Chapitre XIX.

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Dépité par la situation et ne sachant quoi faire, Matthieu repris finalement la parole, les yeux fuyants, essayant de ne pas croiser mon regard.

– Je vais vous laisser. Il se fait un petit peu tard et les copains m'attende probablement pour sortir.

Il daigna finalement lever la tête vers moi, comme s'il se rendait compte de ce qu'il venait de dire.

– Ça va aller ? Je peux te laisser avec lui ? Lucas, c'est ça ? Dit-il en tournant finalement la tête vers mon ancien meilleur ami.

Lucas hocha à la tête en signe d'approbation et attendit ma réponse. Je confirmai que tout allé bien à Mathieu en me contentant d'agiter la tête à mon tour. Il sembla se résigner et s'éloigna finalement, continuant sur le chemin que nous venions d'emprunter. Je l'observai en train de partir, ne le lâchant pas du regard, sans rien dire. Il enfouit ses mains dans ses poches, entra un petit peu plus sa tête dans ses épaules et disparut au coin de la rue suivante sans s'être retourné une seule fois. Ce fut à cet instant que je me promis d'avoir une discussion avec lui le soir-même pour éclaircir tout cela et ne pas rester sur des non-dits. Je m'en voulais sans doute un petit peu, probablement pour ce qui venait de ce passer entre nous, mais il était hors de question qu'il s'en tienne pour seul responsable, sans que je dise rien, sans que je ne le rassure, sans que je ne m'explique sur mes réactions, une bonne fois pour toute.

– On va boire un verre ?

– Avec grand plaisir, répondis-je.

Sans réfléchir davantage, je suivis Lucas, revenant sur mes pas et me retrouvant de nouveau confrontée aux rues animées de Londres. Nous nous introduîmes dans le premier bar qui semblait fréquentable. En ce milieu d'après midi, les lieux étaient déserts. Malgré le froid, les gens semblaient avoir fuit ce lieu procurant pourtant ce qu'il fallait de chaleur.

Nous nous assîmes l'un en face de l'autre et Lucas ne laissa pas le silence s'installer entre nous deux. À une vitesse effrénée, il enchaina les questions pour savoir ce que je faisais à Londres, ce que je devenais, ce que je faisais de ma vie désormais. Nous discutâmes pendant de longues minutes autour de nos verres de coca. J'appris que cela faisait quelques années qu'il s'était lancé dans le marketing d'entreprise et la publicité et qu'il travaillait dans des bureaux à quelques pas de la librairie. Il prit des nouvelles de Tom et d'Emma, visiblement curieux de ce qu'ils étaient devenus eux-aussi. Je lui appris qu'ils s'étaient mariés, un mariage sublime avec des amis au summum de leur bonheur.

Enfin, nous continuâmes à parler de tout et de rien, tournant en rond autour des sujets qui nous intéressaient vraiment. Il s'attarda longtemps sur mon roman. Il m'informa qu'il était tombé dessus, au détour du rayon livres, dans une grande enseigne de vente de médias, à la une des ventes. Il me promit de le lire plus tard, pour le moment, il n'en avait pas trouvé le courage.

Forcément, la suite de la conversation prit une tournure que j'avais espéré éviter. Il me parla de Max, du sujet principal de ce livre.

– D'ailleurs, comment va Max ?

– À vrai dire, je ne sais pas. Cela fait quelques mois que je n'ai plus de nouvelles... Cela te dérange si on parle d'autre chose plutôt ? Dis-je la mine boudeuse.

Max ne sembla pas étonné par la nouvelle. Il donnait même l'impression d'avoir anticipé ma réponse.

– Avant de défendre Max et de te donner tous les arguments que j'ai à ma disposition, est-ce que tu accepterais de me donner tes raisons ? Pourquoi vous n'êtes plus ensemble ? Pourquoi vous ne prenez plus de nouvelles l'un de l'autre ? Si tu ne veux pas répondre à ces questions, je comprendrai, parce qu'évidemment ça ne me regarde pas, mais crois-moi, il te manque des informations maintenant que tu es ici.

Pour toujours avec toi - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant