Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fɪᴠᴇ [Tᴏᴍᴇ 2]

Chapitre 52 - Ellyn

J'ouvre les paupières et, pour la première fois depuis que l'on s'est retrouvés, je me réveille dans les bras de l'homme que j'aime. C'est fou comme ça fait du bien, comme j'ai l'impression de respirer à nouveau et de me sentir toucher les étoiles.

Mes yeux peinent à s'habituer à la lumière et dans ce lit bien trop petit pour nous deux, je me blottis un peu plus contre lui, comme si c'était possible. Il resserre ses bras sur moi, et lorsque je lève le nez sur lui, son regard planté sur le plafond de la vieille grange que nous occupons depuis plusieurs jours maintenant, me comprime le cœur.

Depuis sa discussion avec Joanna hier soir, il ne va pas bien. Il cogite, rumine, se torture et culpabilise. Il m'a répété chacun des mots de cette histoire qu'elle lui a racontée juste avant que l'on s'endorme. Le voir fondre en larme entre mes bras, plus librement qu'il ne l'a fait sur son épaule à elle, m'a anéantie. J'ai lutté pour ne pas m'effondrer avec lui.

Je l'ai tenu contre moi, lui ai promis que ça irait, que son frère l'aimait et que c'était à lui aujourd'hui de décider de la vie qu'il souhaitait mener. Mes caresses sur son dos l'ont apaisé, puis il a fini par sombrer vers trois heures du matin en me gardant serrée contre son corps si chaud, si rassurant.

— Comment tu te sens ?

La question est bête, mais j'ai besoin de savoir afin de l'aider au mieux. Décoder ce qui se joue dans sa tête reste compliqué par moment. Je me demande si j'en serai capable un jour, sans qu'il m'aiguille.

Il baisse ses orbes clairs sur moi, pose un baiser sur mon front et tente un sourire qui se fane aussitôt.

— J'ai rêvé de lui. C'était bizarre, tout était mélangé. Je me souviens de pas grand-chose.

Peut-être que c'est une bonne chose de ne pas se rappeler. Peut-être que les bribes de ce rêve l'auraient miné un peu plus qu'il ne l'est déjà.

Soucieuse, je ne le lâche pas des yeux.

— T'es réveillé depuis longtemps ?

— Assez pour me permettre de prendre une décision.

Aussitôt, je fronce les sourcils. Son air déterminé n'annonce rien qui pourrait me plaire et je m'appuie sur mon coude pour mieux le voir. Pour me préparer à ce qu'il va me dire.

— Quelle décision ?

Il remet une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, passe son pouce sur ma joue, je frissonne. Ce simple contact fait bondir mon cœur si fort que c'en est indécent.

— J'ai proposé un accord aux Owls.

Comment ça il a...

— Pendant que tu dormais, j'ai envoyé un message à Diaz. Je lui ai demandé de m'obtenir un entretien avec leur Boss. Il doit me tenir au jus.

Je me fige, le souffle bloqué dans mes poumons. En un éclair, des scènes plus horribles les unes que les autres défilent dans mon esprit. Des images de ce qui pourrait lui arriver s'il se rend là-bas.