Chapitre XIV.

13 0 0
                                    

Si on me l'avait demandé, je n'aurais rien eu d'extraordinaire à dire sur la fin de cette journée, ni même sur le jour qui suivit. J'alternais entre le travail à la librairie et les finitions de ma valise, valsant entre le stress et ... le stress. J'avais peur d'oublier quelque chose d'important pour ce voyage, que quelque chose ne se passe pas comme prévu et j'étais tétanisé à l'idée que les ventes de mon livre ne décollent pas à l'étranger. Mais tout ça ne correspondait qu'à un petit pourcentage de mon stress. En réalité, j'étais surtout pétrifiée à l'idée de revoir Maxime après ces quelques jours sans nouvelles. Nous nous étions contentés d'échanger quelques brèves politesses et de nous mettre d'accord sur mon heure de départ à l'aéroport.

Mercredi matin arriva finalement, à mon grand désespoir. J'aurais donné à peu près n'importe quoi pour que le temps s'arrête ne serait-ce que quelques heures pour que je n'ai pas à affronter ce départ, pour que je n'ai pas à affronter les yeux de ce garçon qui rencontrait des difficultés à quitter mon esprit dans l'immédiat. N'arrivant pas à dormir, mes pieds me conduirent en dehors du lit à une heure totalement déraisonnable pour se lever. Quand j'arrivai au beau milieu de ma cuisine pour me servir un café, il n'était que 4h43 du matin. Je pris le temps de remettre toute ma vie en question, me demandant comment j'avais pu en arriver là, comment je pouvais en être résolue à me lever aussi tôt alors que j'aimais me lever à midi et comment je pouvais me poser autant de questions alors que j'aimais ne jamais me prendre la tête.

Maintenant, il allait falloir que j'occupe ma matinée et surtout que je ne laisse pas l'occasion à mon cerveau de divaguer plus que nécessaire, plus que je ne pourrais le supporter. Mon énorme valise était prête, mon sac de voyage aussi, il ne me restait plus que quelques affaires de dernière minute à placer dedans. Après avoir avalé mon café le plus rapidement possible et englouti deux tartines au beurre, manquant de m'étouffer à plusieurs reprises, je me dirigeai lentement vers ma chambre pour y récupérer mon chargeur de téléphone, qui fut le premier à rejoindre le reste de mes affaires dans mon petit sac de voyage. Je me dirigeai ensuite à grands pas vers la salle de bain pour y prendre une douche, m'habiller avec les affaires sortis de mon placard la veille et me préparer. Mon pyjama se retrouvant seul au monde au fond d'une panière que j'avais pris soin de vider avant mon départ.

Quand tout ça fut terminé, je regardai l'immense horloge au milieu de mon salon et soupirai. Il était 5h51 et il ne me restait plus grand chose à faire en attendant onze heures. Je réfléchis alors à ce que j'aurais bien pu oublier et me rappelai soudain qu'il fallait que je rajoute ma trousse de toilette laissée en vrac sur la vasque de la salle de bain quelques minutes auparavant. Je rassemblai mes affaires, vérifiant encore et encore la présence de ma brosse à dent avant d'ouvrir de nouveau ma valise pour y placer ce précieux qui me permettrait d'être présentable dès le début de ma tournée en Europe. Je fis ensuite un dernier tour de mon appartement, vérifiant que je n'avais rien laissé trainer, ni sur le sol, ni dans le réfrigérateur ou que je n'avais rien laissé branché qui serait susceptible de faire partir mon appartement en fumée avant que je n'ai le temps de revenir.

Finalement, pour éviter de tourner en rond dans mon appartement et cogiter davantage, je décidai de me remettre à l'écriture. Assise par terre au beau milieu de mon salon, l'ordinateur posé sur la table de basse. Je me mis à taper frénétiquement ce qui me passa par la tête sans réfléchir à la cohérence que pouvait avoir mon texte. Je n'avais qu'un seul besoin, évacuer, sans m'en rendre compte, tout ce qui me trottait dans la tête. J'écrivis tout ce qui se passait actuellement dans ma vie. Peut-être le début ou la fin d'une histoire. Je ne savais pas encore ce que j'allais faire de tout ce que j'étais en train de taper sur mon clavier. Peut-être que la suite serait suffisamment intéressant pour que ce chapitre ne soit que le début d'une histoire. Peut-être que la suite ne m'apporterait rien de bon, et alors ... tout cela ne représenterait que la fin, la fin d'une belle histoire.

Pour toujours avec toi - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant