Dead Girl's Diary

10 : Être amoureux, c'est dangereux

Avant de rentrer chez lui, Victor part se balader au bord de la plage. Billie avait noté les coordonnées GPS de son bunker. Il ne sait pas encore ce que Venom est devenu, peut-être qu'il est toujours dans ce bunker, mais dans quel état ?

Cela fait une bonne semaine que le corps de Billie a été retrouvé. Une semaine d'errance. Une semaine de douleur. Une semaine d'absence.

Il n'était pas au courant que Billie se réfugiait dans un bunker. Par moments, les gens ont besoin de se retrouver seuls, de se ressourcer dans des endroits sûrs, dans des endroits que seuls eux connaissent. Victor n'est pas étonné d'apprendre l'existence de ce bunker après la mort de sa copine, il sait à quel point celle-ci désirait la solitude, désirait la plénitude. Le contact avec les autres la rendait nerveuse, l'isolement était sa seule issue pour vaincre l'angoisse qui la torturait.

Victor jette un œil à son portable, il est aux abords du bunker. Il le voit au loin et s'en approche avec la boule au ventre. Un stress l'envahit, comme quelque chose qui grossit dans son ventre et dans sa poitrine. Il s'approche du bunker, il reconnaît le cœur gravé. La porte est fermée et non pas calée. Si le chat est à l'intérieur, il est prisonnier.

Victor ouvre la porte, un grincement assourdissant retentit. Le bunker est plongé dans le noir, Victor entre et quand il pose un pied dans l'entre de Billie, la guirlande accrochée au mur s'affole. Elle clignote à en donner la migraine. Victor regarde dans les quatre coins de l'unique pièce. Il voit une pile de livres, un chauffage d'appoint, un post-it jaune collé sur l'intérieur de la porte et sur lequel est écrit : « Acheter des croquettes pour Venom. » Victor balaye la pièce du regard quand il entend un faible miaulement. Dans un panier en osier, sous une couverture, quelque chose bouge. Victor s'en approche et lève le plaid avant de découvrir Venom.

Le chat est affaibli, amaigri. Il respire à peine, il est allongé dans son panier en attendant que la mort le rattrape. Victor s'empresse de le redresser mais le chat est à bout de force, il est mou et ses os saillants lui donnent l'allure d'un cadavre. Les gamelles sont vides, le sac de croquettes est éventré et il ne reste plus que de la poussière à l'intérieur.

Victor prend le chat dans ses bras puis sort précipitamment du bunker. La lumière du jour et le soleil le revigore légèrement. Le jeune homme ne prend pas le temps de refermer la porte du bunker, il marche rapidement vers sa moto, enfile son casque, installe Venom à l'intérieur de sa veste en cuir et file en direction de sa maison.

Il arrive devant sa maison en un temps record. Il entre et retire ses chaussures en vitesse. Ses parents ne sont pas rentrés du travail. Le jeune homme se faufile dans sa cuisine et ouvre sa veste en cuir. Le chat passe sa tête et semble déjà aller un peu mieux. Victor s'empresse de lui donner à boire et à manger. Venom a du mal à se nourrir mais Victor l'aide du mieux qu'il peut. Elvis aboie comme un fou depuis le couloir, Victor tente de le calmer car le chat semble terrifié. Les tensions s'apaisent, Victor pose une main ferme sur la gueule d'Elvis en lui disant de se calmer une bonne fois pour toutes. Elvis est un bon chien et écoute son maître à la moindre occasion. Victor plonge son regard dans celui de son chien.

— Tout va bien, lui dit-il en retirant sa main de la truffe de son chien.

Le chat est debout sur la table de la cuisine, les pattes tremblantes, pendant que Victor s'assit sur un tabouret et l'observe. Il veille à ce qu'il finisse la nourriture qu'il lui a donné, un reste de poulet et de riz qu'il a trouvé au fond de son frigo. Il soupire puis passe ses mains sur sa figure, il entend le chat miauler, il sursaute et le regarde en train de lécher le fond de l'assiette. L'animal se pourlèche mais Victor n'a plus rien à lui donner.

— Qu'est-ce que je vais faire de toi ? dit Victor en regardant Venom.

Il croise le regard du chat. Victor soupire de plus belle.