Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fɪᴠᴇ [Tᴏᴍᴇ 2]

Chapitre 7 - Ellyn

Mon avis est sans appel : cet hôtel est le pire endroit que je pouvais trouver pour passer la nuit. Dormir ici me paraît impossible. Entre les bruits flippants dans la rue, les occupants des chambres voisines qui se donnent à des parties de jambes en l'air monumentales, les portes qui grincent et la chaleur, j'ai l'impression d'être tombée tout droit en enfer.

Daniella m'a envoyé un message ce matin pour m'informer que mes parents ne se sont toujours pas rendus compte que j'avais disparu. Ça prouve bien à quel point, même malgré leur punition et leur promesse de m'avoir à l'œil, ils se tapent complètement de moi. Comment regretter de m'être volatilisée comme je l'ai fait ?

J'ai laissé mon téléphone chez moi et acheté un portable prépayé. Les connaissant, ils tenteront de me localiser dès qu'ils percuteront que j'ai mis les voiles. Autant prévoir. Danie est la seule à avoir mon numéro. C'était une de ses conditions pour qu'elle accepte que je parte. Elle est complètement flippée. Savoir que je me trouve dans ce ghetto ne la rassure pas et il y a de quoi. Je le tranquillise comme je peux, et comme promis, lui enverrai plusieurs SMS dans la journée.

Sous la douche, je laisse le jet d'eau tiède tenter de chasser la fatigue. Impossible d'obtenir une température plus élevée. Ça aurait pu être pire, vu la salle de bain et les canalisations qui tremblent. J'ai bien songé à changer de motel, seulement, le plus décent que j'ai repéré se situe à une demi-heure en bus d'ici. J'ai pesé le pour et le contre toute la nuit sans pouvoir me résoudre à plus m'éloigner. Si je le fais, je réduirai les chances que j'ai de retrouver Ash'. Ajouté à ça que je perdrai du temps avec les trajets. Je suis donc condamnée à rester entre ces quatre murs. Dans un coin de ma tête, j'espère juste que mes recherches porteront vite leurs fruits.

Une fois habillée, je récupère mon sac à dos que je jette sur mon épaule. Hors de question que je le laisse là. Dedans, j'ai tout ce dont j'ai besoin et la porte ne ferme pas à clé. J'ai dû la bloquer avec une chaise par sécurité et j'ai bien fait. Au milieu de la nuit, alors que je somnolais, quelqu'un a tenté de l'ouvrir. Dans l'espoir qu'elle soit libre, très certainement.

Une fois en bas de l'immeuble, j'observe la rue, perdue. Je n'ai aucune idée de par où commencer. De nuit l'endroit était inquiétant, de jour, je ne saurais dire si c'est pire. Des groupes discutent ici et là, des dealers revendent leurs marchandises et exposent sans gêne leur arme coincée dans leur pantalon. Quelques sans-abris sont installés comme ils peuvent et des voitures plus ou moins en bon état sont rangées le long des trottoirs.

Sous les regards curieux, je traverse et décide pour le moment de rester sur l'avenue principale. Certaines boutiques sont ouvertes et peut-être que la chance me sourira. Les commerçants sauront probablement m'indiquer où trouver Ash' ou auront au moins un peu d'informations. Je prendrai de toute façon le moindre indice.

La main crispée sur la sangle de mon sac, j'avance et tente d'ignorer les types qui chuchotent. Ils doivent se demander pourquoi une petite bourge met les pieds ici. À bien y réfléchir, j'aurais dû troquer mes vêtements de marques avec quelque chose de plus simple. Histoire de passer un peu plus inaperçue. Je rajoute ça dans ma liste des choses à faire.