Rᴜʟᴇ Nᴜᴍʙᴇʀ Fɪᴠᴇ [Tᴏᴍᴇ 2]

Chapitre 58 - Ashton

Mes doigts entrelacés à ceux de ma Diablesse, je marche à ses côtés, lui jetant un coup d'œil, soucieux. Dans la nuit, je me suis réveillé et elle était plus sous les draps. Je sais pas pourquoi, mais inconsciemment, j'ai senti que sa chaleur m'avait quitté.

Quand je me suis levé pour vérifier que tout allait bien, je l'ai découverte assise à cette table de fortune dans la grange. Quelques boules de papiers chiffonnés éparpillées autour d'elle, elle s'efforçait d'écrire, mais les mots ne semblaient pas lui convenir. Je l'ai observé un peu, puis me suis approché, curieux. Son regard déterminé sur moi, elle m'a annoncé qu'elle rédigeait une lettre destinée à ses parents.

Sur le coup, j'ai été surpris. Puis, quand elle m'a expliqué ce qu'elle comptait y mettre, j'ai compris. Elle souhaitait exprimer chacun des tourments qu'elle n'avait pas pu leur confier durant toutes ces années, car ils ne l'écoutaient pas. Leur assurer que, dorénavant, elle déciderait de son avenir, qu'elle était libre, qu'ils ne pouvaient plus lui imposer leurs choix. Qu'elle rentrerait, mais que pour le moment, elle s'accordait du temps pour elle, pour nous, et qu'elle espérait qu'ils l'accueilleraient comme de vrais parents.

C'est tout ce que je sais des grandes lignes. Pour le reste, je lui ai laissé l'intimité dont elle avait besoin. Je suis fier de ma nana. Elle ose enfin les affronter, leur dire qu'elle n'est plus une petite fille. S'affranchir des limites et des règles qu'ils lui imposaient.

Je la sens plus légère. Du coup, moi aussi, je le suis.

De leur côté, Pitt et Mia ont joint leurs parents. Pour les rassurer déjà, puis leur annoncer qu'on s'offrait tous les cinq cette virée à la plage prévue avant toute cette histoire.

Tout est prêt. La voiture, les valises, la baraque que j'ai louée. Il ne reste plus qu'à prendre la route. C'est ce qu'on fera ce soir.

Pour l'heure, Ellyn est mystérieuse et quand elle glisse le courrier dans la boîte aux lettres, elle soupire, soulagée. Un poids s'enlève de ses épaules. J'imagine le bien que ça lui fait.

De retour dans la voiture, elle ramasse la grosse enveloppe kraft qu'elle avait laissée sur le siège. Je fronce les sourcils, grogne. Elle la trimballe partout depuis ce matin, ça me rend dingue. J'aimerais savoir ce qu'elle contient.

— Tu comptes me dire c'que c'est, oui ou non ?

Elle me sourit avec douceur et secoue la tête.

— C'est une surprise.

— Je déteste les surprises, marmonné-je.

Je peux pas m'empêcher de râler. Le pire, c'est que ça la fait marrer.

— T'adores ça ! Puis celle-ci, elle est spéciale.

Je grimace puis démarre, attendant ses instructions afin de savoir où on doit se rendre ensuite. Même ça, elle a pas voulu me refiler le tuyau.