Chapitre 38

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Il tapa contre la fenêtre de ma voiture et s'abaissa. Je l'ouvris, juste pour entendre ce qu'il avait à dire.

-Je suis tellement désolé princesse, dit-il essoufflé et sincère. Tu sais que c'est pas moi. Tu sais que c'est pas de ma faute. Je t'en supplie pardonne-moi.

Je gardais la tête baissée pendant qu'il débitait ses paroles.

-S'il te plaît...
-Je sais tout ça Billy, je le sais. Arrête de t'excuser. Tu sais autant que moi que s'il ne s'attaque pas à quelqu'un d'autre, il s'attaquera à moi. Tu n'y peux rien et tu n'y es pour rien.
-Non, ça n'arrivera plus, je te le promets.
-Billy..., je ne pense pas qu'un monstre épargne ses victimes en fonction des affinités entre l'hôte et elles, dis-je dans un léger sourire.

Il baissa la tête et soupira. Finalement, on se dit au revoir et le temps était venu pour moi de rentrer. Je démarrais ma voiture et jetai un dernier coup d'œil à Billy avant de prendre la route.

J'arrivais une bonne vingtaine de minutes plus tard. Le chalet était plutôt calme. Papa était toujours je ne sais où. Elfe, quant à elle, était chez Mike. Je me retrouvais donc seule. Avec ma solitude. Je pris un livre et me jetai dans mon lit. Le calme retentissait autour de moi. J'étais plongée dans mon livre, dans ma bulle, m'imaginant un tas d'images à chaque mots que je lisais.

Ce ne fut que bien plus tard que je sombrais dans le sommeil.

Je me réveillais à cause d'un toquement à la porte d'entrée. En ouvrant les yeux, je regardais par la fenêtre et vis qu'il faisait déjà nuit. J'avais dormi aussi longtemps ?

Je sortis de mon lit puis de ma chambre. Qui pouvait bien toquer alors qu'il faisait nuit ? Mes pas me menèrent jusqu'à la porte d'entrée. Je l'ouvris et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je tombais sur...

-Maman ?

Je restais bouche bée en la voyant sur le pas de la porte. Elle arborait un léger sourire comme si la situation lui paraissait complètement normale.

-Bonsoir ma chérie, dit-elle en s'avançant, posant un baiser sur mon front et se dirigeant à l'intérieur du chalet.

Je refermais la porte dans le silence, toujours en transe. Je me retournai vers elle, cherchant mes mots. Je fronçais les sourcils, j'essayais de faire les liens dans ma tête. Pourquoi était-elle là ?

-Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je suis de passage seulement alors je me suis dit pourquoi pas venir voir ma petite fille, dit-elle avec son sourire agaçant.

L'entendre m'appeler "sa fille" était toujours étrange pour moi même si cela ne faisait que sept ans. Elle était partie sans se retourner, sans penser aux traumatismes que son départ pouvait me laisser. Et aujourd'hui, j'avais appris à faire sans elle. J'avais appris à ne pas avoir de mère à mes côtés, m'appelant "sa fille" devant ses amies, sa famille, n'importe qui. Juste un signe qui montrait que j'étais quelqu'un pour elle.

-Papa sait que t'es là ?
-Non. A vrai dire, je pensais le voir ici. D'ailleurs qu'est-ce qu'il lui prend de te laisser seule dans un chalet, en plein milieu de la forêt ?

Je commençais doucement à m'énerver intérieurement. Elle ne pouvait pas juger mon père sur ses capacités à être père sachant qu'elle n'avait pas été là pour moi lorsque j'en avais le plus besoin. L'adolescence, c'était le début de ma vie, là où j'aurai voulu avoir mes deux parents. Surtout après la mort de Sarah. Elle n'a pas été là pour moi à ce moment-là, et je ne manquerai pas de le rappeler s'il le fallait.

-Je suis assez grande maintenant pour être seule, tu sais, dis-je en croisant mes bras sous ma poitrine.

Elle ne répondit rien, me toisant de haut en bas.

-Qu'est-ce que tu as grandit ma puce.

A vrai dire, je n'aimais ce surnom que lorsqu'il sortait de la bouche de mon père ou de Joyce.

-Je suis désolée de ne pas être venue plus tôt.
-Maman, tu te rends compte que la dernière fois que je t'ai vue, c'était à l'enterrement de Sarah ?
-Oui, je sais bien..., commença-t-elle en prenant ses airs de chiens battus. Et j'en suis vraiment désolée.

Je baissais les yeux mais je ne pouvais pas la croire. Elle n'était pas désolée. On ne mettait pas sept ans pour être désolée.

-Comment t'as su où on habitait ?
-J'ai demandé au commissariat.

Je soupirais, et me rendis dans la cuisine. Ma sieste m'avait ouverte l'appétit, tout de même. Je me préparais un sandwich. Je sentais le regard de ma mère parcourir le chalet avant de se poser sur moi.

-Ton père ne t'a pas appris à cuisiner ?

Cette fois-ci, je soupirais plus d'agacement. Je reposais mon sandwich, sans avoir même pu y toucher.

-Je sais cuisiner. Et même si ce n'est pas papa qui m'a appris, ça ne veut pas dire qu'il a raté mon éducation, lui dis-je durement.

Je repris mon repas en main et m'asseyais à table. Je commençais à manger, mon regard se faufilait quelques fois sur ma mère qui semblait faire le tour de l'habitacle.

-Pourquoi y'a t'il trois chambres ?

Surprise, je faillis m'étouffer avec un bout de pain. Je n'avais pas pensé à ça.

-Il y'a une chambre d'ami.

C'était plutôt légitime comme excuse.

-Laquelle est la tienne ?

Ses questions me montaient à la tête. Je lui indiquais ma chambre, elle sembla vite comprendre laquelle était celle de mon père. Alors, elle s'approcha de la troisième, celle d'Elfe.

-Et vous avez décidé de décorer la chambre d'ami comme une chambre d'adolescente ?
-Putain maman arrête de poser des questions, m'énervais-je tapant ma main sur la table. Quand est-ce que tu repars au juste ?
-Demain matin.
-T'avais prévu de passer la nuit ici ?
-Oui. C'est pour ça que j'espérais que ton père soit là.
-Tu sais qu'il n'aurait jamais accepté. Putain y'a des hôtels dans cette ville. Tu peux bien faire marcher l'économie non ?

Je m'énervais un peu. Mais toutes ces années sans pouvoir lui faire comprendre la haine et les remords que j'éprouvais envers elle étaient révolues. Maintenant qu'elle était là, je ne ressentais plus que cette haine.

-C'est ton père qui t'influence à être aussi vulgaire Juliette !? s'énerva-t-elle en s'approchant de moi.
-Non. C'est moi, moi et moi seule. Arrête de tout le temps rejeter la faute sur lui, d'accord ? Je préférais être vulgaire comme lui plutôt que d'avoir un balai dans le cul comme toi.

Ses yeux s'écarquillèrent. Je n'attendais pas sa réponse et partis m'enfermer dans ma chambre. Fort heureusement, je savais que Elfe passerait la nuit et encore la journée chez Mike alors je n'avais pas trop de soucis à me faire concernant elle voyant ma mère dormir au chalet.

Depuis ma chambre, je portais une oreille attentive aux sons alentours. Je pouvais distinguer ma mère se diriger dans la chambre d'Elfe. Mon père et elle ont dormi dans le même lit pendant des années et pourtant elle va dormir dans le lit d'une ado. Pathétique. Mon père, la dégoûtait-il autant ?

Je ne prêtais plus trop attention et lorsque mes yeux se fermèrent, je tombais directement dans un sommeil profond et bien mérité.


(NDA : petit temps d'absence sorry. encore une fois je sais que la mère ne revient pas mais faut bien que je rajoute des scènes sinon dans trois chapitres l'histoire est terminée 💀)

À l'aube de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant