Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fɪᴠᴇ [Tᴏᴍᴇ 2]

Chapitre 30 - Ashton

Je savais que je n'aurais pas dû emmener Ellyn avec moi hier soir. Elle m'a vu dans un état minable et jusque-là, je n'avais permis à personne d'assister à ce spectacle. Si d'un côté ça me prouve une fois de plus à quel point elle est importante pour moi, de l'autre ça confirme que je suis toujours loin de gérer mes émotions lorsque je rends visite à mon frère.

Malgré mon comportement, elle ne m'a pas jugé. Dans le fond, je crois qu'elle ne l'a jamais fait. Peut-être au début lorsqu'on se connaissait pas, mais je pourrais pas lui reprocher, je l'ai fait, moi aussi.

Accoudé au rebord de la fenêtre du salon, je relâche un nuage de fumée qui s'élève à la lumière du lampadaire de la rue. Il fait un peu plus frais ce soir, mais pas encore assez pour que je daigne enfiler un t-shirt. Si je pouvais, je me baladerais à poil toute la journée.

— Ash' ?

La voix de la Diablesse m'extirpe de ces foutues pensées, et mon regard glisse sur elle. Un instant, je me demande si le moment est venu de mettre les choses au clair en ce qui concerne notre relation. Seulement, sa mine sérieuse et hésitante m'informe qu'elle ne vient pas me voir pour cette raison. Si c'était le cas, elle ne tournerait pas autour du pot.

Comme ce jour-là dans la chambre de sa baraque de luxe, elle approche et me tire le reste de ma cigarette pour prendre une taffe. Son silence me foutrait presque la chair de poule.

— Je dois te parler.

OK, maintenant, j'ai carrément les jetons.

Rien de nouveau à l'horizon. J'ai toujours eu la trouille en ce qui la concerne. Peur de mes sentiments, qu'elle me quitte, qu'il lui arrive une bricole et j'en passe.

Merde, est-ce qu'un des Owls est venu la trouver à un moment où j'étais pas là pour la menacer ? Si c'est le cas, qu'elle me le décrive et j'irais lui rendre visite. Ouais, je pourrais même faire la peau à l'enfoiré qui aura osé l'approcher.

— Putain, balance, Ellyn, j'me fais des films.

Voilà, encore une fois, je grogne. Au lieu de lui demander avec un minimum de tact, je l'agresse à moitié. Blasé que ça ne sorte pas toujours comme j'aimerais, je soupire et embrase une autre tige de nicotine. De toute façon, elle compte pas me rendre celle qu'elle m'a tirée.

— Pour mettre la main sur toi, je t'ai raconté qu'il a fallu que j'interroge pas mal de monde avant de trouver la piste du bar qui m'a mené à toi, tu te souviens ?

Je ricane, nerveux. Comment je pourrais oublier ? Cette information a bien failli me rendre dingue. Je l'ai imaginée fouiner des centaines de fois et le scénario de la manière dont ça aurait pu tourner s'est dessiné tout autant de fois dans mon esprit. Elle n'a aucune idée de ce que sa curiosité aurait pu déclencher. Sur ce coup, elle a eu du bol.

— Ouais, je me souviens.

Ses billes noires ne me quittent pas et me transpercent. La nuit leur a toujours donné cet effet beaucoup plus sombre. Cette sensation d'être happé par l'inconnu, le danger. Parce que c'est ce qu'elle représentait aussi à un moment. Une dangereuse tentation.