9: Sky

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Mes jambes serrées.
Mon regard sur mes poings fermés.
Mes mains sont recouvertes de sang.

— Sky, est-ce que ça va ?

J'aimerai dire que je regrette pourtant au fond de moi, il y a cette partie qui a aimé. Elle s'est délectée de ces morts, de cette odeur de sang et de ce pouvoir. Chaque vie retirée est une douce caresse qui me terrorise. J'ai peur de ce que je suis en train de devenir, ou ai-je toujours été comme ça ?

— Sky ?

La voix de Julio parait lointaine.

Des images des différentes vies que j'ai prises me reviennent. Des yeux me hantent. Les voix bourdonnent dans mes oreilles, elles qui m'avaient quitté il y a quelques années déjà reviennent me torturer. Ma tête tourne. Je veux faire le bien. Pourquoi suis-je toujours obligée de tuer ? Le mal. Le mal. Toujours, le mal comme s'il était inscrit dans mon ADN. La mort. Les meurtres.

Je tue pour me protéger, pour garder le secret et le contrôle sur Elle. Je me protège au prix de nombreuses vies. Mais ma vie vaut-elle mieux que les leur ?

— Parle-moi Sky.

J'ôte la vie pour ne pas retourner au labo car si j'y remet les pieds, les victimes seront encore plus nombreuses. Dans tous les choix qui s'offrent à moi, je suis obligée de tuer ou de faire souffrir des gens.

— Que s'est-il passé là-bas ?

— J'ai tué Julio. Comme toujours...

Ses yeux quittent la route pour se poser sur moi. Mais je ne veux pas me confronter à son regard alors je continue de fixer mes mains pleines d'hémoglobine.

Des mains tueuses, des mains mutantes, des mains qui ne devraient pas exister.

— J'ai fui en emportant l'arme pour empêcher des gens malintentionnés de faire du mal avec. Mais regarde-moi ! Je ne suis pas mieux qu'eux. Je m'en sers pour tuer.

— Mais toi, tu ne t'en sers pas contre des innocents.

— Et alors ? Qu'est-ce que ça change ? Innocents ou pas je n'ai pas le droit de décider qui doit mourir.

Je n'ai pas le droit de vie et de mort. Tout d'un coup, je ne me sens plus aussi forte que durant ma fuite, je ne suis plus que l'enfant du labo qui craignait d'être punie pour ses bêtises, l'enfant qui a ôté la vie pour éviter d'être brutalisée, l'enfant qui en a pleuré pendant des nuits entières.

Je n'ai jamais été celle que j'aurais voulu faire croire, en réalité, je suis loin du compte. Le Général s'en est chargé, il m'a brisé afin que je reste toujours l'enfant manipulable.

Je me suis trompée sur toute la ligne, je voulais éloigner l'Arme de Cassio mais je me suis donnée à lui. Je suis l'Arme. Je me suis offerte sur un plateau d'argent et il m'utilise. Et le pire c'est que je les laisse faire, je leur ai donné l'occasion de le faire. Je prends plaisir à les servir, à tuer. Comme je le faisais pour le Général, je suis les ordres, je me soumets à la vie, à la mort, au plus fort.

— Sky...

— Un jour Julio, j'espère connaitre la paix. J'espère qu'un jour je pourrais me racheter pour tous ces morts.

— Je ne veux pas casser tes rêves mi Niña, mais tu ne pourras pas.

Mes yeux se baignent de larmes.

Ne peut-il pas me bercer d'illusions juste quelques minutes ? C'est peut-être égoïste mais j'aimerai retourner au laboratoire et effacé ces dernières semaines. Je veux qu'on me berce d'illusions, je veux croire que je suis une bonne personne. Je suis assez égoïste pour demander de ne pas souffrir même si pour cela je dois causer du tort à certaines personnes, car, que je sois dans le labo ou en dehors, des gens souffrent par ma faute. Alors autant que je choisisse le côté où moi, je suis heureuse.

L'arme de la Mafia (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant