Chapitre 30

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Cette soirée au restaurant se passa très bien. Ça faisait un bail que mon père et moi n'avions pas passé un tel moment, seulement les deux. Nous étions rentrés voyant que Mike et Elfe étaient toujours les deux dans la chambre de la jeune fille. Mon père soupira et alla dans sa chambre. Je fis de même mais dans ma chambre.

De la pièce, j'entendis mon père aller dans la chambre de ma sœur et il commença à parler. Je me rendis compte qu'il n'utilisait absolument pas le texte que Joyce lui avait préparé mais plutôt l'excuse que la grand-mère de Mike était malade. Je soupirais, cela m'exaspérait. Je les entendis sortir du chalet et la voiture démarrer.

J'étais installée à mon bureau, à faire quelques activités manuelles lorsque ma sœur entra dans ma chambre. Elle se vautra sur mon lit, sa tête dans mes coussins. Elle hurla un bon coup dedans et se retourna sur le dos, les yeux rivés au plafond.

-Qu'est-ce qu'il t'arrives ? lui demandais-je un sourire aux lèvres.
-Je ne comprends pas ce qu'il a contre Mike. Pourquoi c'est pas toi qu'il engueule ? dit-il en faisant référence à mon père.

Elle n'avait pas tord. Il connaissait bien Mike, et il savait que c'était pas non plus le garçon le plus problématique au monde. Comparé à Billy... Lui qui était souvent amené au poste de police à cause de sa manière de rouler, ou même parce qu'il s'est battu. Mon père le détestait vraiment, mais il ne m'avait jamais vraiment pris la tête quand je lui disais que j'allais voir Billy ou même le jour où il a appris que lui et moi étions ensemble.

-Je ne sais pas, à vrai dire, dis-je plus calmement, tout en continuant mon activité.
-Il déteste Billy mais c'est de Mike qu'il se méfie le plus.
-Sûrement parce que tu es plus jeune. Et Mike est ta première relation. T'es pas habituée alors il ne veut peut-être pas que tu souffres.
-Il était pareil quand t'as eu ton premier copain ?

Je me perdis quelques instants dans mes pensées, me remémorant mes moments passés avec mon premier petit-copain. Il s'appelait James. Il venait d'Angleterre. On s'était rentré au collège. Il venait à peine d'arriver à Hawkins. Étant très sympathique et sociable à l'époque, j'avais fait en sorte qu'il se sente vite intégré dans cette ville et dans ce collège. Nous nous étions beaucoup rapprochés plus les mois passaient. Nous étions devenus meilleurs amis et de fils en aiguille, des sentiments ont commencé à se développer. Des sentiments amoureux. Je le considérais comme mon premier petit copain mais non comme mon premier grand amour. Je l'ai aimé c'était certain. C'était avec lui que j'avais découvert ce que ça faisait d'être aimer, d'aimer en retour. Ce que c'était que d'être en couple. Surtout d'être soutenue après la mort de Sarah. Je lui avais fait part de mes problèmes passés étant donné que ma confiance en lui grandissait de jour en jour.

J'en avais parlé à mon père évidemment. Il était heureux de l'apprendre mais il faisait de plus en plus attention à moi. Il n'aimait pas trop me savoir chez James. Qui savait ce qu'il pouvait être capable de faire. Et surtout en ce qui concerne « la première fois ». Après, ce n'était pas avec lui que je l'avais fait. Mais ça c'était une autre histoire.

Je ne pouvais que confirmer à Elfe, que oui papa avait eu le même comportement bien que cela eut été quelque peu différent. On vivait encore dans un semblant de mobil-home. Je ne pouvais pas demandé à James de venir ici alors j'allais tout le temps chez lui. Et il n'y avait jamais eu de rencontre officielle entre mon père et James. Cependant, il connaissait très bien mon père du fait qu'il était déjà le chef de la police.

-Ça me rassure, dit Elfe après lui avoir expliqué tout cela. Mais ça n'empêche qu'il a pas à faire ça.

Nous continuâmes de discuter jusqu'à ce que nous entendîmes mon père revenir. Elfe sortit de ma chambre et je l'entendis sermonner mon père.

On mangea dans le silence puis on partit tous se coucher.

J'avais du mal à dormir. Je sentais une angoisse permanente qui me prenait la gorge et le ventre. Pourtant je n'avais pas de quoi stresser. Il était tard, mon père ronflait comme je ne savais quel animal de la forêt et Elfe dormait aussi à poings fermés. Je sortis de ma chambre et allai dans la cuisine pour me servir un verre d'eau. Ce n'était que lorsque j'allais porter mon verre à ma bouche que le téléphone sonna. Qui pouvait bien appeler à une heure pareille ? Il était pas non plus minuit mais à partir de 20h, en général, plus personne n'appelait.

Je m'en approchais rapidement et décrochais afin que le bruit ne réveille pas les deux personnes endormies.

-Allô ?
-Juliette ? demanda une voix faible et affreusement essoufflée.
-Billy ? Pourquoi t'appelles aussi tard ? Il t'est arrivé quelque chose ? m'inquiétais-je, tout en essayant de ne pas parler trop fort.
-Oh putain..., souffla-t-il, l'air de reprendre ses esprits.
-Billy explique-moi, dis-je calmement mais j'entendais un énorme bruit de l'autre côté du téléphone, Billy ? Billy !?

Aucune réponse. Un bip s'enclencha signifiant que l'appel avait été coupé. L'angoisse que j'avais ressenti était encore plus forte maintenant que cet appel avait été passé.

-C'était qui ? une voix me sortit de mes pensées alors que je reposais le téléphone sur son support.
-Euh..., du démarchage.

Mon père me regarda, suspicieux. C'était vrai que du démarchage qui appelait à cette heure là, c'était quand même surprenant.

Je fixais mon père qui se dirigeait vers la cuisine pour prendre un verre d'eau lui aussi. Il se posa contre le meuble de cuisine et me regarda.

-Pourquoi tu dors pas ?

Je l'observais longuement, ne sachant pas quoi lui répondre. Devrais-je lui mentir ou non ?

-Je sais pas. Je suis un peu stressée.

Et pas qu'un peu. Mais ça il n'avait pas besoin de le savoir. Je le vis soupirer en reposant son verre vide dans l'évier. Il s'approcha de moi et à ma grande surprise, il me prit dans ses bras.

-Ça va, t'es moins stressée là ? demanda-t-il alors que je peinais à respirer, tellement il me serrait fort.
-Je me sens beaucoup mieux, merci papa, riais-je.

Il se sépara de moi et me fixa droit dans les yeux.

-Je vais me recoucher, et tu ferais mieux de faire pareil, dit-il en se dirigeant vers sa chambre.

Il se retourna vers moi avant d'y entrer, j'attendais qu'il dise autre chose.

-Et demain, t'auras intérêt à me dire la vérité sur qui a appelé.

C'était à mon tour de soupirer. J'étais vraiment mauvaise pour mentir à mon père. C'était à croire s'il ne lisait pas dans mes pensées. Je retournais me coucher et faisais abstraction de cet appel. Billy semblait vraiment paniqué. Sa voix était essoufflée et il semblait perdu. J'espérais le voir en sécurité demain.

Je réussi à m'endormir après d'assez longues minutes à fixer mon plafond.

À l'aube de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant