6 : Cassio

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La porte de mon bureau s'ouvre sur Colins, le médecin de la mafia.

— Son état est stable, elle se repose.

La tension dans mes muscles s'envole à ses mots. Je le remercie d'un signe de tête et il prend congé sans rien ajouter.

Elle a de la chance de n'avoir pris qu'une balle dans l'épaule. Je n'aurais jamais dû la laisser seule, c'était une mission suicide, je le savais mais j'espérais seulement qu'elle m'impressionnerait. Elle reste une jeune femme brisable ce qui signifie qu'elle possède des fragilités que je pourrais utiliser pour la soumettre. Il me faut cette Arme et tant que je ne sais pas à quoi elle ressemble ni comment l'utiliser, cette fille m'est nécessaire. Elle doit rester en vie. Je dois la briser pour qu'elle soit si faible qu'elle ne voit que par moi, qu'elle me laisse m'occuper de tout ce qui est trop puissant pour elle, qu'elle me donne l'Arme. 

Pourtant je sais d'avance que cela risque d'être compliqué. Cette tonta est une énigme attrayante qui m'intrigue plus que ce que je voudrais ; elle est une petite chose égarée et chétif et la seconde d'après elle se métamorphose en une femme confiante et redoutable. Et bien que je sache que rien n'y personne ne peut éteindre une étoile, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour étouffer ce feu ardent qui brule dans ses yeux avant qu'il n'extermine mon empire.

— Estrella, pourquoi es-tu venu jusqu'à moi ?

Je ne sais pas d'où elle débarque ni pourquoi elle est venue me voir au lieu de fuir loin d'ici. Et je ne sais encore moins pourquoi je l'ai acceptée.

Pourquoi lui ai-je fait confiance ? J'ai cru en ses dires sans jamais douter. Tout devrait me pousser à me méfier car chaque mot qui sort de sa bouche est déformé par le mensonge et pourtant, je ne le fais pas. Non, au lieu de ça je lui confie une mission d'où elle ne pouvait sortir intact, prenant le risque de perdre une sacrée marchandise. Je l'ai laissé y aller seule alors qu'elle venait d'avouer avoir menti ! Il faut croire que j'aime jouer avec le feu des étoiles.

Je devrais la tuer, l'enfermer, la torturer jusqu'à ce qu'elles avouent tout. Mais ma méfiance tombe comme un château de carte dès qu'elle pose sur moi son regard profond. Est-ce son innocence qui m'aspire dans ses filets ? Où est-ce l'ombre qui l'entoure qui me pousse à la percer à jour ?

Cette fille va nous causer bien trop de problèmes. Je le sais et pourtant je m'en fous. Elle va s'insinuer dans cette organisation et va se faire une place. Je le sais et j'ai comme cette envie qu'elle le fasse, qu'elle prouve ce dont elle est capable. Je veux voir ce monde la changer pour révéler sa vraie nature, celle que nous avons tous en nous, caché au fin fond de notre âme, une nature primitive qui est capable du pire. Mais je la détruirai. Cette chica mourra dans mes bras. Et quand elle se rendra compte du poison que je suis, il sera trop tard.

La porte s'ouvre à la volée sur Juan. Et à en croire par son expression, il est furieux. 

— As-tu emmené la marchandise dans nos entrepôts ?

Je sais qu'il l'a fait. La raison de sa présence n'a rien à voir avec une quelconque marchandise en réalité.

— Oui.

— Bien, nous l'enverrons en Europe dans la semaine.

Il ne dit rien dans un premier temps mais je sais que ça ne saurait tarder. Je ne comprends pas ce que cette fille lui a fait aux Etats-Unis, mais une chose est sûre : il veut la voir loin de nous. Je reporte mon attention sur l'ordinateur dans l'espoir de le dissuader de se lancer sur cette pente glissante. 

— La fille va nous détruire.

Je soupire. Et bien que je ne sois pas d'humeur pour cette conversation, je croise mes mains sur mon bureau et me penche dans sa direction.

L'arme de la Mafia (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant