31 : Cœur volé, cœur arraché

9 1 0
                                    

17 novembre

Voyage à Londres – jour 3

Désolée cher journal, je n'ai pas écrit durant le jour 2 du voyage, je n'avais pas le temps, la journée était très remplie et je n'avais pas le courage de la raconter. J'étais bien trop fatiguée. Aujourd'hui, il s'est passé de nombreuses choses. On a visité encore la ville, on a vu Big Ben, on est monté dans le London Eye, mangé des hot-dogs épicés et on a visité quelques lieux de tournage des films « Harry Potter ».

D'ailleurs, j'ai vraiment adoré visiter ces quelques lieux. Des images de ma mère qui me lisait les livres de JK Rowling quand je ne savais pas encore lire me traversaient l'esprit. J'étais allongée confortablement dans mon lit, entourée de mes peluches et je l'écoutais lire pendant des heures. Je pensais aussi aux plateaux-repas que je faisais devant les films avec ma mère et Emma. « Harry Potter » a contribué à mon bonheur, m'a permis d'échapper à ma réalité qui était horrible. Quand je lisais ou que je regardais cet univers, j'étais plongé dans un autre monde pourvu de sorciers, d'elfes, de magie et je ne remercierai jamais assez cet univers pour m'avoir offert la possibilité de fuir la violence dans laquelle je vivais. Le soir, je me plongeais dans les livres, et je n'entendais plus les cris de mon père, c'était comme si j'étais dans une bulle increvable.

Aujourd'hui, il faisait un peu froid, le ciel était un peu gris, le soleil tentait vainement de se frayer un chemin entre la grisaille et de combattre la pluie. J'ai opté pour une doudoune rouge et un bonnet gris pour me protéger de cette température. Surtout qu'on devait grimper dans le London Eye et qu'on devait faire la queue dehors. Victor était avec ses amis, on ne pouvait pas monter ensemble dans une nacelle vu que j'étais déjà avec les filles, il n'y avait pas assez de place pour lui. Mais lui, ça n'avait pas l'air de le déranger, il riait bien avec ses amis. J'avoue, chaque éclat de rire me fendait un peu plus le cœur, car j'avais l'impression qu'il se fichait de monter avec moi ou non.

— Billie ! Regarde, j'ai créé un faux compte sur les réseaux ! s'exclame Amandine dans la queue.

— Pourquoi faire ? lui ai-je demandé en détournant le regard de Victor.

La queue a commencé à avancer, je cherchais Victor du regard, mais il avait le nez dans son portable.

— Billie ! Tu m'écoutes quand je te parle ? m'a dit Amandine.

Amandine me fatiguait, je m'en fichais de savoir qu'elle avait créé un faux compte pour faire je ne sais quel coup bas à des camarades de classe.

— J'ai envoyé un message à Victor et il m'a répondu ! m'a-t-elle dit.

— Quoi ? Donne-moi ça ! ai-je dit en lui arrachant son téléphone de ses mains.

J'ai ouvert la conversation puis j'ai lu les messages échangés. J'ai vu que Victor ne semblait pas être très réceptif aux avances qu'Amandine lui faisait sous le nom de « Rébecca ».

— Il ne tombera pas dans le piège, c'est vraiment puéril de faire ça, Amandine...

J'ai rendu le téléphone à Amandine qui l'a rangée pour regarder un peu ce qu'il se passait autour d'elle. On arrivait presque au bout de la queue. Les nacelles de verre n'étaient plus qu'à quelques mètres. J'ai continué a regarder vers Victor qui continuait de rire et de plaisanter avec ses potes. Je l'ai regardé jusqu'à ce qu'il me remarque. On a échangé un sourire, juste un sourire. Pourquoi il semblait si distant ?

C'était à notre tour de monter, Amandine m'a violemment tirée vers elle pour entrer dans la nacelle. J'ai failli trébucher en entrant dedans, puis je me suis assise. Il a commencé à pleuvoir un peu. La nacelle nous a hissé lentement vers le ciel, je regardais Victor par la vitre. Il devenait de plus en plus petit à mesure qu'on s'éloignait de la terre ferme. Amadine m'a collé son téléphone sous le nez, elle me fatiguait. Je n'avais qu'une envie : profiter du calme de ce petit voyage en altitude. Mais elle me cassait les pieds avec ses fourberies. Barb ne parlait pas, elle levait les yeux au ciel.

— Victor est vachement chaleureux avec Rébecca.

— Arrête Amandine, j'en ai marre de tes âneries !

— C'est pour toi que je fais ça ! Je teste sa fidélité !

— C'est ça ! ai-je dit ironiquement. C'est surtout pour t'amuser que tu fais ça...

Un tremblement m'a coupé dans mes mots. La nacelle s'est mise à bougé. La pluie s'est abattue encore plus violemment sur les parois de verre, si bien qu'on ne voyait plus le paysage aux alentours.

J'ai commencé à avoir peur. Une nausée me guettait, j'avais un haut le cœur. Les yeux de Barbara grossissaient d'angoisse sous ses lunettes.

— C'est rien les filles, nous dit Amandine.

À ce moment-là, un éclair a fendu le ciel. J'ai poussé un cri qui a résonné dans toute la nacelle. Barbara s'est approchée de moi, inquiète, collant son épaule à la mienne. La nacelle tremblait de plus en plus, le vent sifflait. On est arrivé au point le plus culminant. La puissance du vent faisait grincer le fer de la structure et mon cœur était sur le point de lâcher.

— On va s'écraser au sol ! s'exclame Barbara en tremblant.

Je regardais les gens paniquer dans les autres nacelles. La roue continuait toujours de tourner malgré le vent et la pluie. Un autre éclair nous a illuminé et j'ai sursauté avant de m'agripper au siège.

Une fois que nous nous sommes rapprochés du sol, nous nous sommes préparés à sortir de la nacelle le plus vite possible.

Une chose est sûre, ce voyage dans le London Eye a été fort en émotion, et je ne suis pas prête de grimper à nouveau dans une grande roue.

***

Dead Girl's DiaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant