Pour toujours avec toi - Tome 2

Chapitre XI.

Ce fut une journée affreuse pour moi à la librairie. La première mauvaise journée que je passais ici depuis que j'avais ouvert. De nombreuses pensées se bousculaient dans ma tête et je ne savais pas quoi faire de cette situation. Cette opportunité qui s'offrait à moi me torturait complètement. Il fallait que je fasse un choix, pendant six longs mois, entre ma carrière d'auteure et toutes les personnes que j'aimais plus que tout.

La nouvelle étant passée depuis quelques minutes maintenant, le bonheur de Pauline se dissipa doucement. À mon attitude, elle comprit rapidement, sans que je n'aie besoin de dire quoi que ce soit, que la nouvelle n'était pas bonne pour moi. J'errai dans le magasin, sans réel but, obnubilée par toutes les questions qui s'imposaient à moi. Toutes les choses que j'avais prévu de faire dans la journée passèrent progressivement à la trappe, étant totalement incapable de me concentrer, ne serait-ce que quelques secondes, sur l'une d'entre elles.

Pour mon bien-être mental, je décidai de ne pas prendre de décision trop hâtive et de laisser le mail d'Océane de côté pour le moment. Cela ne servait à rien de remuer le couteau dans la plaie en le relisant encore et encore comme je venais de le faire pendant de si longues minutes. Ma décision ne devait pas être prise à la légère et devait être mûrement réfléchie. Pour ne plus céder à la tentation, je choisissais de laisser tous mes appareils électroniques de côté. Ainsi, j'ouvris le tiroir-caisse et y rangeai tout ce qui avait la possibilité de me donner accès à ce satané mail.

Pauline prit rapidement la relève, comprenant que j'étais incapable de mener à bien mon travail ce jour-là. J'avais besoin de me poser pour réfléchir, pour poser le pour et le contre, pour énumérer toutes les conséquences que pourrait avoir ce voyage sur ma vie, autant professionnelle qu'amoureuse. Je ne pouvais pas laisser ma carrière de côté, même pour un garçon que j'aimais à ce point, mais est-ce que notre couple, qui avait déjà traversé beaucoup trop d'épreuves avait la capacité de survivre à six mois de séparation ? Est-ce que notre amour n'allait pas en pâtir de la distance physique qui était en train de nous être imposée ?

Peut-être que j'en faisais trop. Après tout nous n'allions être séparés que pendant six mois. Cela pouvait ne rien changer à ce que nous étions en train de vivre. Bon nombre de couples déjà avait défié les pronostics en s'aimant à distance. Ce n'était pas une séparation définitive, nous allions nous retrouver à la fin du voyage. Il suffisait être patient, de tenir le coup, loin l'un de l'autre, de garder la communication, aussi souvent que possible, aussi souvent que nécessaire.

Mais je savais aussi à quoi ressemblait une tournée de promotion pour un livre. J'allais voyager constamment d'un avion à un autre, d'une ville à l'autre, d'un hôtel à un autre. J'allais être promenée, constamment, entre des réunions avec différentes maisons d'édition étrangères, entre des présentations et des lectures de mon livre dans les plus grandes librairies des capitales, entre des sessions de dédicaces qui n'en finissent jamais. Je n'allais pas disposer de temps pour moi. Ni pour visiter les plus belles capitales d'Europe, ni pour prendre des nouvelles de mes proches. Mon téléphone allait devenir un compagnon silencieux, le plus souvent éteint dans le fond d'un sac ou d'une poche.

Exceptionnellement, la boutique fut fermée une petite heure sur la pause du midi. Sans même que Pauline ne me demande mon avis sur la question, elle avait attendu que midi sonne pour fermer à clé et retourner la petite pancarte accrochée sur la porte vitrée. Cette petite pancarte, qui ne payait pourtant pas de mine, suffirait pourtant à me laisser un peu de répit, quelques minutes de tranquillité pour me poser et réfléchir. Quand Pauline se tourna vers moi, en brandissant les clés de la boutique, comme pour me confirmer ce qu'elle venait de faire, je lâchai un soupir de soulagement avant de m'affaler sur la première chaise disponible. Nous prîmes le temps de discuter de la situation. J'exposai à ma nouvelle amie toutes mes craintes, tous mes doutes engendrés par cette nouvelle.