Chapitre 21

75 10 0
                                    

Un mois plus tard

LÉO

Demain, je suis censé aller chercher Juliette chez elle pour l'accompagner à Bordeaux. Je ne dérogerai pas à ma parole mais je ne peux m'empêcher de culpabiliser. Depuis que nous sommes rentrés de chez mes parents, je n'ai pas arrêté de penser à tout ce qu'elle m'a confié. Combien elle a souffert. Combien elle est traumatisée par l'amour.

Quelque part, ce séjour m'a fait déchanter sur bien des points. Je crois que j'ai toujours idéalisé le travail de mon père et le travail des avocats parce que je pensais qu'on ne défendrait que des bonnes personnes mais la réalité est toute autre. On défend une personne parce que tout le monde mérite d'être défendu. Même les pires. Et si cela a été une désillusion, je crois que c'est surtout parce que ça concernait Juliette. Ma Juliette.

J'ai essayé de faire comme si de rien n'était mais je pense qu'elle ressent bien que quelque chose est différent. Ma seule chance a été qu'elle s'enferme chez elle durant des jours après notre retour. Si j'ai paniqué au départ, j'ai vite compris qu'elle avait besoin de prendre du recul sur les émotions qu'elle venait de vivre. Elle s'était livrée à moi. Elle m'avait tout donné d'elle et moi, j'avais accepté de recevoir chaque morceau de son âme et de ses blessures en sachant que les mains qui les tenaient n'en étaient peut-être pas assez dignes.

Je pense être un très mauvais cachotier parce qu'Ethan a tout de suite su qu'il s'était passé quelque chose. Je lui ai juste avoué que nous avions couché ensemble. Cela dit, c'était déjà un gros secret dévoilé.

— Vous avez quoi?

— Oui, tu as bien entendu.

— J'étais sûr que ça finirait par arriver. Mais putain

Léo, t'as attendu deux semaines pour me le dire!

— Vu ta réaction, j'ai eu raison, non?

Il s'est contenté de soupirer et nous avons fini par en reparler plus posément plus tard dans la journée. Je lui ai dit que c'était un égarement et que ça ne recommencerait pas. Le truc, c'est que je ne parviens pas à en être totalement certain. Je pense à elle constamment. Je pense à cette sensation à l'intérieur de moi que je ne parviens pas à expliquer. Mes sentiments entrent en conflit les uns avec les autres et j'essaye vainement de trouver la porte de sortie pour m'échapper.

JULIETTE

Un mois plus tard, nous voilà en route pour Bordeaux. Nous avons plus de cinq heures de route devant nous. Je dis nous parce que Léo a tenu sa promesse, il m'accompagne. Je n'arrive toujours pas à réaliser que je lui ai tout raconté. Je n'ai rien minimisé, j'ai laissé toute ma douleur éclore sous ses yeux. Et il est resté.

Quand nous sommes rentrés à Paris, je suis rentrée seule à l'appartement. J'avais besoin de prendre du recul sur certaines choses. J'ai posé quelques semaines de congé. Et j'ai pleuré. Encore.

Gaby m'a retrouvée dans un état lamentable, encore pire que ce qu'elle avait déjà pu voir de mes blessures.

Parle-moi, Juliette.

Je n'en peux plus. Je me sens si nulle de ne pas réussir à faire mon deuil.

Chacun va à son rythme ma Ju'.

J'ai la sensation que c'est pire chaque jour qui passe.

Viens-là, a-t-elle dit en me prenant dans ses bras.

Je coulerai avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant