8 : Sky

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On a passé la journée à repérer les lieux et à familiariser avec les rues de la ville. Le trajet a été long et accablant. Et si à présent mon seul souhait est de dormir, les deux frères ne sont pas de cet avis ; ils ont attendu avec impatience la tombée de la nuit pour se rapprocher de l'entrepôt ce qui nous condamne à rester plantés ici bien qu'on n'y voie rien de là où on est.

Mes paupières sont lourdes. Si je ne bouge pas, je vais finir par m'endormir.

— Je vais faire un tour.

— Tu ne bouges pas d'ici, m'ordonne Julio.

Je ne l'écoute pas et ouvre la portière. Le vent frais me fouette le visage. Je prends une grande inspiration, le nez levé vers le ciel nocturne dominé par des milliers d'étoiles.

— Remontes dans cette voiture, tonne Julio en claquant lui aussi sa portière.

— Toute la journée on a familiarisé avec les rues de la ville pour que vous puissiez assurer en cas de fuite. À présent, c'est à mon tour de mettre toutes les chances de mon côté. Je veux juste repérer les lieux.

— C'est trop dangereux !

— Plus que de rentrer seule dans un entrepôt rempli d'hommes qui veulent me tuer ?

Nous nous toisons mais je sais que j'ai déjà gagné.

— Sky...

— Restes-là, je n'en ai pas pour longtemps. Promis.

Je m'éloigne de la voiture lorsque la voix de Julio résonne jusqu'à mes oreilles.

— Si tu fais tout capoter, Cassio va nous buter tous les deux.

J'hoche la tête, pour lui montrer que j'en suis consciente et m'enfonce dans les ténèbres de la forêt qui s'agite sous mon passage. Ressent-elle la menace que je représente ? Aucun animal ne pointe le bout de son nez. Le calme domine en maître dans ce lieu.

Je slalome entre les arbres jusqu'à voir des lumières. Je me tapis dans la nuit et ne fais aucun bruit. Je suis une ombre parmi les ténèbres.

A l'orée de la forêt j'observe l'entrepôt gardé que par trois guardias mais je suppose qu'à l'intérieur, leur nombre est plus conséquent. L'emplacement de l'entrepôt est un avantage considérable pour ma mission ; perdu au milieu de la forêt et loin de la ville, seuls deux routes permettent de le rejoindre.

Alors que deux des guardias surveillent la porte, le troisième fait sa ronde, surveillant l'obscurité de la forêt. La fumée s'échappe de mes mains et lorsqu'il s'approche suffisamment, elle fuse jusqu'à lui. Aussitôt, l'homme s'immobilise.

— Vient dans la forêt, j'ordonne assez fort pour qu'il l'entende.

Il pivote et fonce dans ma direction sans se préoccuper de son collègue qui le hèle. Fais chier !

— Tu vas où ?

— Dis-lui que tu vas pisser, je chuchote.

Il répète mes paroles et l'homme se replace à sa position. Il reprend sa conversation sans se préoccuper davantage de mon pantin ce qui nous permet de nous enfoncer dans la forêt.

— Combien y'a-t-il d'hommes à l'intérieur ? Je demande lorsque nous sommes à l'abri des regards.

— Vingt.

Ils ne sont pas aussi nombreux qu'on le pensait. Je fronce les sourcils d'incompréhension. Medina n'aurait-il donc rien fait ?

— Seulement vingt hommes superviseront la transaction ?

L'arme de la Mafia (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant