Chapitre 25

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Aujourd'hui

LÉO

Cela fait trois jours que nous sommes de retour à Paris après avoir passé une semaine à Bordeaux. Les derniers jours là-bas nous ont permis de passer davantage de temps avec la famille de Juliette. Sa famille est géniale et extrêmement pure et sincère.

Juliette a enfin entamé son processus de deuil et la différence d'attitude qu'elle a eue lors de notre départ m'a réchauffé le cœur. Je suis si fier d'elle. C'est pour ce genre de moments comme celui qu'elle a vécu que je me dis que le risque en vaut la peine. Parce que ça l'aide. Et qu'elle ira mieux.

Nous avons passé une semaine hors du temps. Et le retour à la réalité n'est pas simple. Je réfléchis beaucoup à nos discussions, à ma culpabilité, à mon avenir. Je ressens une envie de revenir dans le monde de la natation. Et cette envie s'est intensifiée au cours des derniers jours. J'essaye de me répéter que Léna n'est pas partie pour ça. N'est pas partie à cause de ça.

J'essaye aussi, en vain, de me dire que mon amour pour Juliette repassera à de l'amitié pure. Elle n'est pas prête à ouvrir son cœur ou à le donner. Et moi, je ne sais pas si je suis prêt ni même capable d'aimer à nouveau. D'aimer à nouveau de la bonne façon. Je ne pense pas le mériter non plus. J'ai trop peur de la détruire avec mon amour et de perdre notre amitié. Alors, je fais taire mes sentiments et j'ose espérer qu'ils partiront d'eux-mêmes.

Je n'ai rien avalé tant je pense, pense et repense. Les questions et les doutes tournent dans ma tête dans une danse continue. Mes céréales sont devenues molles à force d'attendre que mon esprit se pose et mon café est froid. Quand il faut y aller, il faut y aller.

Je décide de prévenir Louisa que j'arriverai vers midi et je prends ma voiture direction la piscine de mon ancien club. L'appréhension que je ressens est immense. Mais pour la première fois depuis longtemps, j'ai la sensation de penser à moi. Juste à moi et à mon bien-être. Juste moi et mon bonheur.

— Salut Will, dis-je en arrivant au bord de l'eau.

Il se retourne, d'abord surpris de me voir là. Puis, sa surprise laisse place à la joie.

— Oh mon grand ! Que fais-tu là ?

— Je viens voir leur entraînement, dis-je en montrant ses nageurs du doigt.

Il me sourit et approuve. Nous passons l'heure qui suit à les entraîner à deux. C'est presque naturel, nous formons deux groupes et les gamins m'écoutent avec tant d'attention que ça en est parfois déconcertant. Je leur donne des exercices, des chronos, et ils s'exécutent tandis que j'ai la sensation d'être à ma place.

La sensation que ma place a toujours été ici.

Will jette régulièrement des coups d'œil vers moi et je crois déceler dans son regard de la fierté. Lorsque l'entraînement touche à sa fin, les garçons me remercient et me supplient de revenir une prochaine fois. Ils disent au revoir à Will et nous nous retrouvons tous les deux.

— Léo, te voir avec eux...C'est tellement touchant. Tu es passionné. Tu as ça dans le sang.

J'acquiesce du regard et je ne parviens pas à trouver les mots. Ou bien ne veulent-ils juste pas sortir. J'ai la sensation d'avoir trouvé ma place. Je ne veux pas abandonner Louisa et j'aime tellement cuisiner. Mais la natation...La natation, c'est tout pour moi. Et entraîner, aider des jeunes de cette âge-là, entre dix et treize ans, à réaliser leur rêve comme Will m'avait aidé, c'est tellement précieux.

J'ai envie d'écouter mon cœur. J'ai envie de me laisser porter par un rêve. J'ai envie de penser à moi sans que ça paraisse égoïste.

— J'ai envie d'entraîner, lâché-je.

Je coulerai avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant