27 : Cassio

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J'ouvre difficilement les yeux. La forte luminosité agresse mes pupilles. Luis est affalé sur un siège à mes côtés, tandis que Juan se tient debout devant mon lit. 

Je suis dans une chambre blanche, reliée à des machines qui émettent des bips sonores insupportables.

— C'est pas trop tôt !

L'horrible voix de mon frère résonne déjà dans ma tête, intensifiant mon mal de crâne.

— Je veux voir Alejandro Suarez.

Ce sont mes premiers et seuls mots. Je veux tuer ce petit pédé. Il a cru pouvoir me baiser facilement sans conséquences, je vais lui montrer quel sort je réserve aux traitres. Je vais lui faire regretter de m'avoir fait passer pour un con. Ce fils de pute a osé se présenter devant moi avec ses blessures superficielles en me mentant droit dans les yeux et je n'ai rien vu, et pour cause j'étais fou de rage et inquiet pour la chica.

Les vidéos de Sky que j'ai reçus me reviennent en tête. Elle hurlait et se débattait, parfois pendant des heures jusqu'à que ses forces l'abandonnent. Épuisée, ses yeux se perdaient sur des photos de cadavres, et elles pleuraient en silence, murmurant des suppliques à qui voulait bien l'entendre. Ils voulaient la rendre folle. Chaque fois qu'elle frappait sa tête contre le métal de la table me faisait vriller. Elle était en train de perdre pied et je ne pouvais rien y faire. Pourtant elle s'accrochait à moi. Fermant les yeux de toutes ses forces, elle m'appelait, parfois ce n'était qu'un murmure soufflé, mais d'autres c'était un appel à l'aide qui me déchirait de l'intérieur. Et je regardais chaque vidéo, encore et encore, parce que c'était ma faute s'il lui faisait subir tout ça. Personne mise à part moi n'avait le droit de les voir.

— Que sais-tu ?

J'arrache tous les fils et me lève de ce lit à la con. Joder ! On m'a pris pour un con. Il m'a pris la chica sous mon nez et je n'y ai vu que du feu. Ils l'ont torturée parce que je n'ai pas su la protéger et... je ne suis même pas avec elle.

— Où est-elle ?

Ce fils de pute l'a mise en danger et il en payera le prix. Je me promets de lui faire subir tout ce que ces cabróns ont fait à mi Estrella.

— Elle est à la villa avec Julio, commence Juan. Clins lui a rendu visite. Elle n'a rien eu de bien grave niveau physique. Quelques blessures qui avaient déjà été soigné pour la plupart.

— Mais ? Je demande inquiet face à son air dubitatif.

Juan évite mon regard et je dois l'appeler pour le faire cracher le morceau.

— Depuis son arrivée à la villa, elle n'a pas dit un mot. Elle semble absente, perdue dans ses pensées. Elle est amaigrie et refuse de manger quoi que ce soit. Elle s'est traînée jusqu'à la douche, y restant une longue heure mais quand elle est ressortie, elle s'est recroquevillée dans un coin de la chambre et n'a pas bougé depuis. 

Cette fois, il me regarde droit dans les yeux et j'y vois tout ce qu'il ne me dit pas. 

— Julio est inquiet, souffle-t-il.

Je le suis tout autant. Voilà ce qu'il ne dit pas. 

Je ne réponds rien et saisis les vêtements que Luis me tend. Je m'habille rapidement, ignorant la douleur aiguë qui irradie de mon abdomen et de mon épaule, chaque mouvement me faisant serrer les dents.

— On se tire.

Ils ne disent rien et me suivent sans un mot. Nous traversons les couloirs de la clinique, l'écho de nos pas résonnant dans le silence pesant. Je me glisse côté passager, et Luis prend place derrière le volant avec l'ordre de se bouger le cul.

L'arme de la Mafia (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant