2. 604

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Je ferme les yeux quelques instants pour profiter du silence réconfortant qui règne en maître dans ma chambre. Rien n'est plus savoureux que de sentir ce poison quitter mon organisme pour s'élever dans les airs sous sa forme brumeuse. Elle tourbillonne à mes côtés tel un cocon mortel mais je ne sens rien d'autre que les battements lents et réguliers de mon cœur.

La phase deux de mon plan est enclenchée. Il n'y a plus de retour en arrière. Je suis surexcitée de découvrir le monde malgré la boule d'appréhension qui a élu domicile dans mon ventre. Et si je faisais le mauvais choix ? Mais je ne lui laisse pas le temps de prendre le dessus sur ma détermination et ouvre les paupières, résolue.

Et d'un geste de la main, je projette la fumée sur la porte qui sort de ses gonds et s'écrase au sol.

L'alarme stridente rugit aussitôt. Les lumières du couloir s'éteignent pour laisser place aux éclairages rouges. L'alerte intrusion, ou devrais-je dire l'alerte évasion vient d'être déclenchée.

Un feu s'embrase dans ma poitrine lorsque je mets un pied en dehors de ma chambre. Mais mon euphorie retombe aussitôt qu'un groupe de soldats me tombe dessus.

— Regagnez votre cellule 604.

Sentant le danger, le nuage noirâtre m'enveloppe dans un cocon brulant engloutissant les balles qui fusent dans ma direction. Cette fois ce n'est plus un entrainement. Ce sont de vraies balles dans leurs armes. Je n'ai pas le droit à l'erreur.

Les projectiles retombent sur le sol dans un bruit métallique étouffé par l'alarme assourdissante. Je repousse ma fumée de la main si bien qu'elle fuse vers les soldats. Ils valsent dans la pièce mais je ne leur accorde déjà plus d'attention et reprends ma fuite. Le gaz s'accroche à moi lorsque je le traverse. Sa chaleur calme les battements frénétiques de mon cœur.

Mes fumées me rassurent autant qu'elles me font peur.

Elles sont terriblement dangereuses mais ce sont les seules qui me protègent.

Je cours dans les couloirs sans ralentir le pas malgré la douleur lancinante dans mon dos. Mes plaies se sont rouvertes. Ce chien de Wilson ne m'a pas raté.

A mon passage, scientifiques comme infirmières se cachent. Tous me scrutent avec peur. Même les soldats qui tentent de me barrer le chemin me craignent. La porte de sortie se dresse enfin devant moi. Je sais que derrière cette dernière se trouve le vrai monde et... la liberté ?

Mais suis-je en quête de liberté ? Etais-je prisonnière ?

Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis perdue. Je n'arrive plus à discerner le vrai du faux. Les informations se mélangent et s'embrouillent.

Et au moment où je pensais atteindre ma porte de sortie, une femme s'interpose.

Ava...

— Ma chérie, tu n'es pas prête à affronter le monde.

— Je ne veux pas l'affronter.

— Le monde est dangereux.

— Autant que vous ?

Ses yeux me caressent de sa bienveillance et pendant un instant je doute de mes intentions. Je ne reverrai plus cette femme qui m'a donné tant d'amours. Mes sentiments compriment ma poitrine.

— Le monde est bien trop cruel pour toi. Il t'engloutira.

Elle m'a souvent répété ces paroles.


Ava me tient fermement dans ses bras. J'ai encore une fois échoué, je n'ai pas réussi à me contrôler. La punition a été douloureuse. Ses coups étaient puissants et destructeurs. Wilson m'a répété que j'étais grande maintenant et qu'il ne me traiterait plus comme une enfant.

L'arme de la Mafia (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant