Chapitre 18

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Aujourd'hui

JULIETTE

Bon anniversaire, mon soleil.

Les mots de Léo me reviennent en tête et je pense que j'adore ce surnom. J'avais peur qu'il oublie mon anniversaire vu comment il m'a ignorée depuis trois jours. Mais en réalité, non. Et cela m'a soulagée.

Ces derniers jours, je me posais trop de questions. Et il me manquait. C'est là que la réalité m'a frappée de plein fouet : il est devenu important dans ma vie. Si bien que son absence, aussi courte soit-elle, m'a affectée.

Cela a été encore plus compliqué lorsque Gaby et Ethan se sont mis à me fuir aussi. J'ai cru qu'ils ne m'aimaient plus, qu'ils en avaient eu marre. J'ai vite chassé ces pensées mais j'avais peur. Peur d'être seule.

Petite, si on ne se moquait pas de moi avec mes livres, c'était pour autre chose. Je ne voyais pas l'école comme mes camarades, je ne voyais pas non plus l'amour de la même façon ni même l'amitié ou encore le bonheur. Je me souviens d'ailleurs de l'anniversaire de mes dix ans. On m'avait demandé ce que je faisais comme fête et quels cadeaux j'allais recevoir ou j'avais déjà reçu.

— Je fais une fête avec mon papa et ma maman et on va voir un film au cinéma.

Ils avaient tous rigoler. Ils s'étaient tous moqués. J'étais partie pleurer dans les toilettes. Les enfants sont si cruels entre eux. Même sur votre propre anniversaire vous êtes critiqués. La réalité était telle que les plaisirs simples, c'était suffisant à mes yeux. Pas d'artifices, pas de fantasmagories. Juste les personnes que j'aime et quelque chose que j'aime. Ni plus ni moins.

J'étais rentrée triste, j'avais raconté l'histoire à mes parents et ils ont décidé qu'on n'irait pas voir un film mais deux. Je n'ai pas été à l'école le lendemain. Nous sommes partis quelques jours à la mer. C'était un anniversaire parfait.

À peine ai-je ouvert les yeux que Gaby me saute dessus.

— Bon anniversaire ma meilleure amie que j'aime de tout mon cœur !

— Merci Gaby.

— Je t'aime Ju'.

— Moi aussi je t'aime Gaby.

J'ai 24 ans. 24 ans.

Déjà mon sixième anniversaire sans elle. J'essaye de ne pas penser à ma peine et me contente de lui écrire un mot. J'ai pris goût à cette habitude. J'ai la sensation que cela m'aide.

Maman,

J'ai 24 ans. Tu imagines ? Quand j'étais petite, je pensais que 24 ans c'était vieux. Je rigole à l'idée d'y repenser. Je ne m'habitue pas à ton absence le jour de mon anniversaire.

La première fois, c'était atroce. La seconde fois, aussi. Finalement, j'ai décidé de ne plus le fêter. Parfois, je me dis que c'est peut-être dommage.

Mais tu sais, mon anniversaire c'était toujours avec toi et papa. Je n'invitais jamais d'amis à la maison. C'était nous. Sans toi, il n'y avait plus de nous. Alors, plus d'anniversaire.

N'en veux pas à papa, il a essayé de me faire changer d'avis. Mais je ne voulais pas. Je n'étais pas prête pour ça. Sauf qu'aujourd'hui, j'ai 24 ans. Et je me sens enfin prête.

Des petits pas pour de grandes victoires, non ?

Mon téléphone sonne. C'est mon père. Je dépose mon stylo et ferme mon carnet.

— Allo ?

— Joyeux anniversaire ma Liette !

— Merci papa.

Je coulerai avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant