Pour toujours avec toi - Tome 2

Chapitre II

Les jours passèrent sans que je n'ai la détermination de faire un choix sur ce que j'allais devoir faire. Je n'arrivais pas à me fixer. Il ne me suffisait que de quelques minutes pour changer d'avis encore une fois. Certains moments étaient propices à me convaincre que ce n'était pas une bonne idée, alors que d'autres pouvaient le convaincre que cela valait peut être le coup, que nous n'avions qu'une vie et que je n'avais pas grand chose à perdre.
Emma ne m'aidait pas beaucoup dans ma prise de décision. On pouvait même dire qu'elle était aussi perplexe que moi. Elle avait envie de croire que son ami avait changé et qu'il était un homme bien. Mais en même temps elle ne voulait pas prendre le risque que je serve de cobaye à cette expérience.
Heureusement, mes longues journées à la librairie me permettaient de me sortir ces idées quelques heures de la tête. Je courais dans tous les sens ce qui me créait un peu de répit. Mais en dehors de la boutique, c'était une toute autre histoire. Ces questions me martelaient la tête sans cesse. Jusqu'à cette soirée entre amis. 

Le samedi suivant, je fus invitée chez ma meilleure amie pour le repas. Rien d'inhabituel. Nous avions prévu de nous rejoindre après le travail chez elle et Tom pour prendre l'apéritif et déguster un bon repas confectionné par les soins de ce dernier. Exceptionnellement, je fermai la librairie une heure plus tôt pour me rendre chez mes meilleurs amis. Dix-neuf heures trente sonnait quand je sonnais à l'interphone de leur toute nouvelle maison. Tom se pressa sur le pas de la porte pour m'accueillir chaleureusement. Il me prit dans ses bras et en profita pour me mettre en garde. 

- Emma t'a préparé un joli guet-apens, me chuchota-t-il à l'oreille lors de notre accolade. 

Je m'éloignai, perplexe, haussant un sourcil interrogateur mais mon meilleur ami ne m'en dit pas plus et se contenta de m'escorter jusqu'à l'intérieur. Quand j'arrivai dans le salon, ma bouteille de vin à la main, j'aperçus Emma sortir de la cuisine avec un plateau plein de bols remplis que toutes sortes de biscuits salés. Ce fut une grande surprise de voir que ma meilleure amie n'était pas seule. J'avais pris l'habitude de passer certains samedis soirs avec mes deux meilleurs amis. Jusque maintenant, aucun autre invité n'avait été convié à nos repas. 

- Élisa ! Tu es enfin arrivée ! Je te présente Thomas, un collègue de travail. Il n'avait rien de prévu ce soir alors je lui ai proposé de passer la soirée avec nous. J'espère que cela ne te dérange pas. 

- Évidemment que non, dis-je complètement décontenancée.

Thomas s'approcha et me tendit une main que je saisis immédiatement. Il l'empoigna légèrement pour me saluer, agrémentant son geste d'une petite révérence de la tête et d'un sourire cajoleur. Je sentis immédiatement Tom derrière moi, les bras dans le dos, qui se pencha pour s'approcher de mon oreille et y murmurer : 

- Je te présente le fameux guet-apens, dit-il en ricanant doucement.  

Le reste de la soirée se passa sans encombre même si je trouvais cela perturbant que Thomas s'intéresse autant à moi. Il avait passé son temps à me bombardé de questions sur ma vie, sur ce que je faisais de mon temps libre et sur mon livre, m'empêchant de profiter pleinement de mes amis. Je sentais que nous n'étions pas tous les deux ici avec les mêmes intentions. Il était clair que Thomas avait été briefé sur ma situation de célibataire endurcie. Emma avait dû se donner un malin plaisir à lui donner de faux espoirs sur ce qu'il pourrait obtenir de moi. Personnellement, je n'avais pas prévu du tout de faire une nouvelle rencontre ce soir et encore moins une nouvelles rencontre qui aboutirait sur une quelconque relation sérieuse. Ainsi, Thomas ne me lâcha pas de la soirée. 

Certes ce garçon était plutôt plaisant physiquement, grand, les cheveux bouclés et bruns, musclé et la peau halée. Dans une autre vie, peut être que j'aurais pu envisager l'idée de m'amuser un petit peu avec lui. Mais il m'ennuyait éperdument avec ses phrases toutes faites et ses remarques gênantes. Ce dévolu qu'il avait jeté sur ma personne avait eu pour conséquence de me mettre un froid. En plus de donner l'impression de ne pas être le couteau le plus aiguisé du tiroir avec ses blagues de bof à répétition, il s'était avéré être beaucoup trop collant et entreprenant. Il était beaucoup trop sûr de lui pour que je lui donne le bénéfice du doute et l'occasion de se rattraper. J'eus du mal à comprendre pourquoi ma meilleure amie avait eu l'idée de vouloir m'infliger un mec pareil. Elle me connaissait pourtant suffisamment bien pour savoir que je ne fréquenterais jamais ce type d'homme. Et puis, je commençais à avoir des doutes sur l'amour qu'elle pouvait me porter. Comment pouvait-elle accepter d'infliger un fléau pareil à sa meilleure amie ?