15 : Cassio

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Les mains nouées devant ma bouche, le regard perdu dans le vide, mes pensées dérivent sur la gringa ; Sky est une étoile mais partout où elle passe, l'orage éclate. Et si rien n'est calme depuis son arrivé, le changement qu'elle apporte dans ma vie est une bouffée d'oxygène. Elle a balayé toutes nos habitudes de mafieux d'un coup de main en nous obligeant à nous étendre, elle a forcé le cartel à se préparer à affronter le monde.

La porte s'ouvre à la volée sur Juan. Luis à sa suite, ferme la porte après son passage. Je ne daigne même pas lever les yeux vers eux. Juan fait une fixette sur la chica sans aucune raison, lui qui est habituellement si détaché du sort des autres, il s'intéresse un peu trop à elle. Il voudrait la voir aussi loin de ce cartel qu'il la protégerait quoiqu'il en coûte.

— Encore une fois j'avais raison. Je t'avais dit que cette fille allait nous poser des problèmes. Julio est à l'hôpital par sa faute.

— Elle n'était pas là lorsque c'est arrivé. Toi, en revanche, tu y étais.

— C'est son arrivée qui nous a fait entrer en guerre avec Medina, crache-t-il.

— Nous l'avons toujours été.

Contrairement à Juan, mon ton est calme. Je n'ai pas pour but de perdre du temps sur cette histoire.

Luis s'installe sur une chaise sans jamais ouvrir la bouche. Pour le moment, il se contente d'écouter, pourtant nous savons tous qu'il est du même avis que Juan. C'est si rare que leurs avis convergent qu'il faut le noter.

— On n'est pas assez fort contre lui Cassio. Ce cartel n'est pas assez puissant pour faire face à celui de Medina.

— Ne sous-estime pas ton propre cartel, je l'avertie.

— Ce n'est qu'une question de temps avant que les gringos nous pourchassent. S'ils se ramènent, c'en est fini de nous et je suis sûre que tu n'y as même pas réfléchi.

— J'y ai pensé.

— Mais pas suffisamment.

— Remets-tu en doute mes capacités ?

Je relève les yeux sur lui en signe de défi. Bien que j'aie toujours accorder une importance particulière à son avis, je refuse qu'il doute de mes choix. Je sais ce que je fais.

— Ça sera notre perte hermano. Cette fille sera notre perte. Tu n'aurais jamais dû accepter ce... ce quoi déjà ? Un marché avec une pauvre chica sortie de nulle part, continue-t-il d'une manière désinvolte.

— Il est trop tard pour faire machine arrière.

— Tue-la, prononce Luis.

Le silence retombe dans la pièce, même Juan ne s'attendait pas à une telle réplique. 

Mes mains cognent contre le bois du bureau quand je me relève, mes yeux valsent entre mes deux frères. Malgré l'expression rageuse de Juan, il n'est pas du même avis que Luis même s'il ne le contredit pas, en revanche le calme plat de Luis me révulse.

— En un mois, notre fortune a pris quelques millions sans mettre la vie d'un seul de nos guardias en danger. Seulement en envoyant cette chica faire votre boulot.

— Quelques millions ? C'est quoi contre l'avenir du cartel ? Rétorque Juan.

Si ses paroles avaient été prononcées par une autre personne que Juan, mon plus proche ami, je lui aurais flanqué une balle entre les deux yeux pour cette simple insolence. Mais je n'en ferai rien, Juan est ainsi, et, pendant des années, il m'a aidé. Grâce à lui et à son franc parler, je ne sais combien de situations désagréables j'ai évité. Pourtant cette fois, rien de ce qu'il pourra dire ne me fera changer d'avis.

L'arme de la Mafia (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant