Chapitre 15

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Aujourd'hui

JULIETTE

— Bonsoir Léna, je m'appelle Juliette.

Je ne sais pas pourquoi je dis ça alors que Léo vient de se confier à moi pour la première fois. Il doit me prendre pour une folle. C'est déjà le cas. J'ai peur d'avoir gâché ce moment mais je sens qu'il n'a pas lâché ma main et qu'il la tient même plus fort.

Il m'a retrouvée en larmes l'autre soir et je ne lui ai jamais expliqué pourquoi. Il vient de me livrer la cause de l'abandon de sa carrière. Je peux bien m'ouvrir aussi.

— L'autre soir, je pleurais parce que je venais d'ouvrir un carton rempli de dessins de ma mère.

— Elle te manque?

— Tous les jours.

Quand je lui dis ça, il me regarde. Il a compris. Alors, il resserre sa prise sur mes doigts. J'ai terriblement mal au fond de ma poitrine et à la fois, je ne me suis jamais sentie aussi bien.

— Comment elle s'appelait? demande-t-il.

— Sabrina.

— Bonsoir Sabrina, je m'appelle Léo.

Je commence à pleurer parce que j'ai du mal à supporter ce coup-là. Ce n'est pas un coup qui me provoque de la douleur, c'est un coup qui me réchauffe presque le cœur. Si bien que cela me fait pleurer. Léo me prend dans ses bras. Il pleure aussi. Je ne saurai pas dire combien de temps nous restons là à pleurer sous ce ciel étoilé.

Pourquoi sommes-nous si abîmés?

Ma grand-mère me répétait que la vie ne nous donnait que des combats que nous étions capables de surmonter. Je ne sais pas si je crois en cette théorie. Parce que si c'était vrai, dans quel état finirons-nous? Nous sommes déjà tous amochés. Quelques-uns plus que d'autres, c'est tout.

Nous finissons par rentrer à l'appartement mais je n'ai pas le courage de dormir. Je suis fatiguée mais incapable de trouver le sommeil. Léo est en train de se servir un café, probablement ne veut-il pas dormir non plus.

— C'était quoi la passion de Léna?

— Elle adorait la couture.

— C'est chouette.

— Et ta mère?

— Eh bien, le dessin.

Il me sourit de façon crispée et s'installe boire son café. Il a l'air ailleurs. J'ai l'impression d'avoir rouvert une plaie qui saignait déjà assez fort.

— Désolée d'être intrusive, dis-je.

— Mais non Juliette, ce n'est pas toi. Mais tu sais, ça ravive des souvenirs.

— Oui, je comprends.

— Je vais me coucher. Dors bien.

Je m'installe dans la chambre d'Ethan car il dort à nouveau avec Léo. Mais je sais très bien que ni Léo ni moi ne dormirons. Cependant, aucun de nous ne bouge. Nous restons dans nos lits respectifs en attendant quelque chose. Quoi ? Aucune idée. Le sommeil, sûrement.

Je peux encore le sentir à côté de moi. Je ressens encore sa douleur. Sûrement sent-il encore la mienne.

Installée dans le lit, j'ai le cœur lourd. Cependant, je comprends mieux beaucoup de choses. Certaines réactions de Léo sont maintenant compréhensibles, déchiffrables et je parviens à me les expliquer. Il a perdu la femme qu'il aimait. Évidemment qu'il est brisé.

Je coulerai avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant