L'arme de la Mafia (en réécriture)

13 : Sky

— Vous ne pouvez posséder une femme.

Enervée, je tourne les talons afin de m'éloigner de lui mais c'est sans compter Cassio qui n'est pas de cet avis. Mon dos rencontre le mur contre lequel il me bloque à l'aide de son corps. Et malgré mes talons, il est toujours plus grand que moi. Je ressens un plaisir coupable dans l'étreinte étroite de ses bras. J'aime quand ses doigts caressent la peau dénudée de mes cuisses. 

— Accepte-le Estrella, parce que jamais tu ne partiras. 

La colère explose dans mon ventre. Il n'a pas le droit de me garder prisonnière, ça ne doit pas se passer comme ça !

— Va crever Cassio !

Et alors que je pensais qu'il allait me faire regretter mes paroles, il presse ses lèvres contre les miennes. Un feu se déverse dans ma poitrine. Et dans un geste instinctif, j'entoure mes jambes autour de sa taille pour l'empêcher de s'éloigner. Je le veux plus proche encore. Nos langues se caressent. Des milliers de sensations exquises me torturent alors que ses mains me caressent, que sa bouche descend dans mon cou. Une agréable chaleur inhabituelle envahit mon ventre et mes mains, j'ai l'impression de m'enflammer tant ce qu'il me fait est exquis. Je voudrais qu'il ne s'arrête jamais. Je veux que ce feu me consume. 

Je tire ses cheveux quand il aspire la peau fine de mon cou. Mon corps se cambre contre le sien à la recherche de son contact. Et sans que je ne le contrôle, un gémissement s'échappe de mes lèvres et résonne dans la cuisine déserte.

Le feu devient plus intense encore, je fonds entre ses baisers et ses doigts experts qui explorent mon corps. Surpassée par les sensations, je papillonne. Soudain, tout s'arrête. Devant moi, Elle danse, moqueuse. La fumée nous entoure et la peur m'envahit aussitôt. Et s'il y avait quelques secondes seulement, je ressentais une intense chaleur, maintenant mon corps a soudainement froid. J'aspire le nuage qui embrase mes veines. La chaleur que je ressens n'est pas douce comme la précédente, celle-ci est douloureuse et destructrice. Elle est le feu qui a tué bon nombre de personnes. 

Mes jambes retombent douloureusement sur le sol et je repousse Cassio. Je vais lui faire du mal s'il reste près de moi. Mes fumées vont lui causer du tort car elles sont aussi dangereuses que les flammes. Elles sont le feu qui brûle en moi. Elle est ce qu'ils ont créés. Elle est l'Arme.

— Tu n'as pas le droit de me toucher sans mon autorisation.

— Pourquoi ne m'as-tu pas repoussé avant ? 

Parce que j'en avais terriblement envie.

Poussée par un désir puissant et un feu indomptable, je me suis laissée charmée. Je ne dois pas me laisser aller. Père a été claire. Les émotions sont dangereuses pour moi. Ce sont-elles qui alimentent mes glandes. Et je crains que la peur ne soit plus la seule qui les stimule. Je ne dois plus m'approcher de Cassio si je ne veux pas que ça se reproduise. Il est un danger pour moi, pour lui, pour mon secret. 

Je m'enfuie pour me réfugier dans notre chambre et referme à la hâte la porte derrière moi. Ne vient pas, Cassio. J'abandonne mes talons et m'enferme dans la salle de bain. Mes bras sont tellement douloureux que mes yeux se posent instinctivement dessus. Je reste sous le choc face au spectacle : la noirceur remonte jusqu'à mes épaules. Elle s'est étendue beaucoup trop rapidement. Ce n'est pas normal. Cela ne fait que deux jours que je ne me suis pas servie de mes fumées, il me faut habituellement plus d'une semaine sans utiliser une once de capacité pour en arriver à ce stade. Que s'est-il donc passé ?

Je suis obligée de m'accroupir pour accepter ce que je refuse à comprendre.

Et si Cassio les avait vu ? Un frisson de terreur me parcourt. Mon estomac se tord. Il va comprendre ce dont je suis capable et m'utiliser comme l'armée. Il va me voir comme une personne affreuse. A ses yeux, je deviendrais la petite fille changée génétiquement par les gringos. Il ne va plus me voir comme une étoile mais plutôt comme un monstre. Car c'est ce que je suis...