Chapitre 2

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Je pensais à une réaction colérique de la part d'Alexander, mais à la place, ce malade s'est mis à rire, et s'est installé à table.
Je sais que j'ai gagné la bataille, mais je suis loin d'avoir gagné la guerre. Il va probablement me le faire payer. Mais s'il croit que j'ai peur, il se fourre le doigt dans l'œil.

Je rejoins Barbara dans la cuisine, pour l'aider mais aussi lui parler.

— Je peux vous aider ?

— Non tu es l'invitée.

— Je vous en prie, c'est la moindre des choses pour votre hospitalité. De plus, je suis pas le type de personne à ne rien faire.

— Quelle hospitalité ? Je suis navrée de ton accueil.

— Ne soyez pas désolée. Vous savez, je peux comprendre que les relations familiales sont parfois complexes. Il me faut davantage pour fuir. En fait, c'est moi qui me sens mal à l'aise par rapport à ce que j'ai dit. Je n'ai pas envie de passer pour une personne irrespectueuse. Je voulais faire une bonne impression et j'ai tout gâché.

— Mais non ma petite Sydney, au contraire tu as bien fait. Tu as su remettre ce petit insolent à sa place.

— Barbara puis-je vous poser une question indiscrète ?

— Je t'en prie, vas-y.

— Qu'est-ce qu'il se passe entre Tom et Alexander ? Pourquoi tant de haine entre les deux frères ?

Barbara prend une grande respiration, et expire bruyamment, les yeux remplis de tristesse.

— Je suis désolée si vous ne souhaitez pas en parler, je comprends. Pardon pour mon indiscrétion.

— Ne sois pas désolée ma chérie. C'est juste, que cette situation me fait de la peine. Crois-le ou non mais je porte une réelle affection pour Alexander, bien qu'il ne soit pas mon fils.

Je l'observe et sens la sincérité dans ses paroles et aussi dans son regard. Elle semble tellement bienveillante.

— Alexander est le fils de Christian. Il a toujours aimé profondément son fils mais comme tu vois, leur relation est loin d'être parfaite. Christian avait une relation tumultueuse avec Helena, la mère d'Alexander. J'étais qu'une simple employée à l'époque.

Oh je crois savoir quelle tournure va prendre cette histoire.

— Dès que j'ai passé l'entretien pour le poste d'assistante de direction, je suis tombée amoureuse de Christian. Mais je savais qu'un homme comme lui ne pouvait qu'être marié. Et mon hypothèse s'est avérée vraie. Alors j'ai gardé cet amour au fond de moi. Mais cela semblait de plus en plus difficile, lorsque je voyais chaque soir l'homme que j'aimais, resté tard le soir, à boire pour noyer son chagrin. Je suis devenue sa confidente, puis ... sa maîtresse.

Aïe.
  En effet, je comprends mieux la colère d'Alexander. Il doit en vouloir à son père et à Barbara pour sa maman.
Il n'est peut-être pas si mauvais que ça ...

— Christian voulait quitter Helena, mais elle refusait. Elle a menacé de mettre fin à ses jours. Du coup, Christian a pris les mesures nécessaires et il a interné Helena pendant plusieurs mois. Ainsi, il a gardé Alexander mais ça se passait mal. Il faisait des crises de colère, des fugues aussi. Ensuite Helena est devenue plus calme et est retournée chez elle. Elle a pu récupérer son fils.

— Mais quoi, sa mère à Alexander elle ne lui a pas dit de ne pas détester son père ? Après tout c'était une histoire de couple. Elle aurait dû essayé d'arranger les choses entre le père et le fils. Je peux comprendre la situation d'Helena et que cela ait pu affecter Alexander, c'est sa maman après tout. Mais bon, Christian me semble pas être un mauvais père, ni même une mauvaise personne de prime abord.

— Non il ne l'est pas, bien au contraire. Il a toujours voulu ses deux fils auprès de lui. Et quant à sa mère, j'en sais rien. Je sais qu'elle était dépressive à cause de la rupture. Et je ne peux m'empêcher de dire que tout cela est de ma faute.

