37 : Le roi et la reine

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Vers 22 h, nous étions assis à une table parfaitement décorée. La nappe était en tissu brillant bleu, et recouverte de faux petits diamants, de paillettes et d'étoiles argentées. On buvait un verre de cocktail sans alcool et on se marrait.

Autour de la table, c'était la bande habituelle : Seb, Barb, Amandine et son cavalier, Darell, Victor et moi. Le cavalier d'Amandine s'était rajouté, mais il était sympa. Il avait de la chance d'être là, parce qu'Amandine avait reçu de nombreuses invitations. Il était l'heureux élu, les autres devaient être terriblement jaloux. Et Monsieur Morena était probablement le plus jaloux d'entre tous.

Une fille est passée entre les tables avec une boîte bleu marine. C'était pour élire le roi et la reine du bal. Elle s'est approchée de nous pour nous dire de remplir une feuille. Il y avait justement une pile de feuilles au milieu de la table, ainsi qu'un stylo par personne. J'ai pris une feuille entre mes doigts, puis j'ai hésité. Je voulais voter pour Amandine et son cavalier mais Seb et Barb étaient mignons.

— Je vote pour vous les amoureux ! s'est exclamée Amandine en nous regardant.

— On vote pour qui ? ai-je demandé à Victor.

— Moi, je vote pour moi ! s'est écrié Darell.

— T'as même pas de cavalière ! s'est indignée Barbara.

— Alors, je vais écrire ton nom à côté du mien, a répondu Darell en lançant un regard enjôleur à sa voisine de table.

Seb a rougi et s'est raclé la gorge. Il était jaloux, c'était adorable. Victor a commencé à écrire mon nom sur la feuille.

— On n'a pas le droit de voter pour nous. Ce n'est pas fair-play, ai-je chuchoté en direction de Victor.

— Ces trônes, on mérite de s'asseoir dessus. Et cette couronne, tu mérites de la porter.

J'ai ricané, puis j'ai regardé en direction des trônes. Ils étaient beaux, et Victor avait raison. Il a souri et je l'ai vu écrire « Victor Hauran ».

— Personne ne nous balancera un seau de sang de porc sur la tronche. T'inquiètes, a-t-il ajouté.

— J'espère bien ! ai-je dit en écrivant nos noms.

On a plié nos feuilles, puis la fille a brandi la boîte sous nos yeux. Je voulais être sacrée reine du bal, mais j'avais tout de même peur. J'avais peur que tout le monde me voie monter sur la scène, que tout le monde me regarde danser avec Victor.

Une dizaine de minutes s'est écoulé, la salle s'est retrouvée plongée dans le noir, puis la fille de la boîte s'est retrouvée derrière un pupitre, illuminée par les projecteurs. Elle s'est penchée en avant pour parler dans le micro et a annoncé les gagnants.

— C'était très serré, a-t-elle commencé par dire.

Victor a pris ma main, il avait l'air confiant. Moi, je ne l'étais pas du tout. J'avais peur de gagner, et j'avais peur d'être déçue si je perdais.

— Le roi et la reine du bal sont... Victor Hauran et Billie Mars !

Tout le monde a applaudi, Victor s'est levé en me tirant le bras. Mon cœur a arrêté de battre, le temps s'est arrêté. Une lumière aveuglante s'est abattue sur nous, et nous avons marché jusqu'à la scène. J'ai fixé les trônes, et nous avons grimpé les quelques marches qui nous séparaient de la scène. Mon cœur battait dans ma poitrine, comme une balle rebondissante, c'était dingue comme sensation. La fille invisible qui se retrouvait acclamée lors d'un bal au bras d'un sportif populaire, je vivais un film.

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