L'arme de la Mafia (en réécriture)

14 : Sky

Cassio roule à toute allure. J'ai les mains moites. Je déteste les voitures car la vitesse me terrifie. Et après ce qui s'est passé dans le bureau, je n'ai pas besoin que la peur agisse sur mes glandes. Ma toxine est tant présente que je la sens onduler sous ma peau.

— On est en train de reprendre le contrôle de l'entrepôt. Marco est parti avec Julio.

Mes poumons se vident dans un long souffle. Je suis si soulagée que j'en viens même à oublier la vitesse à laquelle on progresse dans la ville.

— Bueno. On va essayer de retrouver la cargaison.

— Elle est partie vers le nord.

Mais c'est de courte durée car déjà, il braque vers la droite. Je crie de surprise et ferme les yeux de toutes mes forces.

J'ai peur.
Mes veines bouillonnent. Je n'ai aucune maitrise sur la situation.

Je sens la brulure s'étendre sur ma poitrine. Les battements de mon cœur diminuent à cause de la nouvelle pression qui s'exerce sur celui-ci. Mais je ne m'y attarde pas. Je ne préfère pas penser à la perte de contrôle qui pointe le bout de son nez.

Après quelques minutes qui ont semblé interminable, j'aperçois au loin un camion fuser vers le nord de la ville. Trois voitures l'escortent ; la première lui ouvre le passage devant, l'autre le sécurise sur la gauche et la dernière ferme la marche derrière lui.

Et si je ne pensais pas cela possible, Cassio accélère. Et ainsi nous rattrapons le cortège.

— Il faut se débarrasser du convoi.

J'hoche la tête et baisse la vitre. Je respire un grand coup pour oublier la vitesse. Je fixe mon attention sur la plus proche voiture sans un regard vers la route. Cassio parviens à sa hauteur ce qui me donne une fenêtre de tir. Je ne flanche pas. La balle explose la vitre et traverse son crâne. La tête du conducteur retombe sur le volant actionnant l'avertisseur sonore. La voiture dévie et s'encastre dans un bâtiment.

Je recharge mon arme et crible de balles le véhicule devant nous. Mais c'est sans compter le passager qui riposte.

— Vise les pneus Sky !

Sitôt dit, sitôt fait. Les pneus de derrière explosent sous le plomb. La voiture fait un écart. Des étincelles pleuvent sur notre capot. Ils traversent les voies de gauche à contre-sens mais un véhicule les percute de plein fouet. A travers le parebrise arrière, je vois la voiture être projetée plus loin.

— On n'a pas le temps pour ça. Concentre-toi !

A ma droite, le camion progresse à la même allure que nous. Je dois rentrer à l'intérieur. Pourtant, je suis incapable de faire le moindre mouvement. Si je tombe, je ne survivrai pas. Le paysage défile sous mes yeux paniqués.

— Sky.

Je vais mourir à cause de la vitesse et je ne suis pas certaine que mes fumées puissent m'aider. Je n'arrive pas à détacher mes yeux du décor flou.

— Estrella ! Ce n'est pas le moment de faire une crise de panique.

Et même si la voix de Cassio me paraît lointaine, je m'y accroche de toutes mes forces pour me soustraire à la peur.

— Ne me fais pas regretter de t'avoir emmené.

Ne pas regretter.
Je ne risque rien.
Je dois lui prouver ce que je vaux.

Je m'autorise quelques secondes à fermer les yeux pour reprendre le contrôle malgré l'impatience de Cassio. Puis lorsque je me sens prête, je m'empare de la poignée et passe à travers la fenêtre. Quand tout d'un coup, la troisième voiture apparait devant nous et pile. Cassio fait une embardée et l'évite de justesse. Je hurle de panique. J'ai à peine le temps de voir les phares d'un énorme camion que la main de Cassio se referme sur ma jambe et il braque pour nous remettre sur notre voie.