Chapitre 22

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Une silhouette approche lentement. Ses contours sont flous et je ne parviens pas à connaître son identité. J'entends une musique alors qu'elle me dépasse. Je me retourne et me rends compte que je suis dans la cuisine de notre maison sur Dell. Ma mère semble s'adresser à la silhouette. Puis l'ombre se transforme en homme. Il embrasse ma mère et la regarde d'un air attendri. Est-il mon père ?

— Papa ! Papa, est ce que c'est toi ? je crie tout excitée.

Personne ne me répond. Ils continuent leur conversation tout en dansant, sans me porter la moindre attention. Je m'approche deux et pose une main sur l'épaule de ma mère.

— Maman, je suis rentrée.

Elle n'a même pas l'air de sentir ma présence. Puis d'un coup, les deux se retournent en hurlant. L'homme se place devant ma mère et s'empare d'un couteau. Je recule apeurée. Que se passe-t-il ?

— Qui êtes-vous ?! crie Miriel

— C'est moi, maman. Je suis rentrée des Jeux. Qui est cet homme ?

— Je n'ai pas d'enfant, pas encore. Arrêtez de m'appeler « maman » !

Quoi ? Que lui arrive-t-il ? A-t-elle perdu la mémoire ? Je souris en pensant qu'elle me fait une blague, bien que ce ne soit pas son genre.

— Mais, enfin, je suis ta fille ! je m'exclame, dubitative.

— Je n'ai jamais eu de fille, déclare-t-elle, les bras serrés contre elle.

L'homme se rapproche avec le couteau. Je recule, ma respiration complètement bloquée. Tout ceci est impossible.

— Partez ou vous le regretterez ! lance l'homme d'un air menaçant.

— Je suis chez moi ! Dis-lui, maman ! je lance en essayant de le calmer.

— Je ne suis pas votre mère. Déguerpissez ! répond-elle d'un air dégoûté et méprisant.

Je me dirige vers la porte pour que les choses ne s'aggravent pas. Mais je ne comprends rien. Qui est cet homme ? Pourquoi maman ne me reconnaît pas ? Je me retourne une dernière fois et tente le tout pour le tout. Je tente d'enlever ma mère en espérant que ce contact physique lui rafraîchisse la mémoire. Elle me repousse violemment et je me cogne contre le coin de la table. Je pousse un cri de douleur. L'homme sort alors un revolver et le pointe vers moi. J'ouvre de grands yeux, paniquée. Je lève les mains en l'air et me recule vers la porte vitrée. Mon cœur bat beaucoup trop vite pour que je comprenne ce qu'il se passe. Une détonation retentit et la vitre vole en éclats derrière moi. Cet homme a essayé de me tuer !

Je m'écroule au sol en pleurs. Un courant d'air froid parcourt chaque centimètre de ma peau et je frissonne. Je me sens terriblement seule et oubliée. J'ai perdu ce que j'avais de plus cher et maintenant, je suis perdue. Où vais-je aller ? Vais-je me réveiller de ce terrible cauchemar ?

Soudain, le décor de ma maison s'efface et les bruits reprennent autour de moi. Je relève la tête que j'avais coincée dans mes genoux alors qu'on me retire un ruban de devant mes yeux. Des milliers de visages me fixent et m'applaudissent. Que se passe-t-il ? Je me redresse et cligne des yeux pour chasser cette vision étrange. Ces gens, me connaissent-ils ?

— Mesdames et Messieurs, quel spectacle ! Vous venez d'assister à une athazagoraphobie ; la peur d'être oublié ou ignoré. Notre talentueuse Écarlate la fait resurgir de la conscience de notre chère dellienne.

Un tonnerre d'applaudissements retentit en l'honneur de Rassna. Je reprends mes esprits. Je suis dans l'amphithéâtre des cauchemars. Lindorie me fait de grands signes pour que je la rejoigne, mais avant même que je fasse un pas, une main me tord le bras. Je me retourne alors que Rassna m'adresse un sourire carnassier.

Les jeux de la couronne. T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant