Chapitre 24

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-Et sinon avec Billy ? Tu sais que tu peux tout me dire, on est entre nous, riait-elle.

Je cherchais mes mots, ne trouvant pas quoi dire. Comme si ce sujet était plus compliqué à aborder que celui de Sarah. Je me posais moi-même cette question, que se passait-il avec Billy ? Je ne pouvais pas renier l'attachement que je lui portais, voire même les sentiments. Mais, lui-même était un drôle de personnage. Son comportement n'était pas forcément celui que je recherchais chez un mec. C'est à dire, un coureur de jupons qui passerait son temps à emmener des filles dans un placard à balais pour les embrasser. Avoir été l'une d'elles ne m'avait pas complètement déplu mais je n'avais pas envie d'imaginer qu'il puisse rapidement passer à autre chose si cela venait à dégénérer entre nous. Tant que je ne pouvais pas être sûre de ce qu'il ressentais, j'avais du mal à me projeter et mettre ne serait-ce qu'un seul mot sur notre relation.

C'était juste...tendu.

-Franchement, je sais pas.
-Mais t'aimerais qu'il se passe un truc entre vous ? demanda-t-elle, réthoriquement, connaissant très bien la réponse depuis le temps.
-Oui certes. Mais j'ai pas non plus envie d'être un trophée de plus pour lui.
-Tu sais, je ne l'aime pas beaucoup. Mais quand je vois la manière qu'il a de te regarder quand vous êtes loin l'un de l'autre, je pense pas que tu seras un trophée. Ou en tout cas le trophée qu'il emmènera partout avec lui. Son trophée préféré quoi.

Je riais face à ce qu'elle venait de dire. Peut-être avait-elle raison. J'étais bien trop aveuglée par sa réputation pour ne pas laisser les choses se faire. Mais je me devais de rendre ça plus fluide, éviter d'être trop hésitante et lui accorder une petite chance de me montrer ce qu'il valait vraiment.

-Mais il y a Steve.

Voilà l'ennui.

-C'est sûr qu'il empêche un peu votre relation de se développer. Mais Juliette, Steve n'a pas le monopole de tes sentiments. Ce n'est pas lui qui dirige ça. Sinon ce que tu fais c'est que tu te mets avec Billy, tant pis pour l'avis de Steve. Vous vivez votre parfait amour et quant à Steve, il verra bien que vous formez le plus beau couple alors il reviendra te parler. A coups sûrs.

Je me lançai dans un fou rire après ce que venait de dire Nancy, beaucoup trop investie dans mes relations.

-J'ai pas envie qu'il me déteste.
-Il ne te détestera pas, il t'aime beaucoup trop pour avoir envie de te détester. C'est à se demander s'il n'a pas envie de plus avec toi.
-Nancy ! Tu sais très bien que non ! m'exclamais-je en souriant.
-Oui mais on sait jamais. D'ailleurs, je me demande si tu devrais pas lui demander...
-Non !
-Juste pour être sûre !

Je la regardais, offusquée mais il n'en fallût pas plus pour que nous partîmes dans un fou rire incontrôlable.

Nous finîmes notre après-midi shopping aux alentours de 18h. Je repris ma voiture après avoir salué Nancy et rentrai au chalet.

Sur la route, je repensais un peu à toute ma conversation avec elle. Il allait falloir prévoir une conversation avec Steve concernant Billy et moi mais aussi un conversation avec le blond. Et ils n'allaient pas pouvoir y échapper. C'était pour le bien de tous mais surtout de ma santé mentale. Je ne voulais pas les faire devenir amis, loin de là, mais au moins faire en sorte qu'ils me laissent le choix de passer du temps avec qui je voulais.

En y repensant, si j'étais amenée à avoir une relation avec Billy, il n'y avait pas seulement Steve à qui cela poserait problème... Mais aussi à mon père. Et cela risquerait d'être trois mille fois plus dur de le convaincre. Il serait prêt à tuer Billy pour ne pas que je me mette avec lui. Et je pesais mes mots. C'était sûrement la conversation, ou même l'annonce de mon possible couple, que j'appréhendais le plus. Une boule commença à se former au niveau de mon ventre, le stress s'empara de moi alors que rien n'était encore acté. Je devais avouer avoir un peu peur de la réaction de mon père sur ce coup là.

Je notais alors dans mon esprit d'appeler ou de revoir Nancy pour lui en parler et qu'elle me conseille. Voire même demander à Joyce. Je savais qu'elle pourrait le calmer, et lui faire comprendre les choses. Plus facilement que moi en tout cas, alors que j'étais sa fille.

Je garais ma voiture devant le chalet et entrais directement. J'enlevai mes chaussures, sans avoir fait attention à mon père qui se trouvait sur le canapé. Je remarquais sa présence lorsqu'il s'approcha rapidement de moi, d'un pas énervé.

Eh merde, qu'est-ce que j'ai fait encore...

-Je peux savoir où t'étais passée ?
-J'étais en ville avec Nancy, dis-je d'une voix monotone, ayant la flemme de me prendre la tête avec lui, ce soir
-Et tu n'as pas jugé bon de me prévenir ?! haussa-t-il le ton.

Je sentais la colère monter en moi, bien que je me retenais de ne pas m'énerver.

-T'étais en train de dormir ! J'allais pas te déranger pour si peu.
-Et laisser un mot, ça t'aurait brûlé les doigts de le faire ?!

Sa colère jouait aussi sur la mienne. Je repensais alors à lui, à ma mère en Californie. Je me disais alors qu'autant évoquer le sujet maintenant, comme cela, il ne pourra plus s'en prendre à moi d'être sortie en ville.

-Et toi, t'aurais pas pu laisser un mot pour prévenir que t'étais partie voir maman en Californie !?

Je l'avais crié peut-être un peu trop fort. Le silence qui s'ensuivit était des plus froid et menaçant. Il me regarda droit dans les yeux, je pouvais y voir toute sa colère et l'interrogation qui prit place.

-Comment...comment tu sais ça ? balbutia-t-il.
-C'est ta secrétaire, ce matin, qui n'a pas su se faire discrète ! Je l'ai entendu dire qu'elle m'avait menti pour te couvrir ! Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?
-Pour éviter ce genre de réactions !
-Ah tu vois ce que ça fait de cacher quelque chose pour éviter ça !
-Je ne trouve pas que te cacher d'être allé voir ta mère, pour ne pas que tu t'énerves, soit plus grave que les choses que tu m'as cachées !! dit-il durement, en insistant sur le « tu ».

Sur ce coup là, il n'avait pas tort. Mais alors dans ce cas, il pouvait m'en parler.

-Crois-moi, il y a encore des choses que je te cacherai pour éviter que tu t'énerves.
-Comme quoi ? me demande-t-il, soudainement plus intéressé par la tournure de la conversation.
-Ne crois pas que tu peux changer de sujet comme ça ! Pourquoi t'es allé voir maman putain !!?

Le ton qui était pourtant redescendu, avait très vite remonté lorsque j'évoquai cette dernière question.

-Pour lui parler.
-Lui parler de quoi ?
-Ça ne te regarde pas Juliette.
-Mais papa ! dis-je le voyant partir vers ça chambre.
-Ne pose pas de question ! dit-il en entrant dans celle-ci.
-Je te déteste !

De là où j'étais dans le salon, j'espérais qu'il l'eut bien entendu pour qu'il comprenne que je n'étais pas forcément ravie qu'il soit allé voir ma mère.

Je m'enfermais dans ma chambre et priais pour que le week-end se passe vite.

À l'aube de l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant