Chapitre 37

2.8K 319 22
                                    

Je suis réveillée par une main qui me secoue. Je sens que mon visage est trempé. Je l'essuie d'un revers de manche avant d'ouvrir les yeux. J'ai dû m'endormir alors que la météo se calmait. Je regrette de m'être assoupie. N'importe lequel d'entre eux aurait pu me tuer pendant que j'étais dans les bras de morphée.

— Nous sommes hors de danger, déclare Ardalôn, à bout de souffle.

Il a l'air épuisé. Ses mains sont écorchées. Je me tourne vers le pont inférieur pour observer les dégâts de la tempête.

Ce qui me choque en premier est le silence. Il n'y a plus de tumulte, de hurlements, plus de bruits

Je cligne plusieurs fois des yeux et constate que le ciel est clair et qu'une légère brise chaude emplit l'atmosphère. Rien ne prouve qu'une tempête s'est déchaînée la nuit dernière.

Je me lève doucement pour éviter d'être étourdie. Tout mon corps est douloureux. Je me suis tellement crispée que j'ai des courbatures partout.

Ardalôn me fixe, l'air soucieux.

Je prends le temps de constater l'état du navire.

La première voile est complètement déchirée et pend lamentablement contre le mât principal. La poulie grince à force de retenir désespérément les derniers morceaux de tissus.

La deuxième est repliée à la va-vite.

La troisième à disparue.

J'interroge Ardalôn du regard. Il tourne la tête en silence et je suis sa direction. Allongés sur le pont, Nathaniel et Hélios sont recouverts d'une couverture. Leur visage est blanc et leur teint, terne. On dirait qu'ils ne respirent plus du tout.

Je commence à m'approcher, mais Ardalôn me retient.

— Ils vont bien. Ils doivent juste se reposer.

— Comment tout cela s'est-il terminé ?

— Tu ne te rappelles plus ? fronce-t-il les sourcils.

— Je crois que j'ai arrêté de regarder lorsque j'ai compris que j'étais impuissante.

Ardalôn soupire de fatigue. Il prend une profonde inspiration avant de me répondre.

— On a failli tous y rester. Mais je suppose que, grâce à toi, chacun à fait sa part pour qu'on survive tous.

— Grâce à moi ? Mais je n'ai rien fait ! je m'exclame.

— Tu t'es montrée brave dans une situation critique. Ton esprit d'équipe nous a aidé. Tu seras craint à présent.

— Pourquoi ?

Il plonge un regard déterminé dans le mien et croise les bras.

— Parce que le courage dont tu as fait preuve a fait de toi quelqu'un qui se maîtrise. Et un adversaire qui sait garder son sang-froid est redoutable.

J'ai du mal à croire ce qu'il me dit. En réfléchissant à la situation, j'aurai plus tendance à dire que j'ai agi par égoïsme.

Je ne voulais pas affronter une nouvelle épreuve. Je voulais juste sortir vivante de ce chaos.

J'ignore si le fait que les autres se méfient de moi est une bonne chose. Cela leur donne une excuse de plus pour me tuer..

J'essaye de ne pas y penser. Après tout, ils ont dû affronter la tempête également. Certains doivent être sous le choc.

— Comment se portent les autres ? je demande pour tenter de m'échapper de mes pensées paranoïaques.

Ardalôn me sourit avant de me répondre.

Les jeux de la couronne. T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant