Dead Girl's Diary

9 : Jolie petite poupée

Victor décroche le téléphone. La meilleure amie de sa défunte copine lui demande premièrement s'il va bien. Drôle de question, vu les circonstances. Ensuite, elle lui propose de passer chez elle pour discuter, drôle de question aussi. Mais ça fait un certain temps qu'elle réclame la compagnie de Victor. Amandine lui assure que c'est seulement pour discuter alors Victor accepte, de toute manière, il n'exclut personne de l'affaire. Le tueur peut très bien être la meilleure amie. Quoique, le tueur peut aussi être le petit ami, on en a le parfait exemple dans le premier volet de la franchise « Scream ». Alors, Victor peut également être soupçonné. Il ne peut pas exister qu'une seule perspective, il faut voir large, car tout le monde peut-être coupable, même celui qui semble le plus innocent.

Victor remonte sur son scooter puis roule jusqu'à la maison d'Amandine, très éloignée de la ville. Elle vit dans une sorte de manoir sur un terrain gigantesque, une sorte de parc géant, et face à la mer. Le jeune homme gare son scooter devant la maison puis appuie sur la sonnette qui longe le cadre d'une double porte immense.

Amandine ouvre précipitamment la porte en disant à Victor d'arrêter d'appuyer sur la sonnette et de ne pas faire trop de bruit.

— Mon père bosse la nuit, si tu le réveilles, il va gueuler ! dit-elle.

— Désolé, dit faiblement Victor en haussant les épaules. Ils sont rarement là tes parents, je ne savais pas que...

— C'est bon, répond Amandine. Entre.

Victor réajuste le col de sa veste en cuir puis regarde Amandine. Il reste comme cela un moment. Il la regarde de haut en bas, elle semble être encore en pyjama, et elle est pieds nus sur le marbre froid. Elle a même des morceaux de coton entre les orteils, pour que son vernis sèche correctement.

— Tu vas rester là à me regarder ? demande Amandine en levant un sourcil.

Amandine attrape Victor par le col de sa veste en le tirant dans son hall d'entrée.

— On ne va pas rester dehors ! s'exclame-t-elle avant de refermer la porte derrière elle.

Elle la referme en appuyant doucement sur la poignée pour ne pas déranger son père. Elle indique l'escalier à Victor d'un mouvement de la tête bref.

— Ne fais pas trop de bruit en montant, explique Amandine.

Victor grimpe les escaliers, le bois craque et résonne. Le jeune homme grimace en se tournant vers Amandine.

— Bon, vas-y franchement... Au point où on en est...

Victor finit de monter les escaliers et jette un coup d'œil à Amandine qui pose ses pieds sur des endroits précis des marches en bois.

— Je sais où marcher pour ne pas que ça craque, se justifie-t-elle.

— Et tu ne pouvais pas me le dire ?

Amandine souffle et marche vers sa chambre, elle ouvre la porte à Victor.

— Après vous, dit-elle.

Victor se retrouve dans la chambre d'Amandine, il ne pensait pas y entrer un jour. Celle-ci s'assoit sur son lit après avoir fermé la porte. Elle fouille dans une de ses poches et en sort un paquet de cigarettes. Elle en glisse une entre ses dents et fouille dans une autre poche avant d'en sortir un briquet argenté avec lequel elle allume le petit tube de papier blanc. Elle finit par le poser négligemment sur sa table de chevet après avoir craché un petit nuage de fumée.

Amandine reprend l'activité qu'elle faisait avant de demander à Victor de venir chez elle, c'est-à-dire, refaire le vernis de ses ongles de pieds. Victor n'avait jamais vraiment fait attention à ce détail, mais il se rend compte qu'elle a de faux airs avec Julia Roberts dans « Pretty Woman ». Il regarde autour de lui, les murs sont jonchés de posters d'acteurs torse-nu. Le lit d'Amandine est en fer forgé blanc, une paire de menottes en velours est accrochée à l'un des barreaux. Victor lève un sourcil puis détache ses yeux de ce détail. Il balade son regard dans la pièce, le chevet à côté du lit est en bois clair. Un téléphone en forme de chaussure à talon est posé dessus à côté d'une boîte à musique dans laquelle une ballerine tourne sur elle-même. Agacée par la mélodie que la boîte libère, Amandine la referme brutalement.