Je me réveille le souffle court alors que mon cœur semballe. L'angoisse m'emprisonne de son étreinte alors que j'ouvre les yeux. J'ai l'impression de me déchirer entre l'excitation de ce que mon oncle m'enseigne et la culpabilité que j'endurerais à lui donner raison. Il me reste peu de temps avant de prendre ma décision.
La pluie qui tombe sur le toit du grenier est apaisante. J'aime entendre son martèlement régulier. C'est comme si elle frappait à ma porte. Son bruit régulier me rassure.
Ça n'a pas toujours été le cas. Lorsque j'étais enfant, le bruit du tonnerre et de la tempête m'effrayait. Aujourd'hui, je ne pourrais plus m'en passer. Surtout en ce moment, alors que mon oncle m'entraîne pour les Jeux.
Luther ne fait pas vraiment partie de ma famille. Mais d'aussi loin que je me souvienne, il a toujours été aux côtés de ma mère, comme un ami. C'est la seule présence masculine qui existe dans ma vie. J'ai beaucoup d'affection et de respect pour lui, même s'il ne m'épargne jamais lors de nos séances d'entraînement.
Je me lève péniblement alors que je découvre de nouvelles courbatures qui parcourent mon corps. Il fait froid dehors. Je le sais parce que j'ai du mal à sortir du lit.
Je soupire en m'asseyant sur le rebord du matelas. Je prends le temps de m'étirer espérant soulager mes douleurs musculaires puis je descends de mon grenier mansardé.
Nous manquons d'argent, ma mère et moi. Notre maison de forêt n'est pas grande, mais elle est confortable. Je fournis des efforts pour l'aider financièrement. J'accumule beaucoup de petits boulots dans n'importe quel domaine, que ce soit serveuse dans un restaurant, livreuse de journaux... Mais je n'arrive pas à garder un emploi bien longtemps. Il y a toujours quelque chose qui m'empêche de continuer. Parfois, j'ai même l'impression d'être maudite.
Ma mère lit tranquillement le journal alors que j'entre dans la cuisine. Je m'assois sur un tabouret tout en préparant mes tartines de chocolat.
— Quelles sont les nouvelles ? je demande.
Elle me regarde par-dessus ses lunettes, ferme le journal et le pose sur la table en silence. Puis elle me répond en s'asseyant en face de moi.
— L'organisation des Jeux vient de commencer. Ils sont en train de recruter des candidats dans les différentes contrées de Dell.
— Oui, je suis au courant. Oncle Luther m'en a parlé, dis-je sans donner de détails.
— C'est vrai que depuis qu'il a été nommé Premier Entraîneur, il ne parle que de ça ! Qu'est-ce qu'il t'a dit ? me demande-t-elle d'une manière innocente.
Pendant la période des Jeux, il y a toujours une tension entre elle et Luther. Ma mère en a assez qu'il ne me parle que des Jeux. Elle pense qu'il me met des idées néfastes dans la tête en me répétant que je serai capable d'y participer. Elle pense que c'est dangereux et elle a sans doute raison. Luther, lui, pense que je suis en droit de me porter volontaire puisque j'en aie les capacités. Cette tension, plus ou moins palpable, est un véritable dilemme pour moi. Je meurs d'envie de faire partie de la compétition, mais je ne veux pas décevoir ma mère.
— Il m'a dit qu'il était débordé avec les recrutements.
Ma mère bougonne et lève les yeux au ciel. J'ai l'impression que cette histoire est loin d'être terminée. Je bois mon chocolat chaud en terminant ma nuit, comme à mon habitude.
— Elwing ?
— Hum, je marmonne.
— Tu es encore en retard...
Mes yeux se posent instinctivement sur l'horloge en face de moi. Je me lève si précipitamment que j'en fais tomber mon siège. J'abandonne ma mère alors qu'elle râle de ma maladresse pour me préparer rapidement.
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Les jeux de la couronne. T1
FantasyAu sein du système gouvernemental du Cercle, le roi de Kalisto, la planète de feu, règne en dictateur grâce à son emprise militaire. Pour que les autres planètes restent sous son contrôle, il a transformé les Jeux du Cercle en nid de corruption où...