26 : Sky

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Les silhouettes se penchent au-dessus de moi, et le visage de Mickael émerge avec une netteté troublante. Le trou béant sur son front est un rappel cruel de l'horreur que je peux engendrer. Dans ce silence oppressant, les voix résonnent avec une intensité et une terreur comparable à celles d'un hurlement de banshee. Éloignées des ténèbres nocturnes, elles me gardent éveillée, loin de Cassio.

— Tu souffriras comme nous.

Mon cœur bat trop vite dans ma cage thoracique. Leurs visages me donnent le tournis, et la lumière brûle mes rétines. Cassio, où es-tu ?

Un rire rauque emplit la pièce. J'aimerais fermer les yeux, me replonger dans l'obscurité. Mais Schmidt veille à ce que je ne puisse trouver le sommeil.

— Sans Elle, tu n'es rien qu'une petite fille fragile.

— Tu n'es qu'une abomination.

— Tes enfants paieront le prix de tes actes.

Leurs voix sont un véritable supplice, envahissant la pièce comme une torture incessante. Je me débats dans tous les sens, désespérément en quête de liberté. Je veux me libérer, échapper à ce flot incessant de paroles que je ne peux plus supporter.

— Laissez-moi !

— On te fera souffrir puis on te tuera.

— C'est-ce que tu mérites.

— Un monstre.

— Une mutante.

— Tu es contre-nature.

— Le fruit du diable.

— L'abomination de ce monde dont il faut se débarrasser.

Le hurlement qui s'échappe de ma gorge est strident, un reflet de mon désespoir. Il tente de couvrir ces voix, de les éloigner, mais elles sont infiniment plus puissantes. La honte de ce que je leur ai fait me consume.

Depuis plusieurs jours, le Docteur a modifié sa méthode. Lui qui connaît tout de moi, sait que ma force se trouve dans les ténèbres et dans mes pensées; ainsi il a réitéré sa méthode de m'exposer à une lumière aveuglante, face aux photos de toutes mes victimes — celles que j'avais choisi d'oublier. Il parle de syndrome post-traumatique, le même qui m'a sans doute fait oublier mes parents. Mais les images de leurs corps mutilés ont fait ressurgir des souvenirs par centaines, et la drogue qui coule dans mes veines les a ramenés à la vie, me torturant encore plus.

— Je te ferais souffrir.

— Je vous en supplie.

Les larmes inondent mes joues. J'ai un besoin désespéré de Cassio. Même si je sais qu'il a été tué, m'accrocher à son fantôme me permet de tenir bon.

— Je n'ai jamais voulu vous faire souffrir.

Ma voix est empreinte de supplication. Elle ne tente plus de couvrir leurs paroles, mais cherche seulement à demander pardon et à éveiller leur empathie.

— Qu'importe la volonté, seuls les actes comptent.

Un sanglot s'échappe de ma gorge. C'est eux qui m'ont forcée à agir ainsi. Je n'ai jamais voulu les torturer.

Ma tête vacille lorsqu'une claque retentit sur ma joue. Ma vision, désormais troublée, fait disparaître les visages, mais les photos accrochées aux murs et au plafond me contraignent à fixer les corps mutilés de mes victimes. Peu importe où je pose les yeux, je les vois. Et les voix continuent de résonner, me plongeant dans une folie insupportable.

L'arme de la Mafia (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant