À l'aube de l'autre monde

Chapitre 5

-Billy, Billy, Billy... Qu'est-ce qu'on avait dit sur les filles que tu ramènes à la maison ?
-On faisait un expo-..., commence Billy en se levant de sa chaise.
-Je me fous de ce que vous étiez en train de faire, le coupe son père. Viens avec moi.

Son père sortit de la chambre. Billy le suivit avant de me lancer un dernier regard inquiet et de partir de la pièce. Je restai donc seule, je ne comprenais pas ce qu'il venait de se passer. Son père paraissait si froid, il me faisait un peu peur, à vrai dire. Sans que je ne m'y attendais, un bruit sourd se fît entendre. Comme un verre qui se brise, suivit de nombreux coups. Je plaquai ma main sur ma bouche, complètement surprise par ce que j'entendais.
Quelques minutes plus tard, lorsque les cris de son père et les coups se finirent, Billy remonta à l'étage. En l'entendant, je rassemblai mes affaires. Il entra dans sa chambre et resta au seuil de la porte.

-Tu ferais mieux d'y aller.
-Ouais...

Je pris mon sac et m'arrêtai devant Billy. Il avait le contour de l'œil noirci et le coin de la bouche un peu ensanglanté. Instinctivement, ma main se posa sur sa mâchoire et je passai mon pouce sur le sang au coin de sa bouche qui coulait légèrement pour l'enlever. Il me regardait avec bienveillance et tristesse et pourtant je le sentais énervé.

-T'es sur qu-...
-J'ai pas besoin de ton aide Juliette, répond-t-il froidement en détournant le regard.

J'enlevai ma main et sortis de la pièce. Pourquoi ne voulait-il pas d'aide ? Qu'est-ce qu'il se serait passé si son père n'avait pas fait irruption dans sa chambre ? Je n'avais même pas remarqué qu'il m'avait appelée par mon prénom. En bas des escaliers, je marchai en direction de la porte d'entrée.

-Bonne soirée, me dit gentiment une femme.
-Merci, vous aussi, répondis-je en souriant légèrement.

Je sortis de la maison. Le père de Billy n'était pas là. Je marchais donc, il allait falloir que je rentre à pieds maintenant. Et Billy n'habitait pas à côté du chalet.
Je marchai depuis cinq bonnes minutes jusqu'à ce qu'une voiture ralentisse à mon niveau.

-Monte. Je te ramène.

Je soupirai, il arrêta sa Camaro puis je montai côté passager. Il redémarra et me conduisit en direction du chalet. Billy roulait un peu plus doucement qu'à l'accoutumé, sa main droite tenant fermement le volant tandis qu'avec sa main gauche, il fumait une clope. Tout le trajet se déroulait en silence, je n'osais dire quoi que ce soit depuis ce que j'ai entendu. Une fois arrivés, j'allais ouvrir la portière mais Billy me retint par le bras.

-Ne raconte à personne, ce que tu as entendu, ok ? dit-il en insistant sur « personne ».

Je le fixai, fronçant légèrement les sourcils. Je mimai un « oui » avec ma tête et sortis de la voiture une fois que Billy eut lâché mon bras. Il resta la jusqu'à ce que j'entre dans le chalet. Dedans, tout était silencieux.

-Elfe ?

Je fis lentement le tour de la maison.

-Onze !?

Personne ne répondit. J'entrai dans sa chambre, elle n'était pas là. Je commençai à paniquer, où est-ce qu'elle a bien pu aller ?
A peine quelques minutes plus tard, mon père entra en trombe dans le chalet.

-Où est-elle ? demande-t-il énervé.
-J'en ai aucune idée, je viens à peine d'arriver.

Il passa une main dans ses cheveux, affolé. Il essaya de se détendre alors pour cela il s'alluma une cigarette.

-Et, comment ça tu « viens à peine d'arriver » ? Les cours sont finis depuis trois heures.
-J'étais chez un ami, on devait faire un exposé.
-Un ami ?
-Oui...
-C'était qui ?