Chapitre 30

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Je me torture l'esprit pour tenter de déchiffrer ce nouvel indice. Y-a-t-il un sens à toutes ses phrases ?

Je n'en vois aucun.

— On fait quoi maintenant ? demande Lindorie

— Il se fait tard. On devrait rentrer au campement, conseille Daerôn.

— Qu'est-ce qu'ils veulent qu'on fasse ? C'est ça, la véritable question, renchérit Nathaniel après avoir cogné le poteau du sablier.

— Je propose qu'on attende quelques minutes. Si on ne reçoit pas de flèches, ça veut dire qu'on peut rentrer.

Cette fois, j'ai vraiment l'impression qu'ils m'écoutent, que mon avis compte et que je ne suis plus un poids pour eux. Ils commencent à voir que j'ai du potentiel.

Nous attendons quelques instants, assis à même le sol et Nathaniel est le premier à briser le silence.

— En plus d'être jolie, tu es intelligente. C'est vraiment mon jour de chance ! dit-il d'un sourire malicieux.

Daerôn et Lindorie se redressent et je me relève à mon tour en ignorant royalement le prince sous-marin. Nous repartons vers la Plage du sud, où notre campement est établi. Grâce aux branches que Daerôn a coupées à l'aller, nous retrouvons facilement notre route.

Une fois arrivés, je sens que quelque chose ne va pas. Je me dirige vers le campement, suivi par mes coéquipiers. Je me stoppe de surprise. Il a été complètement détruit.

Saccagé.

Il y a des débris de bois partout, des feuilles éparpillées... Comme si une tempête avait tout ravagé. Comme si on avait pris soin de ne rien oublier.

Nathaniel pousse un cri de rage et Lindorie reste immobile derrière moi.

Daerôn serre les poings, prêt à exploser. Il cherche des indices, des preuves qui nous permettraient de savoir ce qui s'est passé. Il me regarde soudainement, les prunelles enflammées de colère.

Je me recule, apeurée et intimidée. J'ai l'impression de brûler sur place.

— Tu devais t'occuper du campement ! s'écrit-il avec un ton que je ne lui reconnais pas.

— Oui, c'est ce que j'ai fait, je réponds, la tête relevée, pleine de défi.

— Et tu ne l'as pas sécurisé ?! s'exclame-t-il.

Je suis surprise par cet accès de colère. Ce, pourrait-il que le vrai Daerôn se dévoile ? Le Daerôn qui ressemble à son père ?

— Je ne pouvais pas savoir ce qui allait se passer !

— Tu n'as pas entendu les règles ? « Tout est permis ! », me reproche-t-il.

Il s'approche toujours plus près de moi et j'ai l'impression que je vais finir carbonisée. Sa flamme sort de son épaule et danse devant mes yeux. Des étincelles crépitent sur ses avant-bras. Je recule encore plus, ma confiance s'affaiblissant à chaque pas. Mon dos rencontre un tronc d'arbre et je n'ai plus aucune échappatoire.

— Comment voulais-tu que je m'y prenne ? Tu aurais pu faire une barrière de feu ou je ne sais quoi d'autre ! je m'exclame vivement, à mon tour.

Il me sourit, moqueur.

— Elwing. Tu ne cesses de vouloir qu'on te traite comme nous, mais tu ne fais que te rabaisser et te voiler la face. Tu n'acceptes pas ta différence. Toi, tu aurais pu sécuriser le campement ! Tu en es capable.

Les étincelles crépitent et m'éclaboussent les épaules alors qu'il place ses mains de part et d'autre du tronc de l'arbre. Je m'y retrouve coincée.

Les jeux de la couronne. T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant