1. 604

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Une douleur lancinante irradie de mes veines noires. La brulure s'étend de mes mains jusqu'à mon cou en passant par ma poitrine. A chaque pulsation, mon cœur projette la toxine qui se rapproche chaque seconde un peu plus de mon cerveau. Elle est si intense que mes pensées sont focalisées sur elle. 

Je serre les dents pour les retenir. Des larmes inondent mes yeux tandis qu'ils m'observent de l'autre côté de cette vitre sans tain. Ils veulent estimer ma résistance pourtant je le sais, je suis trop faible par rapport à Elle. C'est Elle qui me contrôle, je ne suis que son pantin. 

Un gémissement passe la barrière de mes lèvres. Et puis soudain, la douleur dans mes bras diminue. La fumée s'échappe de mes mains et glisse sur le carrelage blanc. La porte s'ouvre à la volée sur mon mentor et ses traits crispés me promettent une douloureuse punition. Pourtant, je n'arrive pas à les arrêter, si je les aspire, Elle se vengera. Alors je toise le Général Wilson dans l'attente qu'il s'en prenne à moi bien que je sois sûr qu'Elle ne le laissera pas approcher.

Le Général Wilson.  

Il m'a tout appris. Chaque jour, il s'acharnait à m'apprendre l'art du combat et la maitrise de mes capacités. Il m'a puni quand je faisais des bêtises et m'a félicité quand je réussissais. Je lui dois tout. Ou presque... 

Si j'en suis là aujourd'hui c'est aussi grâce à celui que j'appelle "Père". Le Docteur Schmidt est celui qui m'a créé et qui m'a fait évoluer génétiquement. Un jour je rendrais fiers ces deux hommes en arrêtant la criminalité pour protéger les civils. Ce n'est qu'une question de temps avant que je ne sois enfin prête.

— Arrête ça 604, ordonne-t-il.

604, c'est mon nom, mon identité. Je suis la 604ème enfant de la patrie à donner de ma personne pour que Père puisse enfin réussir. Mais je suis la seule volontaire à avoir supporter la transplantation.

— Arrête immédiatement ou je serais dans l'obligation de te punir.

Aucun de ses arguments ne pourra me convaincre. Si je les aspire maintenant, elles me détruiront. Quoiqu'il décide de me faire, sa punition sera toujours bien moins douloureuse que le poison dans mes veines. Alors je les laisse ramper sur le sol. Elles sont sombres, obscures et dangereuses. Ces fumées ne sèment que chaos et destruction sur leur chemin.

Elles serpentent jusqu'au Général dans un silence angoissant. Ses sourcils se froncent. Je n'ai plus le contrôle, je ne l'ai jamais eu. Pourtant, je ressens un plaisir coupable de le savoir en position de faiblesse, savoir que je pourrais le briser d'un simple geste de la main. C'est un sentiment exaltant, et bientôt, je pourrais enfin utiliser pleinement mes fumées sans les limiter. 

Lentement, le Général recule jusqu'à la porte sous mon regard malveillant. Puis, quand elles enlacent ses jambes, il s'immobilise. Ainsi, elles remontent le long de son corps pour entourer sa tête. La panique envahie ses iris sombres alors qu'il est incapable de se défaire de leur étreinte. Vous avez bien raison d'avoir peur, personne ne sait ce dont Elle est capable. Personne ne connait les limites de ce que vous m'avez implanté ! Même vous, vous ne pouvez le savoir !

— N'ayez pas peur Wilson, elles ne vous feront rien.

Ma voix est rocailleuse, détachée et ne reflète aucun sentiment. Je ne me reconnais pas. Lorsque je perds le contrôle, je n'ai plus aucune morale.

— Vous avez peur de votre propre création ?

Au fur et à mesure de mes mots, ma fumée semble plus agressive et se resserre autour de sa victime.  

Et sans que je ne le décide, la fumée se faufile dans ses orifices et pénètre dans son organisme. L'instant d'après, je suis projetée loin de ma chambre ; une force extérieure me tire en arrière. J'aimerai hurler de peur mais aucun son ne sort de ma gorge serrée.

L'arme de la Mafia (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant