Être quelqu'un d'autre le temps d'une soirée ? Voilà ce qu'a désiré Esmée. Elle ne pensait pas être captivée par le beau Mez le petit nouveau de l'école ce même garçon qui n'est même pas capable de se souvenir de son prénom.
Cette attirance est ré...
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Mez
Assis sur mon lit, je scrute mon portable, en attente de sa réponse. La tête dans mon cahier de notes quelques minutes plus tôt pensent encore à elle, je ne me doutais pas une seconde d'avoir de ses nouvelles.
« J'espère que tu ne m'en veux pas » C'est normal que je lui en veuille. J'ai été sincère avec elle hier soir et elle m'a tourné le dos au petit matin, je suis tout de même heureux de la retrouver moi qui pensais ne plus jamais avoir de ses nouvelles. Son message m'a pris de court, je ne me doutais pas qu'elle avait mon numéro. Je ne cache pas le gros pincement au cœur que j'ai ressenti en imaginant l'avoir de nouveau dans ma vie, même à travers un écran. Notre alchimie durera davantage que le temps d'une soirée, un moment éphémère. Après lui avoir répondu que je lui en voulais depuis maintenant cinq minutes, c'est silence radio.
Mon téléphone bip enfin l'arrivée d'un nouveau message.
Santa Muerte : Je suis désolée.
Les trois points signalant qu'elle écrit apparaissent, puis plus rien, ensuite de nouveau les trois points et de nouveau rien. Je n'attends pas plus et lui écrire en faisant abstraction de ma frustration. Elle a fait le premier pas, je ne vais pas lui tomber dessus pour lui demander des explications directement et craindre qu'elle se replie sur elle-même.
Moi : Tu es bien rentrée ? Si c'est bien Rachel, elle a dû rejoindre Berkeley avant la reprise des cours.
Santa Muerte : Oui, un peu fatigué et toi ?
Moi : pareille, mais je ne regrette rien... et toi ? Si elle me répond qu'elle regrette, je ne sais pas comment je vais le prendre.
Santa Muerte : Absolument rien. Un souffle de soulagement sort de mes lèvres, sans que je ne puisse le contrôler.
Moi : Deux vérités et un mensonge ?
Trois coups sont tapés à la porte de ma chambre. Je redresse le nez de mon mobile et indique à la personne qui attend derrière qu'elle peut rentrer.
Le visage de Nani passe entre l'entrebâillement de la porte, elle balaye la zone du regard puis pousse complètement la porte.
_ Coucou chéri, je sors, tu t'en occupes ? Je ne serais pas très longue, j'ai une petite course à faire. Pour le moment, elle fait une sieste, a son réveil et donne-lui deux cookies et un verre de lait, tu veux bien ? Elle se tient droite sans être vraiment entrée dans la pièce, passant une main nerveuse sur les replis de sa robe verte à motif fleuri.
_ D'accord pas de soucis. Je baisse le regard sur mon téléphone qui bip dans mes mains. Nani me fixe de ses yeux si puissants qu'ils peuvent lire à travers mon âme avec une telle aisance et facilité. _ Tout va bien ? Me demande-t-elle d'une voix hésitante. Je hoche la tête, je n'ai pas dû avoir l'air convaincant, car elle pénètre complètement dans ma chambre, referme la porte derrière elle et vient s'installer à mes côtés sur le lit.
_ Dis-moi tout ? Sa voix est douce et ferme à la fois. Elle prend mes mains dans les siennes. _ A la soirée d'Halloween, j'ai fait la connaissance d'une fille... elle était différente des autres. _ Différente, comment ? M'incite-t-elle à poursuivre ? Je passe une main dans mes cheveux, ne sachant pas quoi répondre. Comment expliquer une alchimie, un lien si puissant qu'il est inexplicable ? En une simple soirée, une nuit, je me suis senti plus proche et attiré par cette femme qu'en 17 ans de vie, je ne l'ai ressenti pour personne. Je reprends d'une voix rauque par l'émotion. _ Elle a des fêlures.
Nani hoche la tête comme si elle comprenait et je sais qu'elle comprend, car j'ai les mêmes.
_ Les êtres brisés font les plus belles personnes. Elle me lance un petit sourire dont elle seule a le secret, celui qui efface tous les maux du monde en un claquement de doigts. Et quand deux être brisé se rencontre alors, chaque parcelle d'eux fusionnés pour n'en former qu'une. De là naît un amour intense et indestructible. Elle croise ses deux mains, joignant ses doigts entre eux pour former un poing. Et là, ils sont incassables. J'observe ses mains, réfléchissant à ce qu'elle vient de me dire.
_ On est loin de l'amour Nani. Lui dis-je. Enfin, je ne sais pas, on a juste passé une seule soirée ensemble, je ne connais même pas son prénom et de toute façon, je ne sais pas si j'en suis capable.
Elle me tapote la main tout en se redressant. _ Ne doute jamais du destin mon ange.
Elle quitte ma chambre et referme la porte derrière elle.
Le destin, l'amour, tout ça, c'est du charabia pour moi. On ne peut pas aimer une personne en une seule soirée, on ne peut pas, c'est juste impossible, le coup de foudre et toutes ces conneries à l'eau de rose, c'est juste dans les livres.
Alors pourquoi je me sens comme ça... si vide.
Mon téléphone bip une nouvelle fois dans mes mains. Je le déverrouille et deux messages de Santa Muerte apparaissent.
Santa Muerte : J'aime les livres d'amour, j'aime les courgettes (sans idée lubrique bien sûr) j'aime tes baisers. (non pas te baisser)
...
Santa Muerte : Je te l'accorde, c'était de très mauvais goût, j'espère que tu ne m'as pas bloqué au moins ! Le mensonge, c'étaient les courgettes. Je ne sais même pas si c'est un légume réellement comestible de toute façon.
Je rigole en lisant ses messages, cette fille est dingue et Dieu sait que j'aime ça.
Moi : J'aime te baiser (et non pas tes baisers.) Je n'aime pas les livres d'amour qui sont souvent trop mélodramatiques. J'aime les pêches. (sans idée lubrique).
Je fixe mon téléphone, impatient d'avoir une réponse. Comment est-ce possible de vouloir autant une personne que l'on ne connaît pas. Et si mes démons intérieurs lui faisaient du mal... si j'étais le méchant de cette histoire. Un nouveau bip me sort de mes interrogations sombres. Il faut que je vive au jour le jour, que je ne le laisse pas gagner.
Santa Muerte : Tu ferais un héros de livre incroyable. Moi : Je suis loin d'être le héros de cette histoire... Santa Muerte : De toute manière, j'ai toujours préféré les méchants, les gentils sont toujours trop plats.
Un hurlement strident se fait entendre dans la chambre à côté. Je jette mon téléphone sur le lit et court pour la rejoindre.
Je la retrouve en boule, emmitouflée dans ses couvertures, les yeux clos. Je m'approche et la secoue pour la réveiller. _ Réveille-toi ! Je suis là, je suis là...
Ses yeux papillonnent et s'ouvrent d'un seul coup, elle pousse un nouveau hurlement à m'en déchirer le cœur. Elle se jette sur moi, les larmes se déversant de ses magnifiques yeux. Ses yeux qui ont déjà vu tellement d'horreur, une horreur qui l'a changée à jamais.
_ Je suis là... je suis là... ne pleure plus. Je suis désolé, vraiment désolé.
Mes doigts glissent dans ses cheveux, lui massant le cuir chevelu pour l'apaiser ce qui fonctionne toujours avec elle, quant à moi une chape de plomb me tombe dans l'estomac... Le rappel constant que les monstres existent.
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