Pour toujours avec toi - Tome 2

Chapitre XX.

Il ne me fallut que dix minutes pour arriver à destination. Je grimpai les marches deux par deux, arrivant sur le seuil essouflée et transpirante malgré le froid qui régnait dehors. Avant de franchir la porte, je décidai de patienter afin de reprendre un petit peu de contenance. Il était nécessaire que je prenne un air solennel pour parvenir à inquiéter encore quelques minutes mes amies. Après tout, elles méritaient bien que je les taquine après ce qu'elles venaient de faire, après avoir gardé un secret aussi important depuis des semaines maintenant. Après avoir repris mon souflle et avoir enfilé un masque de glace sur mon visage, je poussai le seul obstacle qui me séparait des personnes en qui je pouvais avoir le plus confiance ; enfin... jusqu'à maintenant.

Lorsque j'arrivai enfin au milieu du salon de notre Airbnb, les filles étaient toutes installées sur les canapés, emmitouflées dans des plaids, comme si elles n'avaient pas bougé de là de la journée. Pauline fut la première à rompre le silence et à prendre la parole.

– Ne fais pas durer le suspens plus longtemps et dis-nous franchement si on a fait une bêtise. Ça fait déjà dix minutes qu'on spécule et qu'on essaie de savoir pourquoi tu nous convoques de cette manière-là alors que tu as passé l'après-midi avec Matthieu.

- Ne nous dis pas qu'il t'a demandé en mariage quand même, insinua rapidement Emma essayant tant bien que mal de détendre l'atmosphère pesante que je prenais plaisir à installer dans la pièce.

- Je suis au courant de tout, dis-je sur un ton qui se voulait sérieux et plein de reproches.

Un blanc suivit. Les filles semblèrent plus qu'inquiètes et visiblement aucune d'elles ne savait quoi dire. Alors dans un éclat de rire, je rompis le silence, fière de les avoir fait galérer quelques minutes ; des minutes qui avaient dû être interminables pour elles, mais s'en était déjà trop pour moi. Chloé fut la première à éclater de rire, d'un rire nerveux, essayant de me suivre et de m'imiter sans savoir pourquoi, tentant très probablement de détendre l'atmosphère, essayant de trouver de l'aide dans le regard de nos amies. Alors pour ne pas les faire patienter davantage, je leur expliquai tout sans jamais dire d'où je tenais toutes ces informations. Je leur appris que j'étais au courant pour l'ouverture de la boutique pendant mon absence et que je savais qui détenait les clefs de cette dernière alors que toutes mes meilleures amies étaient ici, que les "congés annuels" de la boutique s'étaient transformés en "ouverture exceptionnelle" sans mon consentement, ni même sans que j'en sois informée. À aucun moment, mes copines ne cherchèrent à me contredire. Je détenais la vérité et elle ne pouvait rien contre cela, quelques soient mes sources.

Rapidement, elles eurent l'air rassurées par le fait que je ne leur demande aucune explication. Elles ne pipèrent pas mot alors que je me contentai d'énoncer des faits. Malgré tout, je pouvais mesurer tous les reproches qu'elles étaient en train de se faire intérieurement. Les mines contrites et coupables qui s'alignaient en face de moi m'apportaient beaucoup d'informations sur le degré de remord qui s'élevait dans la pièce. Emma fut alors la première à rompre ce nouveau temps mort qui était en train de s'immisser entre nous.

- Désolée de t'avoir caché cette information primordiale. La vérité, c'est qu'on comptait t'en parler directement après notre atterrissage à Londres ; mais aucune de nous n'en a trouvé le courage. Aucun moment ne nous a semblé propice à faire éclater une telle bombe. Puis Matthieu est apparu et on s'est dit que, peut-être, tu n'étais pas obligée de savoir tout cela, que ce n'était pas nécessaire.

- Que Max s'occupe de la boutique ne nous a pas paru être une mauvaise idée, continua Océane. Ça nous semblait pertinant que ton petit bijou reste ouvert pendant notre absence. Ça tourne tellement bien et tes clients étaient tellement déçus de nous voir fermer pendant quelques jours. Ça semblait être une évidence quand Max a proposé ses services à Pauline.