  Bon dans un sens, on ne peut pas dire qu'être sa maîtresse a facilité les choses. Mais bizarrement, je crois en l'amour. Et je crois que parfois ça nous fait faire des choses pas toujours correctes.

— Je dois avouer, que je peux comprendre Alexander. Mais je peux aussi concevoir que l'amour entre deux personnes peut-être très fort. On peut en oublier sa propre morale.

La pauvre Barbara essuie ses larmes en souriant tristement.

— Merci, tu es vraiment adorable. Je suis désolée de pleurer comme ça.

— Vous avez raison de le faire si vous en ressentez l'envie. Ce n'est pas bon de tout garder pour soi.

Et je sais ce que je dis. Mon passé est toujours présent, il me hante continuellement. Mais heureusement, j'ai Tom, qui est ma béquille. Il me fait voir que la vie n'est pas si moche. Tom est la seconde chance que la vie m'ait offerte. Quand je pensais que j'allais mourrir, au sens propre, comme au figuré, il a été là. Il s'est montré si bienveillant, si pure, que je refuse qu'il se rende compte de la noirceur que je cache au fond de moi. Je refuse de retomber à nouveau.

Barbara me prend dans ses bras. Je suis surprise un moment, puis je lui rends son étreinte.

— Merci ma chérie, vraiment. Je suis contente que Tom ait trouvé une fille aussi belle et gentille que toi.

— Non, c'est moi qui aie de la chance de l'avoir dans ma vie.

*

Finalement, la fin du repas s'est mieux passé que ce que je pensais. Étant donné comment les choses avaient débuté, j'ai craint de ce qui pouvait se passer.
  Mais Alexander n'a pas dit un mot. Quant à moi, j'ai fait connaissance avec les parents de Tom. Ils sont vraiment sympas, ça me fait de la peine de cette situation avec leur fils aîné.

Nous avons tellement discuté que nous n'avons pas vu les heures défilées. Du coup, il m'a été proposé de coucher ici.
  Au début, j'ai refusé poliment, mais Barbara et Christian ont insisté, ainsi que Tom. J'ai donc fini par accepté.

Je me retrouve dans la chambre de Tom, après m'être lavée les dents.

— Je peux emprunter un t-shirt à toi ?

— Évidemment.

— Merci.

J'enfile un t-shirt noir à Tom, et me mets dans son lit.

— Ta maison est vraiment belle.

— Merci.

Tom vient me rejoindre dans le lit, et je sens que quelque chose ne va pas.

— Aller je te connais, dis-moi ce qui ne va pas dans cette petite tête.

— Non rien, c'est juste ... ce connard qui me sert de frère. Je suis désolé que tu aies assisté à tout ça, tu n'avais pas à vivre ça. Il a la fâcheuse tendance à ruiner tous les bons moments.

— Tu as l'air d'avoir beaucoup de colère envers lui, je me trompe ?

— Et c'est rien de le dire. Je ne le supporte plus.

Je comprends Tom, mais j'avoue que je suis surprise de sa réaction. Ce qui m'a plu chez lui, hormis son joli physique, était son caractère bienveillant. Et là, j'ai l'impression de ne pas le reconnaître.

— Je te comprends Tom, ton frère est ... impulsif et colérique. Mais ... tu sais j'ai discuté avec ta maman. Elle s'est confiée à moi. Je pense qu'il a aussi ses raisons d'agir comme ça.

— Attends, quoi ? Je rêve ou tu défends ce type ?

— Tom, ce type comme tu l'appelles, c'est ton frère.

— Oui, et je dois vivre avec ce fardeau jusqu'à la fin de mes jours.

Je n'arrive pas à croire que ces paroles que je viens d'entendre, sortent de la bouche de Tom. J'ai l'impression d'être face à une nouvelle personne.
Une personne que je n'apprécie pas.

Relation dangereuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant