Chapitre 11 - Ellyn

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Épuisée et l'espoir que j'ai de mettre la main sur Ashton s'évanouissant petit à petit, je m'assois sur un banc au milieu de ce qui reste d'un parc

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Épuisée et l'espoir que j'ai de mettre la main sur Ashton s'évanouissant petit à petit, je m'assois sur un banc au milieu de ce qui reste d'un parc. Mon sac à dos sur les genoux, j'observe, parfois méfiante, les types qui passent et me jettent un regard qui ne m'inspire pas confiance.

Comme j'en ai pris l'habitude, j'envoie un message à Daniella pour lui assurer que tout va bien et lui expliquer où j'en suis dans mes recherches. Une fois terminé, j'attrape mon sandwich dans mon sac. J'en oublie souvent de manger. Mon angoisse qui prend le dessus à l'idée de ne jamais le revoir me fait perdre l'appétit.

Il semblerait que personne ne connaisse Ash'. Je n'ai pas de chance et ne croise jamais les bonnes personnes, ou bien, on ne souhaite rien me dire. Pourtant, ce n'est pas faute d'arpenter les rues, de me rendre dans des endroits glauques pour poser des questions. On m'a remise à ma place plusieurs fois, et je me suis aussi retrouvée à devoir courir avec des mecs aux trousses, pas très contents de me voir fouiner.

Si c'était censé me décourager, ce n'est pas le cas. Seulement, d'un commun accord avec Daniella, je devrais repartir après-demain si ça ne donne rien. Mes parents sont complètement fous. Ils ont conclu à une fugue. Ce qui n'est pas tout à fait vrai, je suis majeur, je fais ce que je veux. Ils ne voient pas les choses de la même façon et à vrai dire, je ne m'attendais pas à une autre réaction de leur part.

J'avale une gorgée d'eau et fronce les sourcils lorsque je remarque un groupe de cinq filles quelques mètres plus loin. Jusque-là, j'ai surtout croisé pas mal de gars et je suis étonnée qu'elles soient seules. Chaque fois que j'ai rencontré une jeune femme, elle était accompagnée de son copain et la plupart d'entre eux, avait sur elle un regard possessif. Parfois, ils m'ont rappelé la manière dont Ash' avait de me tenir la main ou de me serrer dans ses bras pour me garder contre lui, comme pour dire à qui me reluquerait un peu trop, que j'étais à lui. Cette idée de lui appartenir me plaisait et j'ai envie de retrouver ça, parce qu'il avait sa façon à lui de me faire sentir sienne. Dans ses gestes, il y avait quelque chose de romantique. J'avais l'impression d'être unique.

La gorge nouée, je me redresse pour reprendre contenance et me dirige vers elles. À mesure que j'avance, leurs voix deviennent plus claires, mais au moment où elles m'aperçoivent, elles cessent leur discussion. Leurs regards sur moi sont inquisiteurs et méfiants. Rien de nouveau à l'horizon. Je me suis accoutumée à ce genre d'attitude.

Pourtant, l'une d'elles, une grande blonde aux traits angéliques qui tient une rose d'un rouge flamboyant, fait un pas vers moi et esquisse un léger sourire.

— T'as l'air complètement paumée, bichette.

Si elle savait à quel point.

— On peut t'aider ? ajoute-t-elle.

Élan de solidarité féminine, curiosité ou mauvaise intention cachée. Je n'en ai aucune idée, mais je préfère me dire qu'il s'agit de la première hypothèse.

— Je cherche quelqu'un.

— Dis-nous, on connait pas mal de monde.

J'acquiesce et croise les doigts pour que cette fois, la chance soit de mon côté.

— Mon copain. Enfin, entre nous, c'est compliqué, mais...

Son rire me prend de court et je l'observe, me demandant ce que j'ai lâché comme bêtise.

— Sortir avec un mec du ghetto, c'est jamais facile, bichette.

Elle n'est pas beaucoup plus âgée que moi et pourtant ce surnom me donne l'impression qu'elle a dix ans de plus. Ou bien c'est à cause de son vécu. Il est clair que son expérience de la rue ne date pas d'aujourd'hui, contrairement à la mienne.

— C'est quoi son nom ?

— Ash', réponds-je du tac au tac.

Si j'ai bien appris quelque chose au fil des jours, c'est de ne pas y aller par quatre chemins et de ne pas se laisser intimider.

Elles échangent un coup d'œil rapide et empreint de méfiance. Pourtant, un éclair de tristesse passe dans les iris de celle qui me fait face, puis elle secoue la tête, tandis que je distingue une fleur de lys tatouée sur le dos de leur main.

— Tu sais, ce monde est rempli de Ash'.

— Mais lui est différent ! Il est grand et baraqué. Son corps est couvert de tatouages ! insisté-je. Son frère s'appelait Joey.

Ce n'est pas la première fois que j'évoque le prénom du frère d'Ashton. Chaque fois, les visages se ferment et les personnes se braquent. Toutefois, j'ai la certitude qu'elles voient de qui je parle. Si je lâche l'affaire maintenant, alors je pourrai bien dire adieu à la dernière chance que j'ai de le retrouver.

— Désolée, souffle-t-elle avec un brin de regret dans le regard.

En une seconde, elles tournent les talons, mon cœur se serre avant de repartir à mille à l'heure et je fais un nouveau pas dans leur direction. Il faut que je trouve une idée. Que je puisse les convaincre de me faire confiance. Elle doit comprendre que c'est important et ce n'est pas en abandonnant que ça arrivera. Je repense soudain au dessin ramassé dans l'appartement et ça fait tilt.

— Et L. J. Est-ce que vous connaissez un L.J ?

La jolie blonde se fige sous le regard de ses amies et se tourne vers moi. Elle hésite puis baisse les yeux sur ses chaussures, comme si quelque chose dans le fond lui faisait mal.

— Je connais bien un L. J. Mais ça fait longtemps que j'l'ai pas revu. Il avait l'habitude de trainer dans ce bar. Tu le trouveras peut-être là-bas.

— Quel bar ?

Le cœur battant d'espoir, je la fixe comme si ma vie en dépendait et au moment où elle relève le nez sur moi, les yeux brillants des larmes qu'elle retient, je fronce les sourcils. Pourquoi est-ce qu'elle semble à ce point bouleversée ?

— Le Night Owl. C'était un peu leur repère. Il ne devrait pas tarder à ouvrir.

Sans me laisser le temps de la remercier, elle rejoint ses amies qui se sont éloignées pour nous permettre de discuter et je les observe mettre les voiles.

— Merci, crié-je presque alors qu'elles s'apprêtent à prendre à droite au bout de l'allée.

Celle qui m'a donné l'information tourne la tête vers moi, un sourire au coin des lèvres et m'adresse un petit signe avant de disparaître, portant la rose à son nez.

Les pupilles rivées au loin, j'ai du mal à me persuader que, peut-être, je tiens enfin une piste solide. Rien ne m'assure qu'aujourd'hui, il se trouvera dans ce bar. Pourtant, s'il le faut, je m'y rendrai chaque soir pour être certaine de ne pas le manquer. Parce que de ce qu'elle vient de me dire, si ce L.J est bien là-bas, il saura me renseigner sur Ash'. Voire m'indiquer où il se cache. Peut-être qu'il s'agissait d'un ami à lui et à son frère.

Déterminée, je reprends le chemin vers ma chambre d'hôtel et un mélange d'appréhension et d'euphorie né au creux de mon estomac. Plus légère, je me convaincs que cette fois, c'est la bonne. Qu'enfin, je vais pouvoir me perdre dans ses orbes gris-vert et sentir de nouveau ses lèvres sur les miennes.

Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fɪᴠᴇ [Tᴏᴍᴇ 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant