18 : Sky

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Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Hantée par des souvenirs, j'ai fixé le plafond jusqu'au lever du soleil. Cassio n'est pas rentré et c'est pour le mieux. Ce qu'il s'est passé hier était de la pure folie ; se laisser tenter était une grosse erreur et même si je le savais, je n'ai rien fait pour empêcher que ça se produise. Si Juan ne nous avait pas interrompu qui sait ce qui aurait pu se passer ? Je dois garder en tête mes objectifs sans me laisser déconcentrer par cet homme qui m'a promis protection. Mais comment lui résister ?

Même la douche glacée ne peut éloigner les sensations qui me tourmentent depuis la veille.

Après m'être vêtue, je descends les escaliers sur la pointe des pieds, les oreilles grandes ouvertes mais malgré ma discrétion, Juan et Cassio interrompent leur discussion. Ils se retournent vers moi comme un seul et même homme alors je redresse les épaules et finis ma descente d'une démarche nonchalante avant de m'arrêter devant eux.

— J'aimerai voir Julio.

Son absence de réponse m'oblige à relever les yeux pour croiser les siens. Aussitôt je suis frappée par les images que j'essaie de repousser. Il est conscient de l'effet qu'il a sur moi et il s'en amuse.

— Qu'aurais-je en échange si j'exauce ton souhait ?

Il ne fonctionne qu'à travers des marchés qui, j'en suis sûr, le rende chaque fois gagnant. Juan s'enfonce dans le canapé en me jaugeant.

Que pourrais-je lui offrir qui serait assez intéressant pour le satisfaire mais qui ne serais pas assez important pour que j'y perde ?

— Ton guardia.

— Mon guardia ?

— Ma présence à ses côtés pourrait le faire revenir plus vite.

L'annonceur de mort éclate de rire tandis que Cassio n'esquisse pas le moindre geste. J'ai cette impression d'être fébrile ; mes jambes ne sont plus que des chamallow qui ne demande qu'à fondre sous mon poids et je pourrais m'effondrer sous son regard d'un instant à l'autre.

— Il n'a pas besoin de toi.

— Alors que veux-tu ?

Je me rends compte de l'erreur que j'ai commise avant même de l'avoir faite. Mais qu'aurais-je pu dire d'autre ?

— Tout Sky, je veux tout.

— Que veux-tu que tu n'aies pas déjà ?

— Toi, le monde, des réponses...

Mon cœur s'emballe. Il me veut moi, c'est tout ce que j'ai retenu. Il veut s'emparer de tout et ma liberté ne lui suffit pas. J'ai un choix à faire ; partir au risque d'être rattrapée et que le labo n'arrête jamais leur recherche ou rester au risque de ne jamais partir et de me faire engloutir par cet homme et son monde. D'ailleurs je ne sais pas qui est le plus dangereux. Son univers ou lui ? Pourtant plus je reste et plus l'envie de partir s'affaiblie. Non ! Je ne peux pas laisser une telle chose arriver, ma vie n'est pas ici. Cependant, à cet instant cette affirmation ne jouera pas en ma faveur.

— Je fais déjà partie de ton cartel, le monde est infecté par ton virus et tu as suffisant d'informations pour comprendre, tu ne veux simplement pas accepter l'impensable.

— Si j'ai toutes les informations, alors pourquoi ne pas tout me dire ?

— Car tant que je ne révèle rien, ce ne sera rien d'autres que des hypothèses.

Nous nous défions du regard et si je pensais être la première à baisser les armes, c'est lui qui le fait à mon plus grand étonnement.

— Emmène-la Juan.

L'arme de la Mafia (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant