Chapitre 33

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Le lendemain matin, j'étais assise dans la canapé en train de regarder la télé.  Mon père prenait sa douche et Elfe et Max étaient parties se promener, me semblait-il.

Je regardais tranquillement le programme qui passait lorsque je vis mon père sortir de sa douche, une simple serviette autour de sa taille.

-Papa ! Tu pourrais te rhabiller avant ! me plaignais-je en amenant un coussin devant mes yeux.

Je l'entendis rire discrètement puis prendre ce qui me semblait être des médicaments. Il alla vers le frigo pour prendre quelque chose. Quelques secondes plus tard, quelqu'un tambourina à la porte, appelant le nom de mon père.

-Vas-y, me demanda mon père.
-Pourquoi moi ? Tu peux y aller toi.
-T'es la plus proche.
-Et alors ? dis-je en le regardant, sans plus d'arguments.

Il leva les sourcils, je soupirai et me dirigeai alors vers la porte d'entrée. Je l'ouvris, découvrant Joyce, complètement affolée.

-Oh Joyce ! dis-je d'un certain ton.

Je regardais ensuite mon père qui leva rapidement les yeux au ciel en soufflant.

-Salut ma chérie, me dit-elle en me prenant rapidement dans ses bras.
-Tiens regardez qui voilà ! ajouta mon père en s'approchant.

Joyce entra vivement dans le chalet tout en se dirigeant vers le frigo. Je refermai la porte alors que les deux se parlaient. Je sentais que ça allait probablement partir en cacahuètes. Mon père semblait vraiment remonté contre Joyce. Mais elle, elle n'avait pas l'air de s'en rendre compte. Hopper parla du lapin qu'elle lui avait posé mais elle n'écoutait pas. Elle posa au sol des aimants, je la regardais faire ne comprenant pas ce qu'elle désirait montrer.

-Attends et regarde.

Elle commença à essayer de coller les aimants au frigo mais rien se passait. Les aimants, comme le disait le nom, ne voulaient pas s'aimanter. J'observais ça silencieusement et sérieusement. Hopper avait mis sa chemise de chef mais l'avait laissée ouverte. Mon père, lui, prenait ça quelque peu à la légère tout en disant à Joyce qu'elle commençait à lui faire peur. J'assenai un coup de coude dans ses côtes. Il lâcha un dur « Eh ! », puis nous nous concentrâmes enfin sur ce que Joyce avait a nous dire.

-T'as failli tomber a cause de ces aimants, tu te souviens ? demanda-t-elle à Hopper.
-Oui, soupira-t-il, en s'asseyant sur le haut du canapé.
-Mais, ils tombent la nuit, ils perdent leur magnétisme.
-Oh vraiment ?

Ses réactions désintéressées me faisant un peu rire mais il se devait de prendre ça sérieusement.

-Il s'est passé exactement la même chose chez moi, la nuit d'avant. Et du coup j'ai trouvé ça bizarre, c'est vrai, pourquoi... pourquoi ces aimants se mettraient-ils à perdre leur magnétisme. Du coup, je suis passée voir Scott-..., débita-t-elle.
-Scott ? la coupa mon père. C'est qui Scott ?

Je voyais une once de jalousie dans son timbre de voix. Imaginer mon père jaloux, c'était quelque chose de rare dans une vie. Il s'enchaînait les coups d'un soir et ne s'attachait jamais, surtout pas au point de devenir jaloux. Mais avec Joyce...c'était différent. Et je devais avouer que je trouvais ça mignon. J'adorais Joyce et mon père et je trouvais qu'ils pourraient former un beau couple.

-Scott Clarke, désigna Joyce comme si c'était évident.
-Le prof de science de ton fils ?
-Ouais, et il est plutôt brillant faut se l'avouer.

L'une de mes mains vient se poser sur mon front, en signe de désespoir. Joyce venait sûrement de dire la chose à ne pas dire à mon père maintenant. Je me retournais en vu de me reposer dans la canapé. Je passai devant mon père qui regardait loin devant lui, et lui tapotai l'épaule, en signe de « bonne chance ».

-Je lui ai demandé comment ça avait pu arriver et il a créé tout un champ magnétique en se servant d'un transformateur qu'il a relié à un solénoïde et euh tu vois, en gros, ce solénoïde-...

Joyce parlait affreusement rapidement. Mon père et moi on se regarda quelques secondes avant de reporter notre attention sur elle. Il lui demanda de se calmer un peu.

-Je veux être sûr d'avoir bien compris d'accord, dit-il en se relevant du canapé. Tu m'as posé un lapin, pas de coups de fil, encore moins d'excuses parce que tu as dû aller faire un tour chez Scott Clarke, le prof de science ?
-Oui.
-Oh oh ! mon père rit nerveusement. T'as fait très fort sur ce coup Joyce. Vraiment très fort. Nan là tu t'es carrément surpassée.

Je sentais l'engueulade venir. Joyce essayait de faire comprendre à mon père que Scott Clarke avait réussi à démagnétiser certains aimants. Il pensait aussi qu'une sort de champ magnétique de grande envergure pourrait être créer avec une sorte de machine ou d'une expérimentation technologique. Mon père s'énerva encore, dépassé par le fait que Clarke soit aussi brillant et probablement célibataire.

Elle parla ensuite du fait que c'était forcément eux, le labo, qui avait créé cette machine. Il fallait de nombreux moyens pour créer cela alors ça ne pouvait être qu'eux. Elle demanda même à mon père de l'emmener là-bas, au labo mais il ne voulait pas. Il se rendit ensuite dans sa chambre, fermant le rideau qui lui servait de porte.

-Après tout ce qui s'est passé, c'est pas une blague ! dis Joyce.
-Oh je sais que c'est pas une blague ! Ce que je crois, c'est que quand je t'ai invitée à dîner, tu as eu peur. Je crois que tu as eu les chocottes et là, tu t'inventes une histoire. Tu inventes une histoire pour noyer le poisson et réussir à m'envoyer paître.

Joyce me regarda, complètement désespérée. Je riais légèrement, puis elle me fit signe de la suivre. Mon père discutait toujours seul. Je me levais du canapé et nous nous rendîmes vers le cabanon derrière le chalet. Elle s'affaira à chercher quelque chose tandis que je la regardais faire.

-Tu as besoin de quoi ? lui demandais-je pour pouvoir être utile.
-Des lampes... et une pince.

Une fois qu'elle m'eut dit ce dont elle avait besoin, je me dirigeais vers un coin de la cabane où se situaient les lampes torches. Elle trouva la pince et nous sortîmes rapidement.

-Qu'est-ce que tu fabriques ?
-Je dois t'emprunter ça, lui dit Joyce en marchant rapidement.

J'essayai tant bien que mal de la suivre mais je sentis deux bras s'enrouler autour de ma taille. Mon père me ramena contre lui.

-Toi t'iras nul part, dit-il durement.

Joyce s'était arrêtée pour regarder la scène.

-Hopper, elle est assez grande pour venir avec moi !
-Grande ou pas, je ne veux pas qu'elle soit en danger ! gronda Hopper.

Je trouvais ça mignon mais en même temps, je voulais pouvoir me sentir utile dans cette histoire. Déjà l'année dernière je m'étais sentie inutile pour combattre les Démochiens, etc. Cette fois-ci, je comptais bien aider.

-Elle à 18 ans !
-Et alors ? dit-il à court d'arguments.
-Laisse la prendre ses propres décisions ! Comment veux-tu qu'elle fasse quand elle quittera Hawkins pour ses études si c'est toi qui lui dit quoi faire !? Laisse la être autonome Hopper !

Je sentis la poigne de mon père autour de moi se desserrer jusqu'à me lâcher complètement. Joyce avait vu juste. Il fallait couper le cordon. Elle se rendit ensuite vers sa voiture. Je me retournais vers mon père, son regard s'était quelque peu adoucit et avait fait place à de l'interrogation.

-Tu veux quitter Hawkins ?
-Oui, sûrement, lui répondis-je d'une petite voix.
-Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
-Je sais pas...

Le regard baissé vers le sol, je n'osais pas voir sa réaction. Je n'avais pas forcément hâte de quitter Hawkins, de quitter mon père, de quitter Elfe et tout ce qui me tenait à cœur ici. Mais j'avais des projets de vie qui n'étaient pas compatibles avec cette ville.

Sans plus un mot, je me tournais dos à lui et partis rejoindre Joyce vers sa voiture. Cependant, mon père arriva vite et nous dit de monter dans la sienne.

Le trajet se fît en silence, la pluie sur le pare-brise était le seul son que nous pouvions entendre. Après de longues minutes, nous arrivâmes au labo.

À l'aube de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant