Chapitre 28

2.9K 304 27
                                    

Les paroles de Nathaniel flottent dans l'air iodé sans qu'aucun de nous n'ose parler. Je brise à nouveau la glace.

— Pourquoi on ne pourrait pas s'échapper ? je lui demande.

— Les courants sont très puissants. Ça ne servirait à rien de construire un radeau pour s'enfuir, répond-il tandis qu'il nous détaille d'un regard grave.

Nous sommes tous les quatre debout à mesurer les paroles de Nathaniel. Je joue avec mon pendentif pour m'occuper les mains.

— Tu en es sûr ? l'interroge Daerôn, méfiant.

— Je parle en connaissance de cause. J'ai eu du mal à revenir à cause de la force de la mer, explique-t-il, la mâchoire serrée. Cette île est bien connue des namusiens. La majorité des légendes locales se basent sur sa découverte.

J'entends au loin, un bruit familier. Un sifflement qui devient de plus en plus strident. Je comprends l'imminence du danger.

— A terre ! Maintenant ! je crie.

Les autres se jettent dans le sable tandis qu'une flèche transperce l'air à toute vitesse pour se planter dans l'écorce d'un arbre. Nathaniel se relève aussitôt et court pour décocher l'arme de sa cible. Un papyrus y est enroulé. Il l'arrache et le déplie et le lit à voix haute.

« Chers candidats de l'équipe dorée ! L'heure est venue de commencer dignement le troisième Jeux. Pour vous échapper de l'île, il vous faudra chercher des indices disséminés sur celle-ci. Vous devrez d'abord vous rendre sur la plage des Bossus pour trouver le premier indice. Il vous faudra choisir chacun, un chiffre entre 1 et 6 pour discerner qui subira l'épreuve. N'oubliez pas : Tout est permis...

Bonne chance ! »

Nathaniel ne se gêne pas pour chiffonner le papier et le jeter à la mer par colère.

— Ils ne savent plus quoi inventer, ces vieux schnocks !

— On doit y aller, je déclare tandis que je m'éloigne de la plage.

Daerôn me rattrape et m'empêche d'avancer plus. Je me retourne et le dévisage.

— Hors de question qu'on y aille maintenant. On doit d'abord se remplir l'estomac. On ne sera pas efficace le ventre vide.

Il me dépasse, les sarnaux toujours attachés à sa ceinture. Je me tourne vers Nathaniel.

— Pour une fois, je suis de son avis, avoue-t-il.

Je lève les yeux au ciel, exaspérée de la tournure de la situation. On pourra toujours manger en chemin, non ?

— Elwing ! Ramène-toi ! me crie Daerôn, du camp que je viens d'improviser.

J'ouvre de grands yeux paniqués. Pourquoi me crie-t-il dessus ? Le camp ne lui plaît pas ?

— Le devoir t'appelle ! ricane Nathaniel.

Je les quitte, Lindorie et lui et cours pour rejoindre le prince de feu.

Une fois que j'arrive, il ne daigne même pas me regarder, mais tend juste la main au-dessus de lui.

— Passe-moi ton arme. Je dois couper la viande.

Au lieu de lui donner, je tape dans sa main. Il relève la tête et fronce les sourcils. Je rigole à sa mine étonnée. S'il croit que je vais lui donner mon arme comme ça !

— Pousse-toi. Je vais te la couper ta viande !

Il me lance un regard amusé et me laisse la place. Une fois le travail terminé, il ne manque plus qu'à la cuire.

Les jeux de la couronne. T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant