Chapitre 23

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— Bienvenue chers candidats et chères candidates à cette deuxième partie des Jeux ! Nous sommes ravis, ma femme et moi, d'ouvrir le jeu Vilazan.

Le roi Gauvin se tient devant nous et parle d'une voix forte. Sa femme à côté de lui, sourit à pleines dents. Elle est vêtue d'une magnifique robe corail qui l'a rajeuni. Son mari, quant à lui, porte fièrement une redingote en cuir et un pantalon serré aux genoux. Ils portent lui aussi des collants, mais ils sont verts. Il semble heureux du Jeu que réserve sa planète.

— Vous vous trouvez devant la prison Woobi. C'est ici que se dérouleront les Jeux de la peur. Vous tirerez un numéro dans le bocal situé à ma gauche et vous irez dans la cellule indiquée. Ici, vous n'affronterez pas vos propres peurs, mais celle de votre adversaire. Il est facile de vaincre ses propres peurs puisque nous les connaissons presque toutes, mais celles des autres nous demeurent inconnues. Elles peuvent être incontrôlables. Je vous rappelle que le score que vous obtiendrez sera utilisé pour le troisième Jeu. Bonne chance.

Dans un silence pesant nous regardons l'ordre de passage que nous devons respecter. Puis nous nous mettons en file indienne de la planète la plus proche du soleil, Titan, jusqu'à la plus éloignée.

Kalisto, Cendracte, Jyd, Dell, Vilaz, Wilgrad, Vlagane, Orphée, Namus, Hauméa, Aniléo, Ouranix, Maxir, Glow, Bel-o-kân, Cléone, Larn

Nous sommes encore nombreux et pourtant lors du début des Jeux, nous étions environ cinquante. Plein de candidats Explorateurs ont abandonné. D'autres sont restés bloqués dans le labyrinthe et ont été, ainsi, disqualifiés.

Daerôn, Saeros et le joueur de Jyd ont déjà tiré leur numéro de cellule et maintenant, c'est mon tour. Sous le regard fixe du roi Gauvin, je plonge la main dans le bocal transparent où sont pliés une vingtaine de papiers. Je pioche le mien, mon numéro.

Je pénètre à l'intérieur du couloir sombre de la prison. Des portes avec des numéros sont placées les unes en face des autres. J'ouvre mon papier.

Cellule 5

Je marche jusqu'à me tenir devant la porte et j'y entre en faisant grincer la poignée rouillée. Deux portes me font face et une lumière verte brille au-dessus de chacune d'elles. Je pénètre dans celle de droite. Derrière moi, la lumière verte vire au rouge, signalant que j'occupe cette pièce. Mon adversaire ira obligatoirement dans celle de gauche. Devant moi, une vitre teintée me sépare de la pièce d'en face.

Il n'y a aucun bruit dans l'antre. Pourtant, j'ai l'impression qu'on m'observe. Je regarde dans tous les coins cherchant un indice et vois une petite lumière rouge qui grésille. La caméra tourne.

Je respire profondément espérant me calmer. Si les Jeux sont si dangereux, vais-je mourir aujourd'hui ? Si l'épreuve est différente, peut-être ai-je une chance de m'en sortir vivante ? Je n'ai aucun moyen de me défendre face à une illusion. J'ai mon couteau dans ma ceinture ainsi que mon slard à trois lames que j'ai aiguisé hier. Mais à quoi pourrait-il me servir dans une pièce aussi étroite et obscure ?

Je fais les cent pas pour m'occuper et j'attends. Soudain, j'entends la porte voisine grincer et la lumière devenir rouge. La seconde salle est occupée. Mon adversaire se trouve en face de moi. Aussi inconnu que je le suis de lui. Puis dans un claquement sourd, les portes se verrouillent. Il est trop tard pour regretter, trop tard pour s'échapper.

« Primitives ou affectives »

Une voix étouffée par un micro usé m'adresse la parole. Je fronce les sourcils.

« Primitives ou affectives, Réponds ! »

— Je ne comprends pas, dis-je platement.

« Pri-mi-ti-ves ou af-fec-ti-ves, Choisis !! » articule la voix mécanique.

— Je ne sais pas ! je crie, finalement.

Quest-ce qu'ils attendent de moi ?

« Il y a une boule suspendue à un fils devant toi. Prends le fils, tire et lâche. »

J'obéis à la voix et saisis le fils devant moi. Peut-être que ça ouvre une trappe sur le vide et que je vais y tomber ? Peut-être que ça déclenche une arme qui me tuera ? Peut-être que c'est un piège ?

Je tire et je lâche. J'attends. J'entends la boule qui tourne en un mouvement circulaire. Puis le silence à nouveau.

« Face rouge. Primitives. Tu vas affronter les peurs primitives de ton adversaire. Les peurs liées à l'instinct de survie. Que le courage t'accompagne. »

Je sens le fourmillement désagréable derrière ma tête, signe qu'on maîtrise désormais ce que je ne peux contrôler. Preuve que mes peurs sont rendues vivantes de l'autre côté de la vitre. Mon cur commence à battre rapidement et mon souffle se fait court. Si je dois affronter la peur primitive de mon rival, lui doit combattre mon affective. Laquelle va-t-il affronter ? Celle de l'oubli où une autre que j'ignore.

Et surtout, comment moi, je vais m'en sortir ?

Les jeux de la couronne. T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant