À l'aube de l'autre monde

Chapitre 44

Elfe criait atrocement. Une chose dans sa jambe, là où se trouvait sa blessure, semblait bouger.

-On n'a pas réussit à tout enlever ! Il faut faire quelque chose ! ordonna Jonathan à tout le monde.

Alors que les jeunes montraient tous leur dégoût. Jonathan s'activa.

-Continuez à lui parler, faut pas qu'elle tombe dans les pommes !

Il commença à courir dans une direction. Je décidais de le suivre pour pouvoir l'aider au cas où et surtout qu'il m'explique ce qu'il voulait faire. Il sauta par-dessus un comptoir et fouilla dans des tiroirs.

-Qu'est-ce que tu cherches !? lui demandais-je dans l'affolement de la situation.
-Un couteau.

Il n'en dit pas plus, sortit une cuillère en bois, des gants en plastique et un couteau tranchant. Il alluma la gazinière et y fit chauffer le couteau.

-Il faut que ce soit toi qui le fasse, m'indiqua Jonathan.
-Comment ça ?
-C'est ta sœur, elle aura plus confiance en toi qu'en moi ou n'importe qui.

Il me tendit le couteau et malgré ma peur, j'acceptai ma mission et le pris en main. Je n'avais jamais tenté de couper la peau à qui que ce soit. C'est pourquoi, ce que me demandait de faire Jonathan me faisait peur. J'avais peur de mal faire, de couper au mauvais endroit, de faire encore plus mal qu'il ne le faudrait. Tout simplement, je n'avais pas envie de faire mal à ma petite sœur.

Jonathan me rassura, me disant qu'Elfe souffrait déjà suffisamment et que je n'allais faire ça que pour son bien. Il m'informa que la cuillère en bois lui servirait à mordre dedans pour que la douleur paraissent moins aiguë. On arrivait ensuite à la hauteur de nos amis.

-Bon, écoute Elfe, ça va te faire un mal de chien, lui dis Jonathan, d'une voix qui se voulait mi-rassurante mi-informative.
-Ne bouge surtout pas, lui dis-je à mon tour, sortant le couteau à la vue de tous.

Jonathan tendit la cuillère à Elfe, lui demandant de mordre dedans. Je regardais la souffrance passer dans les yeux de ma sœur et hésitais à lui couper la peau de plus en plus. Je mis des gants que Jonathan m'avait demandé de mettre et positionnais le couteau juste au-dessus de la blessure.

C'était vraiment dégueulasse.

Je pris mon courage à deux mains et dessinai une petite incision. Le couteau s'enfonçait de plus en plus sous les cris de douleurs d'Onze. Mon regard passa rapidement sur mes amis, leurs visages affichant du dégoût face à tout ce sang. Je serrai les dents pour continuer, évitant par la même occasion de vomir dès que mon corps en ressentit le besoin.

Une fois que j'eus finis de faire l'incision, je posais assez violemment le couteau au sol. Je n'y arrivais plus, l'entente des cris de ma sœur et la vue de tous mes amis effrayés et dégoûtés me mettait mal.

-J'y arrive plus, dis-je à Jonathan, les larmes aux yeux.

Il pris le relai, mettant des gants à son tour. Je me reculai pour lui laisser le champ libre. Je passais une main dans mes cheveux laissant donc une trace de sang au niveau de ma tempe. Je regardais Jonathan faire, il passa ses doigts à l'intérieur de la blessure pour choper le corps vivant à l'intérieur.

-Jonathan ! l'appela Nancy, elle aussi déstabilisée par la vue de la blessure et de ce qu'il faisait.
-Ne me déconcentre pas !

Les cris d'Elfe se faisaient de plus en plus puissants alors que Jonathan s'activait pour faire sortir ce truc au plus vite.

Soudainement, ma sœur lui hurla de la lâcher et d'arrêter. Elle prit les devants disant qu'elle allait le faire. Elle s'assit et leva son bras en direction de sa jambe. Sous les cris de douleurs, elle utilisa ses pouvoirs pour faire sortir le monstre. Chacun était écœuré, je posais mes mains sur mes yeux ne voulant pas voir ça.

Je voulais même si possible ne rien voir du tout et ne rien vivre de tout cela.

Elfe lâcha un puissant cri teinté de douleur faisant éclater une vitre non loin de là. On se protégea tous pour ne pas recevoir de bouts de verre.

Ma sœur sortit enfin le monstre de sa jambe et le lança à travers le centre-commercial. La chose atterrit non loin de nous. Ce petit bout de chair du monstre sembla vouloir s'enfuir mais, alors que nos yeux étaient fixés dessus, nous vîmes un pied, une chaussure, l'écraser. Nous levâmes tous la tête en direction de la personne et de ceux qui l'accompagnaient.

C'est là que nous vîmes Joyce, Murray et mon père se tenir droits devant nous. Will et Jonathan accoururent vers leur mère. Je me levais rapidement et courus jusqu'à mon père. Il me prit dans ses bras, des larmes de joies perlaient aux coins de ses yeux. Quant à moi, je ne les retenais plus. J'étais tellement heureuse de revoir mon père après autant de temps.

-Tu m'as tellement manqué papa.
-Toi aussi tu m'as manqué ma puce. Je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi et pour Elfe.

Je ne répondis rien mais je lui affichais un sourire rassurant pour lui faire comprendre que ce n'était pas si grave. Il devait sauver le monde de son côté, j'imagine. Il décala une mèche derrière mon oreille et embrassa mon front avant de me reprendre dans ses bras.

Lorsqu'on se sépara, son regard dévia sur Elfe que Mike aidait à mettre debout.

-Comment elle va ?
-Mal. Elle veut se montrer plus forte mais elle souffre énormément, dis-je en observant ma sœur qui serrait les dents lorsque son pied trouva la terre ferme.
-Je vais aller la voir.

Je souris à mon père et le regardais se diriger vers ma petite sœur. Ils se prirent dans les bras. Cette vision me rendit heureuse. Je n'avais jamais vu mon père aussi affectif avec quelqu'un d'autre que moi. Au même moment, Joyce s'approcha de moi. Elle me prit dans ses bras et me demanda comment j'allais.

-Tu es contente de retrouver Hopper ? me demanda-t-elle, un sourire sur les lèvres.
-Très. Son caractère de merde m'avait presque manqué.

Elle ria légèrement alors que j'arborai un sourire sarcastique. On se rejoignit tous ensuite vers des bancs. Je m'assis à côté de mon père, posant ma tête contre son épaule alors qu'Elfe vint se poser sur moi.

Elle lâcha un léger rire lorsque je lui fis remarquer qu'elle m'écrasait de tout son poids. Mon père avait pris ma main, jouant avec l'élastique que portait Sarah dans ses cheveux, celui que j'avais mis à min poignet. Nous restions silencieux alors que Mike prit la parole.

-Le flagelleur mental a conçu ce monstre à Hawkins pour stopper Elfe, la tuer et se frayer un chemin dans notre monde.
-Et il a failli y arriver, continua Max, alors qu'avec un petit morceau de lui.
-Il est gros comment ? demanda mon père.
-Très gros, lui répondit Jonathan. Au moins 10 mètres de haut.
-Ouais, et il a légèrement détruit ta baraque, rajouta Lucas.

Je lui fis les gros yeux, il aurait peut-être pu éviter de donner ce détail. Lucas s'excusa directement après m'avoir vu faire et Steve enchaîna la discussion.

-Donc si je comprends bien, cette espèce d'immense araignée en viande rouge qui a blessé Elfe, c'est une sorte de... une sorte d'arme géante ?

Nancy acquiesça alors que Steve continuait en disant que le monstre au lieu d'utiliser des vis et du métal, il se nourrit de gens. Mon amie acquiesça une nouvelle fois. Joyce prit la parole demandant si on était sûrs que cette chose était dans les parages ou encore en vie. Max lui répondit disant que oui, le monstre était sûrement toujours là.

-Mais si on ferme le portail, commença Will.
-On enlève le cerveau de son corps, ajouta Max
-Et on la tue, en théorie, finit Lucas.

On se regardait tous, essayant de comprendre le fin mot de l'histoire. Tout cela allait bientôt prendre fin. Il y aura sûrement des blessés mais on ne voulait qu'une chose.

Que ce monstre disparaisse.