Chapitre 4

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Je ne pensais pas qu'en une journée, tant de choses pouvaient se passer. Il y a eu tellement de disputes.
La veille, quand je suis retournée dans la chambre de Tom, il a voulu discuter mais je lui ai dit qu'on en reparlerait le lendemain. Après mon engueulade avec Alexander, je n'étais pas d'humeur à avoir une quelconque discussion avec lui. Je n'avais pas non plus envie de dire un mot qui dépasse mes pensées.

— Sydney, on peut parler ?

Je n'en ai pas envie. Déjà que le matin, je ne suis pas forcément dans un bon mood mais avec ce qu'il s'est passé avec lui puis son frère, mon humeur est mis à rude épreuve aujourd'hui.

— Je t'écoute.

— J'aimerais savoir pourquoi t'as réagis comme ça hier soir ? Je pensais qu'en plus, en prenant l'air, tu allais aller mieux et qu'on parlerait. Mais tu semblais encore plus énervée.

— Je dois t'avouer qu'une nuit passée ici, et j'en ai déjà assez des frères McKnight.

— Attends c'est toi qui défendais mon frère hier soir, et là tu dis que tu en as aussi marre de lui ?

Évidemment je ne lui ai pas parlé de notre échange tumultueux, donc il ne se doute pas qu'à lui non plus, je n'ai pas envie de lui adresser la parole.

— Je disais ça comme ça.

— Écoute j'ai envie de savoir pourquoi tu t'es mis dans cet état hier.

— Parce que je ne pensais que la personne que je fréquentais pouvait se montrer aussi égoïste et indifférent à une telle situation. Je t'ai toujours mis sur un piédestal en pensant que tu étais bienveillant, mais la nuit dernière tu étais ... une autre personne, vraiment infecte. Je t'ai jamais vu comme ça, ni même entendu parler comme ça. Tu juges ton propre frère sans te soucier de ce qu'il ressent. J'avoue il agit comme un connard, mais c'est la seule façon d'exprimer ce qu'il ressent tu vois. Je ne dis pas que ce qu'il fait c'est bien, je dis que je le comprends. Peut-être ce dont qu'il a besoin c'est de se sentir compris et écouter. Mais au lieu de ça, toi tu le juges. Alors que c'est ton frère, je n'ose même pas imaginer ce que tu peux penser de moi.

— Attends attends attends, tu veux ! Pourquoi tu parles de toi tout à coup ?

— Mais parce que ! Imagine qu'un jour t'apprends un truc sur moi, sur mon passé, tu vas aussi me juger comme tu le fais avec ton frère ? Tu ne vas pas essayer de me comprendre ?

— Je ne comprends pas comment on peut passer de mon frère à toi. Et toi tu n'es pas mon frère, tu es quelqu'un de bien. Jamais je ne vais penser mal sur toi.

Je finis malgré moi par ricaner. Oui c'est vrai j'ai toujours fait que Tom me voir comme une fille bien. Mais maintenant, je regrette. Quand je le vois agir aussi crûment avec son frère, j'avoue craindre de ce qu'il pensera de moi s'il apprend la réalité sur mon passé, ce que j'ai vécu, ce que j'ai dû faire pour m'en sortir.

— Ouais, je suis la petite amie parfaite, qui n'a pas de failles.

— Mais quoi, qu'est-ce qui t'arrives d'un coup ? J'avoue que je suis perdu.

— Rien, laisse. Ne tardons pas, allons déjeuner avec ta famille. Après quoi, je rentre chez moi.

Je me précipite presque vers la sortie pour éviter d'entendre une parole de plus de la part de Tom, ce que je veux c'est partir d'ici, et rapidement.

*

Enfin, je suis de retour chez moi. Tout le long du déjeuner, j'avais senti le regard d'Alexander sur moi. D'ailleurs, ça m'a étonné qu'il soit à table, sans avoir bronché. Il nous a même salué, de manière froide, certes, mais il l'a fait.
  Il a ensuite débarrassé en silence. J'ai vu l'étonnement et l'incompréhension sur tous les visages.
  Et sur le mien aussi.

J'ai laissé Tom me raccompagner même si au début je ne voulais pas trop. Je suis encore fâchée avec lui, mais je n'ai pas non plus envie de trop le repousser. Je ne voulais pas non plus me donner en spectacle devant sa famille.

Heureusement que j'ai mon travail qui me permet de couper avec mes pensées. Je travaille en tant que vendeuse dans une boutique de luxe. C'est presque ironique quand on voit le paradoxe entre mon travail actuelle et ma vie antérieure, qui n'a rien de luxueuse.

Alors que je suis dans mes pensées, j'entends sonner à la porte.

— Qui ça peut être ?

Je parle à voix haute, me demander qui peut sonner à vingt-trois heures. Je me dis que ça ne peut qu'être Tom.
Mais quand j'ouvre, je suis surprise de savoir qu'il s'agit bien d'un McKnight.
  Mais il s'agit de son frère.

— Alexander ?

— Je peux entrer ?

Euh, mais je rêve là ? Ce n'est pas possible, il ne peut pas être ici, devant l'entrée de la porte.

— Qu'est-ce que tu fiches ici ? C'est Tom qui t'a donné l'adresse ?

— Ouais ..., enfin ... non. Je vous ai suivi quand il t'a raccompagné.

— D'accord, ce n'est pas du tout flippant.

— C'est bon, je ne suis pas un psychopathe non plus.

— Non, c'est vrai que suivre les gens c'est normal.

— Bon tu me laisses entrer ?

— Pour quelle raison je ferais ça ?

— Il faut qu'on parle.

— Moi je n'ai rien à te dire.

Je m'apprête à fermer la porte mais Alexander la pousse avec sa main, sans la moindre petit difficulté. Et il entre.

— C'est mignon chez toi.

— Il est vraiment clair que toi et moi n'allons jamais être amis. T'es vraiment un type grossier et sans gêne.

— C'est vrai.

Je suis en plein rêve, ou alors je suis droguée ? Ce type vient d'avouer que j'ai raison.

— Tu avoues ?

— Ouais, ça t'étonne ?

— Honnêtement ? Oui. Je ne pensais que ... tu allais me donner raison.

— Peut-être que tu devrais arrêter de juger sans connaître, répond Alexander en ricanant.

Il me dit ça exprès, en référence à ce que je lui ai dit la veille.

— Sérieusement tu veux quoi ?

— Je t'ai dit, qu'on parle.

— Mais qu'est-ce qu'on aurait à se dire ?

Alexander ne me répond pas. Il me fixe tel un prédateur prêt à bondir sur sa proie. Il s'avance pas à pas vers moi.
Et je ne bouge pas. Je suis comme terrifiée. Il se rapproche de moi, et comme la veille, je sens son souffle. Mais cette fois, ça n'empeste pas l'alcool. Ça sent ... lui.

— Et toi brunette, qu'est-ce qu'on aurait à se dire, selon toi ?

Relation dangereuse Où les histoires vivent. Découvrez maintenant