7 : Une tempête en pleine mer

26 1 0
                                    


Victor vient de se réveiller avec le journal de Billie ouvert et posé sur son torse. Dehors, il fait nuit, il voit le ciel noir à travers son velux. Elvis est endormi en travers de la carpette, Victor regarde le cadran de son réveil posé sur son bureau. Les chiffres rouges indiquent minuit et quart. Il frotte ses yeux puis retire le casque sur ses oreilles.

Il referme le journal de Billie puis se connecte sur les réseaux sociaux. Les gens bombardent de photos de Billie avec le message : « Rest in peace ». Victor soupire car il sait très bien que malgré les apparences, cela n'empêchera pas les gens de dormir le soir.

Il remarque également qu'il a reçu pas mal d'appels en absence de la part d'Amandine pendant qu'il dormait. Pourquoi est-elle si insistante ? Elle s'inquiète sans doute pour Victor.

Il pose le journal sur son chevet, enfile une tenue plus confortable pour dormir. Il se glisse sous ses draps et tente de trouver le sommeil jusqu'au lendemain matin. Il ferme les yeux et voit le visage de Billie, il est hanté par le visage de sa défunte copine mais parvient à s'endormir presque immédiatement, épuisé par la journée qu'il vient de vivre.

Le lendemain matin, il est réveillé par Elvis qui lui pousse le bras avec sa tête. Victor émerge péniblement, il passe sa main sur ses cheveux bruns et courts et se redresse. Sa mère toque à la porte et l'ouvre, le chien la pousse pour rejoindre le couloir.

Victor jette un œil au journal de Billie posé sur sa table de chevet puis regarde sa mère qui ne dit pas un mot. Elle redresse ses lunettes d'une main tremblante.

— Tu as faim ? demande-t-elle au bout de quelques secondes.

Victor hoche la tête en souriant faiblement. Sa mère repart en laissant la porte entrouverte. Victor se lève, tout ce qu'il veut, c'est reprendre la lecture du journal de Billie. Il est obsédé par ce journal, hanté, comme s'il lisait le plus incroyable des romans. Il lit la vie de Billie qui s'apparente à une fiction. Il a aussi l'impression de découvrir les amis de Billie, de les fréquenter à travers le journal. Il a l'impression d'être proche d'eux, il a l'impression que ce sont les seuls à qui il peut se confier dans ce moment de crise. Les seuls qu'il connaît plus que personne à travers les mots de Billie.

Il s'habille puis descend les escaliers, sa mère lui sert un jus d'orange pressé et des pancakes aux pépites de chocolat. Monsieur Hauran est assis à la table de la cuisine, un journal sous les yeux. Il porte une chemise bleu ciel impeccablement repassée ainsi qu'une cravate rayée. Il observe son fils à travers les carreaux de ses lunettes.

— Tu as cours aujourd'hui ? lui demande Madame Hauran en déposant des pancakes sur une assiette au centre de la table.

Victor hoche la tête, il mange deux pancakes à la vitesse de la lumière et regagne sa chambre. Il finit de se préparer, prend des écouteurs et le journal intime qu'il balance dans son sac à dos et part.

— À ce soir, dit Victor en ouvrant la porte d'entrée.

— Tu ne veux pas que je te dépose ? questionne Madame Hauran.

Mais Victor vient de claquer la porte sans entendre les paroles de sa mère. Il se dirige vers son scooter garé dans l'allée puis grimpe dessus en enfilant son casque. Il baisse sa visière puis démarre en faisant crisser les pneus. Il sait que sa mère ne veut plus le voir rouler sur son scooter, mais il le fait quand même.

Il ne compte pas aller en cours, ni même remettre un pied au lycée avant un petit moment. Il ne se sent pas d'affronter le regard des autres sur lui, ces regards pathétiques qui disent : « Je suis désolé pour toi. »

Victor s'arrête aux abords du parc dans lequel Billie a été retrouvée. Il y a encore des banderoles jaunes car cela fait à peine une semaine que son corps a été retrouvé. Personne n'a le droit de s'aventurer derrière ces banderoles jaunes et pourtant, Victor compte le faire.

Dead Girl's DiaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant