves, il se passe quelque chose d'inhabituel. Vous savez que nous avons déjà eu à vivre cette situation dans le passé, Maxime doit connaître la vérité!
Je n'en revenais pas, Antoine Planelle a disparu ! je ne le connaissais pas vraiment, mais quelle coïncidence. Le rêve que j'eus sur lui me revint en mémoire. Dan Mavinga avait été vu la dernière fois, cet été, dans la forêt de Fontainebleau. Il était au centre de l'attention durant la rentrée, personne n'avait eu de nouvelles de lui. On entendait pleins d'histoires à son sujet, les gens lançaient des rumeurs. Il serait lié à une affaire de drogue et ce serait fait tuer et enterrer dans la forêt. D'autres racontaient qu'il se serait caché dans la forêt pour échapper à la police. Les journaux papiers et télévisés prenaient également un malin plaisir à se nourrir de ces rumeurs, tandis que sa famille se démenait corps et âme à le retrouver et à préserver sa réputation. Je croisais souvent Dan à la bibliothèque. Nous avions même déjà échangé ensemble une fois sur l'arithmétique et le dernier Marvel. Il me semblait quelqu'un de bien et j'avais beaucoup de peine à le savoir disparu. Le deuxième, c'était Antoine Planelle, apparemment disparu dans les mêmes circonstances que Dan Mavinga. Peut-être un tueur en série qui roderait dans la forêt. Un lieu où je passais également beaucoup de temps pour me ressourcer. Peut-être que M. Baudry craignait pour moi, pensai-je.
- Antonin, c'est mon petit-fils et je serais prêt à me battre avec quiconque voudrait gâcher notre quotidien... Ils sont jeunes, ils ont forcément dû fuguer, tenta-t-il de se rassurer.
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Marlavant - Le cœur de la forêt - T1
ParanormalMaxime, un adolescent harcelé à l'école, se lance dans une quête pour découvrir son identité lorsque des jeunes commencent à disparaître mystérieusement dans sa ville. Avec l'aide de son amie Lana, ils enquêtent et découvrent que les disparitions so...